La rencontre entre le chef de l’Etat et le chef de file de l’opposition n’est pas vue sous le même angle. A l’UFR de l’ancien Premier ministre Sidya Touré, les échanges en vue au palais Sékhoutouréya ne seront pas ‘’la bible ou le coran’’ pour l’opposition. Car, selon Mohamed Tall, chef de cabinet du président Sidya, par ailleurs porte-parole de l’UFR, « le président de l’UFDG (Cellou Dalein Diallo, ndlr) ne va pas parler au nom de toute l’opposition ». Réactions sur Espace Fm…
Espace : Bonjour M. Tall ! Qu’est-ce que vous espérez concrètement de cette rencontre prévue entre le chef de fil de l’opposition et le chef de l’Etat ?
M. Tall : Bon ! Nous nos revendications ont toujours été claires hein ! Nous voulons rétablir l’ordre des choses en ce qui concerne l’organisation des élections et surtout nous voulons ouvrir un dialogue pour que les questions liées au processus électoral soient vraiment discutées afin de trouver cette solution qui le gage vraiment d’élections apaisées.
Espace : Solutions consensuelles, ça veut dire bien évidemment, d’un camp ou l’autre, vous pouvez laisser vos préalables si on peut le dire ainsi. Parce que lors de la toute dernière sortie du président de la république, il est encore revenu là-dessus, il a dit clairement qu’il ne peut pas y avoir d’élections communales avant la présidentielle ?
M. Tall : bon sur ce point là, permettez-moi d’apporter un certain nombre de précisions. Parce que lorsqu’on entend les commentaires qui se font dans les médias, on a l’impression que c’est l’opposition qui conteste le calendrier électoral, mais en réalité, la problématique est toute autre. Le calendrier électoral découle normalement des lois de la république. En ce qui concerne les élections communales, le calendrier, c’est-à-dire le cycle électoral est situé dans le code électoral, en ses articles 113 et 114. Je vous ferais remarquer que depuis 2005, il n’y a pas eu d’élections communales. Le mandat des élus locaux est arrivé à échéance avant la prestation de serment du président Alpha Condé. Alors on ne comprend pas comment se fait-il que la CENI ait pris la décision d’inverser l’ordre des choses ? Voilà le problème qui existe aujourd’hui. La CENI est un organe technique qui n’a pas le pouvoir de changer les lois de la république.
Espace : M. Tall c’est vrai qu’on est revenu très longtemps sur cet aspect de la chose, mais ce à quoi nous nous intéressons ce matin, c’est cette possibilité de discussion entre le président de la république et le chef de file de l’opposition. Est-ce que selon vous, cela va déboucher sur quelque chose quand on sait que les deux positions ne convergent pas ? Le président de la république dit niet, pas de communales avant la présidentielle et l’opposition dit qu’il faut forcement inverser ces élections là. Finalement de quoi vont-ils discuter ? Qu’est ce qui va être l’objet de ce dialogue là ?
M. Tall : Non l’opposition ne dit pas qu’il faut inverser. L’opposition dit comme je l’ai rappelé tout à l’heure, qu’il faut respecter les lois en la matière. Et les lois sont claires. Je vous ai cité deux articles qui citent le cycle électoral en ce qui concerne les élections communales. Toute dérogation aux lois en matière d’organisation des élections doit faire l’objet d’un consensus. Et que je sache, il n’y a jamais eu de discussion entre la mouvance et l’opposition pour savoir est-ce qu’il faut revoir l’ordre des choses.
Espace : Oui M. Tall, moi ce qui m’intrigue dans la démarche de l’opposition, c’est que les délégations spéciales que vous avez décidé de ne plus reconnaitre, ce sont les mêmes délégations auxquelles vous adressez quand même des courriers pour vos manifestations ?
M. Tall : mais l’affaire de délégations spéciales, c’est extrêmement grave. On ne peut pas s’accommoder en permanence de violations de lois dans notre pays. Il y a le principe d’une libre administration des collectivités qui est consacré par la constitution guinéenne ! Je vous renvoie à l’article 136 de la constitution. On ne peut pas piétiner cela. Les délégations spéciales sont totalement illégales.
Espace : Ce qui est d’actualité, j’aimerais qu’on s’entende sur cela. Tout porte à croire que cette rencontre entre le chef de l’Etat et le chef de file de l’opposition n’aura pas lieu. Parce que le Pr. Alpha Condé rentre à Conakry aujourd’hui. Dites nous concrètement, comment vous voyez tout cela ? Vous pensez que de part et d’autre on n’a pas réellement envie de se retrouver autour de la table ?
M. Tall : non, non ! L’opposition, c’est une opposition plurielle qui a toujours exprimé sa volonté de régler les différends autour de la table. Ça nous a coûté déjà un certain nombre de morts, un certain nombre de manifestations et nous continuions à demander le dialogue.
Là c’est une invitation qui a été adressée au président de l’UFDG en temps que président du parti ayant le plus grand nombre de députés à l’assemblée nationale. C’est une rencontre qui pourrait peut-être déboucher à un vrai dialogue. Mais la décision d’aller au dialogue sera prise bien entendu au sein d’une réunion de l’opposition en plénière.
Espace : M. Mohamed Tall, à mon avis, c’est une rencontre dont l’objet est vidé déjà, dont la substance a été complètement vidée de sens quand on sait que les deux protagonistes s’arcboutent sur leurs positions. Le chef de file de l’opposition qui va au nom de votre groupement, de l’opposition, on sait qu’il va pour développer vos arguments, c’est-à-dire qu’il faut commencer par les élections communales et aboutir à l’élection présidentielle. On a vu cette interview du président Alpha Condé hier (dimanche ndlr), qui est parue dans « Jeune Afrique ». Il dit qu’il est hors de question de parler d’élections locales avant la présidentielle. Pensez-vous qu’il y aura quelque chose de concret qui va sortir de cette rencontre ?
M. Tall : Non d’abord soyons précis. Le président de l’UFDG ne va pas parler au nom de toute l’opposition. Chef de file de l’opposition, ça veut dire, comme je l’ai dit tout à l’heure, qu’il est à la tête du parti le plus important de l’opposition. Mais comme vous le savez aussi, on est dans un système de multipartisme et à ce titre, l’opposition compte beaucoup de partis qui ne peuvent pas être engagés par une seule personne fut-elle le chef de file de l’opposition. L’autre chose que je voulais relever, c’est la violation du calendrier électoral. Ne présentez pas ça comme étant un préalable. En fait, nous demandons au pouvoir ou au chef de l’Etat, de respecter les lois. Je vais vous dire une chose, si ce débat se pose actuellement, il faut comprendre les raisons qui poussent le pouvoir à inverser l’ordre des choses. C’est-à-dire à violer les lois.
Espace : alors merci beaucoup Mohamed Tall d’avoir accepté notre invitation.
M. Tall : c’est moi qui vous remercie ! |