La mouvance présidentielle est-elle favorable à un report des élections législatives ? Quelles pistes de solution pour régler le contentieux électoral ? Dans cet entretien, le président du groupe parlementaire RPG arc-en-ciel donne la position de sa mouvance politique sur ces questions brûlant de l’actualité. Il explique également pourquoi le Gouvernement devrait installer les conseils communaux qui ne font objet de litige.
AFRICAGUINEE.COM : HONORABLE AMADOU DAMARO CAMARA, quelles approches de solutions la mouvance présidentielle préconise-t-elle autour du contentieux électoral ?
AMADOU DAMARO CAMARA : Pour nous, il n’y a pas lieu d’avoir une crise. Même si elle s’est installée. Donc, il y a une Loi électorale qui définit la méthode et les voies à suivre quand on a des contentieux électoraux. La CENI (Commission électorale nationale indépendante, Ndlr) peut en évacuer, les magistrats peuvent en évacuer. Quand ces deux instances se sont prononcés sur un résultat, mais que le Chef de l’Etat avec ses différentes rencontres avec le chef de file de l’opposition, moi-même avec le président de l’UFR, qu’on renvoie au niveau du comité de suivi pour réfléchir là-dessus (…), hier nous avons mis en place une commission composée de deux membres par entité politique et civile pour que l’on réfléchisse là-dessus. J’avoue que nous n’avons pas de solutions miracles.
Nous avons une autre rencontre, nous allons échanger, écouter les uns et les autres et nous allons nous prononcer sur ce qui nous sera proposé. Mais à priori nous n’avons pas de position figée, nous ne dirons pas aussi que nous avons une position changeante. Nous sommes ouverts à n’importe quelle proposition qui nous sera faite.
Quelle proposition allez-vous faire ?
Je réserve ça au comité de suivi et à cette commission qui a été mise en place. C’est pourquoi on n’a même pas voulu que ce soit discuté en plénière de la commission. On a mis quelques personnes assez représentatives des entités pour qu’on en discute à huis-clos.
Quelles pistes de solutions dans les quartiers où les Procès-verbaux ont été annulés ?
Ce sont les insuffisances de notre code électoral qui étaient prévisibles et qui ont été dénoncées à l’époque. Au nom de la paix, de la stabilité, on nous a imposé de les accepter. Aujourd’hui, on n’a ni paix, ni paix stabilité et la Loi a été violée. Il faut qu’à un moment donné, on se ressaisisse et qu’on revienne au strict respect de la Loi. Ce mode de scrutin n’existe nulle part dans le monde, ni dans la sous-région. On l’a imposé parce que c’était ça le bon vouloir de l’opposition en ce moment au nom de la paix et de la stabilité.
La question est comment avoir des exécutifs locaux dans ces quartiers et districts ?
Il faut revenir au respect de la Loi et éventuellement à l’amendement du code électoral et se rassurer qu’il n’a pas fonctionné et avoir le courage d’amender les parties qui ne peuvent pas marcher.
Cette approche pourrait être possible pour les élections futures, mais pas pour les élections communales passées…
On va trouver des solutions politiques.
La CENI a fait un exposé dans lequel elle a prévenu que l’audit du fichier électoral tel que prévu dans les accords engendrerait un report des élections législatives. Envisagez-vous une autre alternative pour éviter le report de cette élection ?
Nous avons mis des délais pour la révision du fichier électoral, nous avons mis des délais dans l’accord politique sans se référer aux techniciens. Nous avons la manie de n’apporter que des solutions politiques à tous les problèmes qu’ils soient financiers ou logistiques. Ensuite il fallait établir un cahier de charges. Les politiques se sont chargés de son établissement. Nous avons mis tellement de conditions politiques dedans qu’aucun cabinet au monde n’a pu soumissionner pour remplir toutes les conditions exigées par les politiques en Guinée. Voilà ce qui s’est passé.
Aujourd’hui la CENI nous a fait comprendre, pour qu’on arrive à des élections, il faut qu’on fasse l’audit comme vous l’exigez. Et voici ce qu’il faut pour l’audit. Après cet audit, voici ce qu’il faut pour la révision. Et on est vers juillet-septembre 2019.
Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir une assemblée hors mandat, d’avoir une CENI dont le mandat se termine en 2019 hors mandat et vouloir organiser des élections. Donc, il va falloir qu’on se retrouve et qu’on trouve des solutions techniques, peu politiques pour pouvoir revisiter le fichier et aller à ces élections qui sont absolument nécessaires. Nous de la mouvance, nous tenons à ce que ces élections aient lieu à date. Il n’y aura pas d’accord sur ça. Ce sera technique. Parce que c’est l’accord qui va nous amener hors mandat. On sera donc obligé de revenir à la réalité et à la Loi.
Le ministre Boureima Condé a émis le souhait de vouloir installer les maires dont l’élection ne souffre pas de contestation. Êtes-vous d’accord ?
A ce niveau je crois qu’il y a eu une totale incompréhension à mon niveau. Je ne crois pas et je ne suis pas sûr qu’on doit demander la volonté d’un parti politique d’installer les communes là où il n’y a pas eu de problèmes. Les réalités ne sont pas les mêmes. Ce n’est pas parce qu’il y a des problèmes à Dixinn, alors qu’il n’y en a pas à Yomou qu’on doit empêcher les conseillers de Yomou d’être installés pour commencer à travailler pour leur commune tout simplement parce qu’on ne s’entend pas Dixinn. Ce n’est pas une élection nationale. Qu’on ne soit pas d’accord à Dixinn et que Labé, Koundara ou Macenta soient pénalisés, pour moi ce n’est pas normal.
Moi j’ai cru hier que le ministre l’annonçait. Je n’étais pas sûr qu’il doit avoir l’avis de quelqu’un s’il doit le faire ou pas. C’est ça la Loi. Quand les résultats sont proclamés dans une circonscription indépendante des autres, les voix ou les PV de Macenta n’ont rien à voir avec les PV d’une autre commune. Cela se passe dans toutes les démocraties. Qu’il y ait des problèmes dans une circonscription, on peut reprendre les élections dans cette circonscription. Mais là où il n’y a pas de problème, ça doit fonctionner.
J’ai été surpris qu’on dise que tels sont d’accord, tels ne le sont pas. Pour nous c’était une annonce. Quand il n’y a pas du tout de contentieux, qu’est-ce qui doit empêcher les conseillers de cette partie d’être installés. Rien.
Pensez-vous que le ministre Boureima Condé a manqué de fermeté ?
J’ai été surpris qu’il nous demande notre avis. Je croyais franchement qu’il nous annonçait.
Entretien réalisé par Diallo Boubacar 1
Pour Africaguinee.com