Par méconnaissance et médisance, on dit souvent d’une femme qui enchaîne les relations sexuelles qu’elle est « nympho ». Sous-entendu : « Elle aime faire l’amour, beaucoup et souvent ». Mais quelle réalité se cache derrière ce terme souvent employé à tort et à travers ? Et quels signes montrent qu’une personne est vraiment atteinte de nymphomanie ?
La nymphomanie : une maladie féminine
Issu du terme médical « nymphe » (les petites lèvres de la vulve) et du grec « mania » (la folie), la nymphomanie ne concerne que les femmes. Chez les hommes, le terme employé est satyriasis. « La nymphomanie, appelée désormais hypersexualité, est un dérèglement de l’appétit érotique chez la femme qui se traduit par une excitation pathologique », décrit Isabelle Braun-Lestrat, psychologue et sexologue clinicienne, vice-présidente du Syndicat national des sexologues cliniciens. Il s’agit donc d’une maladie qui peut entraîner souffrance, dépression et isolement.
Faire l’amour : une obsession de tous les instants
« Une femme qui a envie d’avoir trois relations sexuelles par jour, et ce, de manière récurrente, peut être nymphomane ». Car une personne atteinte de nymphomanie n’a qu’une obsession : assouvir ses besoins sexuels, que ce soit en faisant très régulièrement l’amour et/ou en changeant souvent de partenaires. « Il y a une grande différence entre cette névrose obsessionnelle et une envie fréquente de faire l’amour ». Mais elle n’arrivera pas à être satisfaite et n’aura de cesse d’y penser, à l’instar des boulimiques qui ont des envies fréquentes et compulsives de nourriture.
Après l’amour : une tension sexuelle physique omniprésente
Après avoir fait l’amour, une femme qui a un appétit sexuel important se sent bien tandis qu’une véritable nymphomane n’arrive pas se sentir satisfaite d’un point de vue psychique comme physique. Une fois l’orgasme atteint, la tension sexuelle physique reste présente et pour combler cette frustration, la personne n’aura qu’une envie : recommencer. Car le plaisir ultime ne provoquera pas chez elle un sentiment de satisfaction ou de libération. Elle continuera à éprouver une réelle tension au niveau du sexe, qui se traduit par des sécrétions vaginales importantes et des pulsions physiques.
La masturbation : le plus souvent possible
Les personnes nymphomanes se masturbent également de manière très fréquente lorsqu’elles sont dans l’impossibilité d’avoir une relation sexuelle, dans l’optique de calmer pensées obsessionnelles et envies physiques. Elles peuvent aussi utiliser des sex-toys leur permettant d’assouvir leur désir. « Mais la masturbation ne leur permet pas non plus d’être satisfaites, car selon leurs fantasmes, seul le sexe de l’homme pourra les rendre entières et leur permettra d’atténuer cette tension physique et psychique », assure Isabelle Braun-Lestrat.
Se soigner de la nymphomanie ?
Toutes ne le vivent pas mal et ne ressentent pas le besoin de se faire soigner. « Si une nymphomane tombe sur un homme hypersexué et qu’ils ont assez d’énergie pour avoir des relations sexuelles très fréquentes, alors il n’y a pas de soucis particulier, constate Isabelle Braun-Lestrat. Mais si cette maladie l’isole socialement et lui donne une mauvaise image d’elle, ce qui peut la pousser à la dépression, il faut mieux consulter un psychologue-sexologue ». Si seule la psychothérapie peut aider à sortir de cette névrose obsessionnelle, ses conséquences (dépression, angoisses) peuvent toutefois être soulagées par un traitement médicamenteux.