Interview
Mosaiqueguinee.com : quelle analyse faites-vous de la situation politique actuelle du pays ?
Jean Marc Telliano : la situation politique m’inquiète beaucoup parce que même à des périodes d’exception, ça ne devait pas être comme ça. Interdire le droit de marche qui est constitutionnel, je pense que c’est un recul de la démocratie. Alpha Condé était l’un des opposants historiques qui avaient toujours fustigé le comportement qu’il est en train aujourd’hui d’adopter. Mais nous, nous allons passer par tous les moyens légaux pour nous faire entendre.
Ça ce sont des décisions internes à eux (les gouvernants ndlr), parce que quand je vois un certain Bouréma Condé, qui est sorti de nulle part, un démagogue, un opportuniste, un chercheur de prime qui prend des décisions d’instauration d’une dictature, ça j’ai pitié de lui et j’ai peur pour mon pays la Guinée. Quant à mon beau, qui est Mathurin, je crois qu’il doit mettre de l’eau dans son vin. Il ne faut pas qu’il accepte d’être utilisé par le système parce le système là est sur le point de partir. Il ne faut pas qu’il ait une tache sur son passé, c’est une invite pour qu’il redescende sur terre et prendre la décision idoine qui peut faire avancer notre pays.
Six mois après la tenue des élections communales, aucun élu n’est encore installé dans ses fonctions. Comment trouvez-vous cela ?
Le poisson commence à pourrir par la tête, le problème de la Guinée c’est la tête. Ce système est malade. Aujourd’hui, quand j’entends un (Nous avons décidé de supprimer le mot que nous avons jugé trop fort Ndlr) comme Bouréma Condé, dire qu’il va installer les élus dans les communes qui ne sont pas conflictuelles, comme si ce n’était pas les mêmes élections, la même République, le même mandat. Mais, de qui se moque-t-il ? Ces élections sont très claires: Ce sont des élections de proximité. Si un candidat est élu à Sangoyah et qu’il sait que c’est lui qui a été élu, la population à la base également le sait, parce que les résultats sont connus d’avance et tous les représentants sont au niveau des bureaux de vote, le comptage manuel est fait, on sait que c’est tel qui a gagné à Sangoyah.
Et à la centralisation, on donne un autre résultat, vous pensez que ce candidat va accepter ce résultat qui est la volonté populaire ou que cette population acceptera qu’une autre personne soit mise à la place du vainqueur ? Il parle de paix, est-ce qu’on peut parler de paix sans justice ? Ce sont des systèmes corrompus comme ça qui créent des maquis. Il faudrait qu’ils arrêtent. La Guinée ne doit pas fonctionner comme ça. Elle doit fonctionner comme une République normale, comme un Etat normal, mais pas comme un Etat sauvage.
Autre pan de l’actualité, c’est l’augmentation du prix du carburant. Quelle analyse en faites-vous ?
C‘est une insulte au peuple de Guinée. Quand le baril était à 100 dollars, la Guinée a continué comme ils lui ont demandé de serrer la ceinture. Au moment où le guinéen serrait la ceinture, le niveau de vie du gouvernement était au top. Les multinationales, avec tous les moyens qu’ils ont, les ambassades en Guinée payent le carburant à moins de 5000gnf alors que chez la pauvre population, c’est le contraire qui devait se passer.
Et quand le baril était à moins 30 dollars, la Guinée est restée tout droit dans ses bottes, alors que tous les pays voisins dans tout le monde entier il y a eu la flexibilité du prix mais comme ce système s’en fout, il n’a rien a foutre avec la Guinée, a refusé catégoriquement de procéder à la flexibilité du prix du carburant depuis près d’un an. Aujourd’hui, le baril est à moins de 70 dollars, on demande au peuple de Guinée, au peuple meurtri, au peuple du 28 septembre, d’accepter la hausse du prix. C’est une insulte, c’est pourquoi je lance dans toutes mes interviews, à l’endroit du peuple de Guinée, un appel à la désobéissance civile, à refuser, à se réunir, à se concerter comme un seul homme pour répondre à ce système parce que je ne peux pas comprendre que ce système mette sa mauvaise gouvernance, sa gabegie sur le dos du pauvre contribuable.
Mais, le jour où on aura un gouvernement normal parce que ce gouvernement ne l’est pas, ce régime n’est pas un régime normal, parce que ça nous donne à croire que nous ne sommes pas une République, ils payeront de leur forfaiture.
Votre mesage
Le RDIG, apporte son soutien inconditionnel à la société civile parce que le RDIG est société civile, Jean Marc est société civile. Le manteau de leader, de député nous le mettons à côté parce que c’est le peuple qui a fait de moi ce que je suis. Quand je viens à la station d’essence, ce n’est pas écrit sur mon front que c’est le député…
Il n’est pas dit que parce que Cellou Dalein est leader, on va lui vendre le litre moins cher que les autres. Donc c’est une revendication populaire, nous faisons partie de la société civile. Je lance un appel à la mobilisation populaire pour dire non, ça suffit !
Entretien réalisé par Al Hassan Djigué