Il est l’un des guinéens les plus anciens et les mieux placés (bien que l’intéressé s’en encombre par modestie) dans l’un des organismes du système des nations unies, à l’occurrence l’UNHCR.
Mamady Fatta Kourouma, c’est bien de lui qu’il s’agit, sous délégué de cette institution au Cameroun. Il vient d’être gratifié par celle-là, d’un satisfecit qui couronne ses vingt années bien sonnées passées au sein de ladite institution.
Ce guinéen honoré par cette haute distinction, de retour au bercail pour des raisons autres que professionnelles, a bien voulu accorder à un groupe de médias dont le nôtre, une interview où il retrace son parcours, sa vie de fonctionnaire international, et aussi bien sa perception de la situation guinéenne, qui d’après lui, est meilleure
Lisez !!!
La situation globale du HCR
Actuellement, le monde est débordé par différentes crises dont celles en Syrie, au Yémen, en RDC, qui perdurent, au Mali et celle de tout le nord de l’Afrique. Moi j’ai la chance de gérer la partie septentrionale du Cameroun notamment la crise nigériane avec le cas de Boko Haram. C’est pour dire, que le HCR est non seulement compétent pour la gestion des réfugiés mais aussi des déplacés ou les apatrides dans le but de les rapatrier
La Guinée, pays de non guerre, compte par contre, plus de demandeurs d’asile.
Cela est une situation interne et qui n’est pas propre à la Guinée seulement. Ce n’est une mal gouvernance, mais plutôt une situation de crise généralisée.
Il faut reconnaître que depuis 1990, il y a eu beaucoup d’apports et d’assistance de la part des gouvernements au niveau de l’Afrique en général.
L’Europe est devenue une métropole qui attire la jeunesse surtout avec les crises en Afrique, mais aussi le manque d’emploi.
Pour le HCR, nous avons catégorisé nos assistances, pour connaître réellement les réfugiés. Le cas libyen est un cas spécifique parce que ce sont les migrants économiques qui quittent leurs pays pour se rendre dans un autre pays, donc ce sont des situations qu’il faut étudier au cas par cas afin de déterminer qui est réfugié et qui ne l’est pas.
Sa promotion au HCR et ses projets futurs
Je me réjouis de cette promotion et je remercie Dieu de m’avoir permis de passer 20 ans au sein de cette institution.
Nous sommes les fruits de ce pays, si mon pays me tend la main un jour pour le servir, pourquoi ne pas venir apporter mon expérience, car le plus important, c’est la Guinée. Quel que soit le temps que je passerais dans les autres pays, cela ne fera pas de moi ressortissant de ce pays.
Situation socio-politiques de la Guinée : « la Guinée est en marche »
Je ne peux pas me déterminer en tant que fonctionnaire international. Mais en tant que guinéen, je dirai que la Guinée est en marche et cette marche devrait être accompagnée par tous les enfants de la Guinée.
Pour ceux qui ont connu notre pays pendant les 26 ou les 30 dernières années, je crois qu’il y a une nette amélioration. Le problème, c’est comment associer cela à la volonté de l’ensemble de la population pour qu’elle sache qu’on doit marcher ensemble.
J’ai eu la chance d’aller à Forécariah en passant par Mafrinya jusqu’à Kindia, j’ai vu que l’agriculture renaît à nouveau, l’espoir aussi renaît et les gens commencent à se mouvoir par leurs propres moyens et leurs propres possibilités.
Un exemple en 2011, j’avais du mal à atteindre Macenta. Mais cette année, je peux dire que maintenant on peut aller à Macenta sans trop de difficultés.
Moi je crois que nous sommes en marche et cela ne peut demeurer que quand on conjugue ensemble nos efforts.
Sur la question de la frustration de la population, je crois qu’il faut être à l’écoute du peuple, de tous les bords, pour connaître leurs problèmes. Il faut aller leur demander partout et organiser des discussions par tranche d’âge. De discussions en discussions, on peut trouver des approches de solution.
Présidence guinéenne de l’union Africaine : « c’est l’une des meilleures présidences »
C’est l’une des meilleures présidences qu’on n’a pas connues ailleurs. Le Président s’est vraiment investi, ne serait-ce que de dire, que l’Afrique est prête à financer elle-même l’union Africaine. C’est un challenge important pour nous. Pour résoudre nos crises par nous-mêmes. L’émergence de l’entreprenariat Africain, des entreprises africaines, il en a fait un cheval de bataille et il le dit partout.
Propos recueillis par ML Cissé