L’ancien député Eddie Komboïgo a été désigné dimanche président du CDP, le parti de Blaise Compaoré. Ce proche du général Gilbert Diendéré, bras droit du président déchu, est désormais chargé de remettre sur pied un parti fortement affaibli par l’insurrection populaire d’octobre 2014.
Il faisait partie des favoris pour le poste. Sans grande surprise, Eddie Komboïgo, 51 ans, a été désigné dimanche 10 mai président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), à l’issue du sixième congrès ordinaire du parti organisé ce week-end au palais des Sports de Ouagadougou. Nommé à la tête du bureau exécutif national, composé de onze vice-présidents, cet ancien député de la province du Passoré (Centre-Ouest) a dorénavant pour délicate mission de remettre le parti de Blaise Compaoré en ordre de bataille pour les prochaines élections présidentielle et législatives, prévues le 11 octobre.
Homme d’affaires réputé au Burkina Faso, Eddie Komboïgo est à la tête du cabinet d’audit financier et d’expertise comptable Komboïgo et Associés (Cafec-Ka). C’est un ami intime de Gilbert Diendéré, ancien chef d’État-major particulier et bras droit de Blaise Compaoré. Tous deux originaires de Yako, chef-lieu du Passoré, le général Diendéré aurait notamment été parrain de mariage du nouveau patron du CDP. Une proximité qui a probablement valu à Eddie Komboïgo le saccage de sa maison à Ouagadougou lors de l’insurrection populaire d’octobre dernier.
« Un bon choix de synthèse »
Marié à une pédiatre, cet expert-comptable, par ailleurs président du comité central du club de football de l’Asfa-Yennenga, a été élu par un collège de 21 sages. Il était en rivalité avec l’ex-député et ministre Achille Tapsoba, qui hérite du poste de premier vice-président du CDP. « Eddie Komboïgo est un bon choix, confie un cadre de l’ancien parti majoritaire. C’est une personnalité qui fait la synthèse entre les ‘vieux briscards’ et ceux qui arrivent. » Relativement novice en politique, Komboïgo milite au CDP depuis plusieurs années mais n’est pas considéré comme un apparatchik du parti.
Déterminé à participer aux prochaines élections présidentielle et législatives – malgré la promulgation d’un nouveau code électoral rendant inéligibles les personnes ayant soutenu le projet de modification constitutionnelle -, le CDP tente aujourd’hui de survivre à Blaise Compaoré. La formation du président déchu n’a pas pour autant coupé les ponts avec son ancien mentor, loin de là. Entre discours de soutien enflammés et tee-shirts à son effigie, les cadres et militants ont rappelé durant ces deux jours de Congrès leur attachement à « Blaise ». L’ex-chef de l’État a d’ailleurs été désigné président d’honneur du « Haut conseil national » du parti, dont son frère cadet François, ou encore son dernier Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, figurent parmi les principaux membres.
La rédaction