Tout comme moi, nombreux sont ceux qui ont été pris de surprise, cette semaine. Nous l’avons vraiment été, en apprenant la révocation de deux directeurs de régies financières publiques. Alors, pourquoi avons-nous été étonnés ? Deux raisons fondamentales expliquent ce sentiment de surprise.
Premièrement, d’une manière générale, depuis l’avènement de Condé aux affaires, aucun cadre indélicat n’a été inquiété et poursuivis malgré moult dénonciations portées par des journalistes sur des soupçons de détournements. Tout comme d’ailleurs cela n’eut été point sous Conté.
Dans un pays où les croyances les plus partagées estiment les politiques corrompus, il y a bien une raison que s’en étonnent les populations. La deuxième explication est fortement liée à une certaine opinion rétive quant à la volonté et la capacité du nouveau premier ministre, à assainir et moraliser les finances publiques. Elle est, entre autres, la conséquence d’une appréhension générale qu’ont les guinéens d’anciens dignitaires du régime Conté.
Ce double sentiment, est justement, ce qui, en principe, servirait de levier au gouvernement d’une manière générale et en particulier, au premier ministre, à s’inscrire dans une dynamique qui plaide en faveur d’une orthodoxie financière. Quelques semaines avant sa nomination, le premier ministre se plaçait comme le seul efficient rempart à la corruption et aux comportements délictueux. On saurait croire que cet engagement ait sérieusement prévalu à sa désignation. Dans un contexte où les performances économiques vantées sont présentées comme de son actif, il y a bien plus qu’une opportunité pour lui, de prouver, qu’il mérite bien l’espoir des guinéens et la confiance du président.
Par ailleurs, l’essor politique de Kassory Fofana est maintenant strictement lié aux résultats qu’il saurait réaliser dans le cadre surtout de la répression qu’il diligentera contre la délinquance financière. Puisque des guinéens qui le pensent moins catholique, sont bien nombreux. Sur le plan politique, sa réussite donnerait sans doute un contenu au slogan « mains propres » du candidat Alpha Condé. Conséquemment, ce qui pourrait éventuellement différencier l’ancien ministre Kassory de Conté de l’ancien ministre Dalein de Conté, puisque, désormais, l’argument opposé d’un Cellou corrompu, semble ; entre temps, plus tenir.
La réussite de la lutte contre la corruption, passe inéluctablement par celle d’une société civile et d’une presse libres parce que de l’analyse de Transparency International, « la corruption et le champ de réduction de l’activité de la société sont liés ». Pour endiguer la corruption, l’institution de mesure de l’indice de corruption, préconise, que soient promues : la liberté de la parole, l’indépendance des médias, la divergence politique, l’ouverture et l’engagement de la société civile. Il en recommande également que le gouvernement et les établissements publics publient de manière proactive les informations d’intérêt public pertinentes dans des formats open data.
Kabinet Fofana