Le Fonds monétaire international prévoit 3,7 % de croissance en Afrique subsaharienne pour l’année 2018, après 3,4 % en 2017. S’inquiétant de la hausse des vulnérabilités économiques dans un contexte de progression de l’endettement public, l’institution internationale recommande aux pays africains de mieux maîtriser leurs budgets, d’améliorer la collecte de l’impôt et de créer un cadre favorable à l’investissement.
Ce sont des « Perspectives économiques » pour l’Afrique subsaharienne en demi-teinte que le Fonds monétaire international (FMI) a publiées, mardi 8 mai. Globalement les 45 pays de la zone connaissent une « accélération modeste » de leur croissance.
Redressement du cours des matières premières
Il est incontestable que le trou d’air (+1,4 %) de 2015 appartient au passé, puisque les économies africaines ont progressé en moyenne de 2,8 % en 2016, 3,4 % en 2017 et que le Fonds leur prédit 3,7 % en 2018.
Ce mieux est dû au redressement des cours des matières premières et à une accélération de la croissance mondiale dont profite une Afrique subsaharienne qui a amélioré son accès aux marchés.
Mais le Fonds s’empresse de calmer l’euphorie qui pourrait naître de cette amélioration, car tous les pays ne profitent pas également d’un regain conjoncturel.
Les exportateurs de pétrole devraient croître lentement à l’image du Congo (+0,7 % en 2018), de l’Angola (+2 %) ou du Gabon (+2,7 %), alors que des pays non exportateurs de pétrole connaîtront un regain d’activité comme l’Éthiopie (+8,5 %), la Côte d’Ivoire (+7,4 %), le Sénégal (+7 %) et la Tanzanie (+6,4 %).
Si l’étonnement vient de l’atonie persistante chez les deux mastodontes du continent que sont le Nigeria (+2,1 %) et l’Afrique du Sud (+1,5 %), c’est sans surprise que l’on constate les ravages des conflits au Burundi (+0,1 %) et surtout au Soudan du Sud (-3,8 %).
Vulnérabilités économiques
Abebe Aemro Sélassié, directeur du département Afrique du FMI, met donc les points sur les « i » pour ceux qui n’auraient pas compris le message : « Les vulnérabilités économiques sont en hausse dans de nombreux pays qui tardent à assainir leurs finances publiques, déclare-t-il. Sur les 35 pays à faible revenu de la région, 15 sont aujourd’hui en surendettement ou risquent fortement de le devenir ».
Il estime que la forte hausse du service de la dette qui en est résulté dévore des ressources qui font défaut à la santé, à l’éducation et aux infrastructures.
Et comme la conjoncture mondiale a toutes les chances de mollir en même temps que les taux d’intérêt vont monter dans le sillage du durcissement de la politique monétaire américaine, il ne faut pas que l’Afrique subsaharienne s’attende à ce que sa croissance annuelle dépasse 4% à moyen terme et la croissance par tête, 1%. « Ce qui est insuffisant pour que les pays parviennent à réaliser leurs objectifs de développement durable », conclut Abebe Aemro Sélassié.
Maîtriser les budgets, accroître les recettes, attirer les investisseurs
Les remèdes avancés par le FMI sont connus. En premier lieu, l’intitution préconise que les gouvernements maîtrisent leur budget pour éviter une augmentation de la dette publique.
Ensuite, il conviendrait de mieux faire rentrer l’impôt qui pourrait apporter entre 3% et 5% supplémentaires au produit intérieur brut (PIB), un apport particulièrement précieux pour dégager des moyens pour les infrastructures et pour les dépenses en faveur des plus démunis.
Enfin, selon le FMI, des réformes s’imposent pour attirer l’investissement privé seul capable de créer les emplois nécessaires à l’immense jeunesse africaine, notamment en stimulant les échanges intra-africains et en développant l’accès au crédit. Autrement dit, pas question de relâcher la vigilance et les efforts.