L’ancien président du Zimbabwe est « invité » par le Parlement pour s’expliquer sur la disparition de 15 milliards de dollars de revenus diamantifères. D’autres ministres et anciens proches de Robert Mugabe ont déjà été sommés ces derniers mois de répondre de ces soupçons de détournements de fonds.
C’est une première au Zimbabwe. L’ancien président Robert Mugabe est cité à comparaître devant le Parlement le 9 mai. « Le comité s’est rencontré [jeudi 19 avril] et a décidé d’inviter l’ancien président Mugabe pour s’expliquer sur la disparition de diamants d’une valeur de 15 milliards de dollars », a annoncé vendredi Temba Mliswa, le président du comité parlementaire en charge des Mines et de l’Énergie, cité par le journal d’État Herald.
Robert Mugabe, qui dirigeait le Zimbabwe depuis l’indépendance du pays en 1980, a été contraint en novembre à quitter le pouvoir sous la pression de l’armée, de la rue et de son parti, la Zanu-PF, toujours au pouvoir. L’ancien homme fort du pays, qui bénéficie d’une retraite dorée, a laissé un Zimbabwe en proie à une profonde crise économique.
Les députés veulent l’interroger sur des propos tenus en 2016, dans lesquels il regrettait que son pays avait perdu 15 milliards de dollars de revenus diamantifères à cause de la corruption et de l’évasion des capitaux pratiquée par les compagnies minières étrangères.
Plusieurs ministres déjà convoqués
La commission du Parlement chargée de ce dossier a déjà sommé plusieurs personnalités de l’ancienne administration Mugabe de venir témoigner. Parmi elles le ministre des Affaires intérieures, Obert Mpofu ; l’ancien ministre de la Sécurité d’État, Didymus Mutasa ou encore l’ex-ministre des Finances, Ignatius Chombo.
Dans un rapport publié l’an dernier, l’ONG Global Witness avait accusé les dirigeants du Zimbabwe d’avoir détourné pendant des années les profits tirés de l’exploitation du diamant pour financer la répression de leurs adversaires politiques.
Selon Global Witness, les services secrets zimbabwéens (Organisation centrale de renseignement, CIO) ont ainsi détenu discrètement une partie du capital d’une entreprise qui extrait des diamants dans la mine de Marange (est). Le Zimbabwe, un des dix plus gros producteurs mondiaux de diamants, n’a jamais publié de statistiques jugées crédibles de ses activités diamantifères, qui ont débuté en 2006.