Des membres d’une commission dite d’enquête administrative sur l’affaire Getma international, l’ancien DG du Port Autonome de Conakry, Sory Camara, l’ancien Agent judiciaire de l’Etat, Me Jean Alfred Matos et l’ancien Secrétaire Général à la présidence de la République, Alpha Ibrahima Keira, étaient face à la presse jeudi. Ils ont tenu à expliquer le processus qui a abouti à la résiliation du contrat entre l’Etat guinéen et la société Getma International au profit d’une convention signée avec le groupe Bolloré.
C’est quand Getma International a porté plainte et remporté le procès contre la Guinée à l’international, que le Président Condé a mis en place cette commission présidée par l’actuel Conseiller à la Présidence chargé des relations avec les institutions.
Celle-ci dit avoir travaillé sur l’octroi du contrat à Getma et constaté de nombreux manquements non seulement au moment de l’attribution dudit contrat, parce que Getma aurait menti sur sa capacité financière et son expérience, mais aussi dans le respect des obligations contractuelles, parce qu’elle n’aurait pas investi comme cela avait été conclu.
« On a marqué notre préoccupation dès le départ, on a dit que ça ne pouvait pas nous emmener loin, nous souhaiterions que cette convention soit arrêtée. Malheureusement, on n’a pas été entendu. Mais la réalité des faits nous a donné raison. La convention de Getma International a été signée le 22 septembre 2008, jusqu’en janvier 2011, aucun investissement n’a été opéré », a déploré l’ancien DG du Port Autonome de Conakry, Sory Camara, qui a pris part à la conférence de presse.
Alpha Condé n’est pas mêlé au processus de «marchandage »
Vincent Bolloré, patron du groupe Bolloré, est accusé de corruption d’agents publics dans l’obtention de concessions portuaires à Conakry et au Togo. Pour le cas de la Guinée, l’homme d’affaire aurait aidé Alpha Condé à devenir Président de la République. Ce dernier, peu après son accession au pouvoir, aurait « donné » une concession portuaire à son ami, comme il l’a dit lui-même dans un journal français. « A aucun moment des négociations, ou du processus de marchandage il (Alpha Condé Ndlr) n’a été mêlé ni de près ni de loin« , nie Alpha Ibrahima Keïra lors de la conférence de presse.
« La loi dispose que lorsque vous avez un appel d’offres et que pendant les négociations, vous n’aboutissez pas à un résultat positif dans le cadre de vos pourparlers avec l’adjudicateur, vous êtes emmenés à vous rabattre sur le second, ainsi de suite. Et après la signature de la convention, deux ans et demis, le co-contractant de la partie guinéenne, qui n’est autre que l’administration du Port Autonome de Conakry, a constaté que le co-contractant a failli à ses obligations contractuelles conformément au cahier de charges. Après une mise en demeure, il a été demandé de convoquer une séance extraordinaire du conseil d’administration. Toutes ces démarches ont été engagées bien avant l’arrivée au pouvoir du président de la République (Alpha Condé Ndlr), il a pris le bateau en marche. Le Conseil d’administration, après avoir débattu de manière contradictoire, a soumis un projet de décret à l’autorité de M. le président de la République, qui n’est autre aujourd’hui que le Président Alpha Condé, qui, conformément à son pouvoir constitutionnel, a été emmené à pouvoir à ce qui lui appartenait normalement », renchérit Alpha Ibrahima Keïra.
Bolloré n’a pas tout le port de Conakry
L’autre « précision » que les conférenciers ont voulu faire, c’est que Bolloré n’a pas une concession sur tout le port de Conakry. «Bolloré a une concession sur une partie du port de Conakry. Il ne faut pas oublier que le port est un endroit stratégique. On ne peut pas concéder tout le port de Conakry, c’est une frontière internationale», a déclaré Alpha Ibrahima Keïra, ancien Secrétaire général à la Présidence de la République et actuel membre du parti au pouvoir.
Thierno Amadou M’Bonet Camara