Monsieur le Premier Ministre,
Je vous écris suite au manque d’estime et d’égard que la non nomination d’un ministre de l’élevage a conféré à ce département du fait du présumé refus de certains d’occuper cette fonction au motif qu’elle serait moins importante par rapport aux autres ministères.
Monsieur,
Votre nomination au poste de Premier Ministre a suscité sentiments d’espoir chez certains guinéens, d’inquiétude chez d’autres et pour un troisième groupe, une légère impression de déjà-vu.
Monsieur le Premier ministre félicitation pour la confiance placée en vous par le chef de l’état pour la nomination à une telle position.
Monsieur,
En république sœur du Mali, le secteur de l’élevage a contribué à hauteur de 8,5% à la formation du PIB (2007) soit plus de 680.000.000 Euro (l’équivalent de la contrepartie annuelle de l’accord avec la CHINE) ; un PIB évalué alors à 8 milliards d’EURO (AFD). Il représente le troisième poste d’exportation du pays, essentiellement du bétail vendu sur pieds. Le cheptel était estimé en 2008 à 8,4 Millions de bovins, 10,2 Millions d’ovins, 14, 3 Millions de caprins, 1,2 Millions d’équidés (400.000 chevaux et 826.000 ânes), 73.000 porcins, 870.000 camélidés et 34 Millions de volailles avec une commercialisation de 400 Millions d’œufs et 2.500 t de chair/an.
L’essentiel de cette activité est réalisé grâce aux eaux du fleuve Niger ; fleuve qui a sa source en république de GUINEE et qui au passage constitue pour le Mali, pays semi désertique le principal cours d’eau.
Excellence Monsieur le Premier Ministre, le Secteur agro pastoral occupe plus de 60 % de nos compatriotes et revêt en plus de son caractère séculaire une importance capitale pour le développement Harmonieux de notre pays.
En République de Côte d’Ivoire, pays que vous avez promis de dépasser en termes d’indice de croissance économique d’ici 2020, l’élevage constitue une activité importante, plus de 5% du PIB soit plus d’1 milliards 600 millions de Dollars (25% du PIB de la Guinée) et concerne un grand nombre d’acteurs, soit plus de 360.000 exploitants.
Il n’est donc pas étonnant de voir les efforts d’investissements déployés par le Ministère Ivoirien en charge de l’élevage pour le développement du secteur.
En Guinée, dans le cadre d’une politique nationale de promotion de l’élevage, qui prendrait en compte l’essentiel de notre potentiel foncier et hydrique, en comparaison avec le Niger qui tire jusqu’à 14 % de son PIB de la production de bétail et ce dans des conditions de sècheresse avancées, pourrait présenter des opportunités d’investissement, non seulement dans l’industrie de transformation de la chaire animale, et des produits laitiers, mais aussi dans le développement des infrastructures nécessaires à la distribution locale et internationale, sans oublier son apport en engrais naturel respectueux de l’environnement pour le développement de notre agriculture.
A terme, la Guinée pourrait compter parmi les pays faisant office de FERME et de GRENIER de l’Afrique occidentale.
L’impact d’une telle politique en termes d’emploi, de richesse et donc de croissance économique ne peut être négligé au point de l’oublier ou de le reléguer au rang inférieur le Ministère en charge de ce secteur.
En France, Le constat résultant des travaux d’une mission effectuée au nom de la commission des affaires économiques, déposé le 7 novembre 2002, est que l’élevage constitue un enjeu territorial déterminant pour la cohésion spatiale de la France. La fragilisation structurelle de la filière de l’élevage (……), est susceptible d’amener à des bouleversements économiques, environnementaux et sociaux dont l’ampleur demeure, jusqu’ici, encore insoupçonnée. (Rapport d’information n° 57 (2002-2003) de M. Gérard BAILLY.
Pourvoyeur de richesses pouvant employer des centaines de Milliers de Jeunes Guinéens, notre agro-élevage doit être au centre de notre politique nationale de développement.
Monsieur le Premier ministre, s’il m’était échu la possibilité de penser et d’exécuter une politique nationale de l’élevage, je serais fortement interpelé par :
- L’apport de l’élevage dans le PIB des pays de la sous-région qui équivaut au quota annuel d’un Milliard de $ américain qui est prévu dans l’accord de financement entre la Guinée et la Chine.
- La nécessité de réduire notre dépendance aux mines dont l’impact dans la vie des Guinéens se traduit plus par la pollution des points d’eau et de l’environnement que par l’amélioration de leurs conditions de vie.
- La possibilité de création de richesse à partir de nos collectivités locales.
Or, en Guinée, la quasi-totalité de notre consommation en protéine animale et produits laitiers est d’origine étrangère.
Pour faire face à cette problématique et relever les défis du nouveau millénaire (accroissement de la population mondiale, montée des eaux, changement Climatique, sécheresse, diminution des terres arables) nous nous devons de repenser et de réorienter notre politique nationale de développement dans les secteurs porteurs de croissance et pouvant améliorer notre solde commercial.
De ce fait à l’instar des pays de la sous-région, la Guinée sous l’impulsion de son exécutif doit sans tarder rouvrir le front de la lutte contre la pauvreté qui passe nécessairement par le choix d’hommes et de femmes devant mener à bien cette politique.
En espérant que ma lettre attire votre attention, veuillez excellence Monsieur le Premier Ministre, procéder à la proposition de l’Homme devant être nommé au poste de Ministre de l’élevage.
BAH Mamadou Bobo