Élection présidentielle
Nouvelles violations flagrantes mettant en cause la sincérité du scrutin
Bamako, le 12 août 2018 – Le Directoire de la campagne du candidat Soumaïla Cissé est entré en possession d’un carnet de bulletins de vote, ce samedi 11 août dans l’après-midi à Bamako. Selon la loi électorale, les carnets de bulletins de vote (au nombre de 50 bulletins), sous la responsabilité du ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, sont placés sous scellés et ouverts dans les bureaux de vote le jour du scrutin en présence des mandataires des candidats et des assesseurs. Cette découverte préoccupante constitue une preuve supplémentaire des anomalies qui émaillent la préparation et l’organisation de cette élection présidentielle. Un constat de huissier a été effectué.
« Si des bulletins circulent ainsi, n’est-ce pas pour détourner le vote des Maliens et, in fine, bourrer les urnes ? Nous avons toutes les raisons de croire que d’autres carnets sont en circulation, à Bamako comme ailleurs. Cette nouvelle manifestation insupportable du manque de rigueur dans l’organisation de ce scrutin présidentiel est de nature à entacher la crédibilité de cette élection et de ses résultats. Elle apporte la preuve de l’incurie des pouvoirs publics maliens. Chaque jour, le faisceau de présomptions de fraudes massives se renforce », a déclaré Tiébilé Dramé, directeur de la campagne de Soumaïla Cissé.
Lors du premier tour du 29 juillet, dans l’école de Khasso à Kayes, un carnet de bulletins de vote avait été saisi auprès de militants du parti présidentiel, ce qui avait donné lieu à un recours en annulation devant la Cour constitutionnelle.
Cette nouvelle révélation mettant gravement en cause la sincérité du processus électoral en cours intervient après les graves anomalies et les fraudes avérées durant le premier tour de l’élection présidentielle du 29 juillet.
Bourrages d’urnes massifs, cartes d’électeurs indisponibles dans de nombreux bureaux de vote, fichier électoral mis en ligne vicié, trafic de procurations, irrégularités durant l’ensemble du processus de transmission et de compilation des résultats, incohérences flagrantes entre les suffrages exprimés en pourcentage et le nombre de voix attribuées, égarements de procès-verbaux de dépouillement, impossibilité de vérifier le nombre exact de localités dans lesquelles le scrutin ne s’est pas tenu…, la liste était accablante pour le Gouvernement en charge d’organiser ce scrutin.
Pourtant le 8 août 2018, la Cour Constitutionnelle dans un déni de droit a rejeté l’ensemble des requêtes en annulation des suffrages pour bourrages d’urnes, irrégularités et violations de la loi électorale ainsi que la requête en récusation de six des neuf juges pour suspicion de partialité, dont la présidente Madame Manassa Danioko.
Le 20 juillet dernier, le Directoire de campagne avait également dénoncé l’existence du fichier mis en ligne par la Délégation Générale aux Élections (DGE) qui contenait de nombreuses anomalies (électeurs et bureaux de vote fictifs, doublons…) avec un potentiel de 1,2 million de voix fictives.
En conséquence, le candidat Soumaïla Cissé en appelle à la mobilisation et à la plus grande vigilance des Maliennes et des Maliens pour faire barrage à un hold-up électoral à l’occasion du second tour qui se déroule aujourd’hui dimanche 12 aout 2018. Il demande aux différentes missions d’observation électorale maliennes et internationales de prendre toutes les dispositions nécessaires pour s’assurer du bon déroulement de ce second tour, et ce durant l’ensemble des étapes : le vote, la transmission, la compilation, l’annonce et la proclamation des résultats. Il alerte enfin la communauté internationale qui ne peut assister silencieusement et passivement à un déni de démocratie qui bafoue la volonté du peuple malien.