Jesse Jackson: « Alpha Condé est le bâtisseur de toute une nation »
Le Washington Post rapporte qu’au cours de sa visite aux Etats Unis, le président guinéen a rencontré Jesse Jackson et l’influente députée noire américaine de la Californie. L’objectif de la rencontre avec la députée était de sensibiliser le congrès américain à l’augmentation du soutien financier à la Guinée . Quant à Jesse Jackson, il était présent pour apporter son soutien
Le révérend Jesse Jackson a pris un vol en provenance de Chicago pour soutenir Condé, son ami de longue date – celui qu’il appelle affectueusement un « Combattant de la liberté”
“Je suis venu ici comme son invité spécial” a déclaré Jesse Jackson au Washington Post. «Il est le bâtisseur de toute une nation. L’héritage qu’il construit est celui de la renaissance et de la stabilité”
La députée Karen Bass (de la Californie) a donné son appui à Condé et elle a mentionné qu’elle mettra tout en œuvre pour essayer de faire augmenter le soutien américain à la Guinée “Considérant que notre contribution au Libéria était beaucoup plus vaste, est-il possible que les Etats-Unis puissent accroître leur soutien à la Guinée?” a-t-elle déclaré notant que Condé a été «réservé, humble et très digne.»
Elle a aussi senti son inquiétude persistante.
L’expérience démocratique en Guinée réussira-t-elle? Par l’honorable Ron Dellums
Au cours de mes plus de 50 ans de service public, quelques uns des moments dont je suis le plus fier inclut mon travail en Afrique.
De mon parrainage de la loi anti-apartheid de 1986 à ma nomination à la présidence du conseil sur le Sida de Bill Clinton, mon coeur a toujours été avec les peuples d’Afrique.
Aujourd’hui en tant que membre de la Chambre à la retraite et ancien maire, je passe une bonne partie de mon temps à travailler avec des organisations à but non lucratif qui oeuvrent à éduquer et mobiliser les Américains sur les sujets consacrés à l’Afrique.
Au début de l’année, j’ai eu l’honneur de passer un moment avec le président Alpha Condé de Guinée, lors de sa visite aux Etats-Unis pour des entretiens avec le président Obama, la commission des affaires étrangères du sénat, le groupe parlementaire noir et divers autres groupes qui plaident pour une plus grande assistance pour combattre l’épidémie d’Ebola dans son pays.
Rencontrer Condé m’a rappelé quelques unes des mes expériences lorsque je travaillais avec l’ancien président sud-africain, Nelson Mandela pendant la lutte contre l’apartheid.
De toute évidence, les circonstances et les temps sont très differents, mais ce qui les lie, c’est la difficulté que les nations ont à s’adapter à la démocratie.
En 1960, Condé était un étudiant engagé et un militant qui critiquait le régime dictatorial en Guinée.
Exilé en France , il était devenu professeur de politique à la Sorbonne où il continua à mobiliser les étudiants contre la dictature.
Le premier président de la Guinée avait condamné à mort par contumace Condé pour ses critiques. Le second président l’emprisonna pendant deux ans pour son opposition à la dictature.
Dans ce contexte, il semblait improbable que Condé puisse en 2010 remporter la première élection démocratique dans l’histoire de la Guinée.
Condé a fait campagne avec un programme d’unité nationale et a gagné dans trois des quatre régions représentant nombre des différentes ethnies du pays.
Nombre d’observateurs internationaux , mené par le Centre Carter avaient été invités à observer les élections.
Le Centre Carter a conclu que les résultats étaient justes et crédibles.
Bien que la victoire improbable de Condé était un incroyable saut en avant pour la démocratie en Guinée, et en Afrique, les élections de ce weekend diront si le phénomène est irréversible. Les Guinéens étaient ouverts à l’expérience de la démocratie; les présentes élections testeront s’ils sont dédiés à cet idéal.
Il est regrettable – bien que peu surprenant vu l’histoire de la Guinée – que les principaux leaders de l’opposition guinéenne aujourd’hui soient les mêmes que ceux des précédents régimes dictatoriaux. Dans tous les pays, y compris le nôtre, il ya toujours des intérêts ancrés qui s’opposent au changement.
La réalité est que passer d’une dictature à la démocratie est une tâche lente et pénible, surtout dans un pays pauvre miné par Ebola.
Il n’est pas étonnant que les cyniques politiques de la peur et de l’intimidation soient utilisées auprès de l’électorat guinéen par les acolytes d’anciens dictateurs.
Mais le président Obama a le mieux résumé la situation lorsqu’il a honoré Condé et trois autres leaders africains élus en 2011: “L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts.
Elle a besoin d’institutions fortes”. Sous le régime de Condé, la Guinée a amélioré la gestion des finances publiques et la transparence dans le milieu des affaires.
Après une décennie d’efforts, la Guinée a pu atteindre le statut de Pauvre nation hautement endettée (HIPC) et obtenu un pardon de sa dette de 2 milliards de dollars.
Le taux d’inflation a baissé de 23% à 9% et le déficit budgétaire est passé de 13% à 3%. Il y a eu des investissements importants dans le secteur agricole et l’accés à l’électricité a doublé.
Les institutions guinéennes sont plus transparentes, plus stables, plus fortes.
La question est de savoir si ces progrès incroyables seront perçus par l’électeur guinéen moyen. Bien qu’il y ait eu de nombreuses victoires sous le régime démocratique de Condé, les membres de la vieille garde ne manquent pas de souligner ses échecs.
Ils sont prompts à s’appuyer sur la pauvreté, les divisions ethniques et l’intimidation pour essayer de repousser la vague démocratique croissante.
Alors que les Guinéens se rendent aux urnes, le monde devrait ouvrir les yeux. Cette année a été extraordinaire pour la démocratie en Afrique.
En mars, nous avons vu une élection démocratique pacifique au Nigéria, le plus grand pays du continent. Ce mois-ci, les électeurs guinéens ont une occasion semblable d’aller voter.
L’élection en Guinée met en relief nombre des défis auxquels les pays africains font face lorsqu’ils passent d’une dictature à la démocratie.
Lors de l’élection de ce mois-ci, nous verrons si l’expérience de la démocratie de la Guinée a réussi son test.
Comme l’a dit le Pasteur Martin Luther King, “ l’arc de l’univers moral est long, mais il se courbe vers la justice”.
La Guinée n’a attendu que trop longtemps une vraie démocratie et j’espère qu’elle continuera sa marche vers la justice et la démocratie et ne fera jamais machine arrière. Traduction par AlloConakry
Ron Dellums a servi pendant 13 mandats, de 1971 à 199,8 à la Chambre comme représentant de Californie. Il a été le 48e maire d’Oakland en Californie de 2007 à 2011.
Au Congrès, il a présidé la commission des forces armées et celle en charge du District de Columbia. Il a aussi siégé aux commissions des affaires étrangères, de la fonction publique et du renseignement et a été l’un des co-fondateurs du Black Caucus, le groupe parlementaire noir.
Ibrahima Sory CISSÉ pour guineeenmarche