Elections communales du 4 février 2018 : un constat ‘’d’échec’’ pour le RPG Arc-en-ciel
Les Guinéens se sont rendus aux urnes le 4 février 2018 pour renouveler le mandat des conseillers dans les 342 communes urbaines et rurales que compte le pays. Beaucoup ont pensé, pour des raisons évidentes, que le parti au pouvoir, le RPG Arc-en-ciel, allait conquérir, sans trop de difficultés, l’écrasante majorité des mairies, aussi bien à Conakry qu’à l’intérieur du pays. Mais, comme on l’aura vu, tel n’a pas été le cas. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les candidats du RPG Arc-en-ciel se sont fait battre soit par des Indépendants ou par leurs adversaires politiques (UFDG, UFR, PEDN) dans certaines circonscriptions électorales considérées jusqu’ici comme des bastions inexpugnables du parti du chef de l’Etat, Pr. Alpha Condé. C’est le cas notamment de Faranah, de Boffa, de Kintinian (Siguiri), de Beyla, de Koba (Boffa), de Hèrèmakönö (Faranah), de Macenta ou de Tounkarata (Lola). Au moment où ces lignes sont écrites, aucune commune de Conakry ne se retrouve encore dans l’escarcelle du RPG Arc-en-ciel. C’est la liste indépendante conduite par Aminata Touré, la fille aînée du premier président de la Guinée indépendante, qui s’est offert la mairie de Kaloum (la commune qui abrite la Présidence de la République), au nez et à la barbe des candidats présentés par les partis politiques. Les communes de Dixinn et de Ratoma ont été raflées par l’UFDG, le principal parti d’opposition. La commune de Matam est revenue à l’UFR de Sidya Touré. Le samedi 15 décembre, les 45 conseillers de Matoto se sont retrouvés pour élire leur exécutif communal sur fond de cafouillage et de tension. Chacun des deux candidats, Mamadouba Tos Camara du RPG Arc-en-ciel et Kalémodou Yansané de l’UFDG, s’est autoproclamé vainqueur de l’élection. Ce qui a amené le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation à annoncer la reprise de l’élection du maire de Matoto dans les jours à venir. Une annonce qui, comme il fallait s’y attendre, continue d’être commentée diversement dans les deux camps et par les observateurs. En attendant que la situation ne se décante à la mairie de Matoto, l’on peut se permettre de dire que le scrutin communal du 4 février 2018 n’aura pas été un grand succès électoral pour le parti présidentiel qu’est le RPG Arc-en-ciel. De l’avis général, il est incompréhensible, voire humiliant de voir les cinq communes de la capitale échapper au contrôle du parti qui a porté au pouvoir l’actuel président de la République. Par le passé, l’on s’en souvient, le PUP de feu Lansana Conté s’était toujours taillé la part du lion à l’issue des élections communales.
Pour beaucoup, cet échec relatif du RPG Arc-en-ciel aux communales du 4 février s’expliquerait en grande partie par la mauvaise stratégie adoptée par le parti. Le Bureau politique n’a pas choisi dès le début de la campagne des têtes de liste. Beaucoup de choix ont aussi été rejetés par la base. Conséquence : nombreux sont les militants, principalement les jeunes, qui ont préféré battre campagne pour des candidatures indépendantes, au détriment de leur formation politique. Le chef de l’Etat, lors de sa récente tournée à l’intérieur du pays, a lui-même pointé un doigt accusateur vers le Bureau politique du parti.
L’heure est donc venue de tirer les leçons pour éviter que les mêmes erreurs de casting se répètent lors des législatives qui pointent à l’horizon. Le RPG Arc-en-ciel a maintenant plus que besoin de sang neuf pour mener son combat politique. Au lieu de s’autodétruire ou d’exceller dans les coups bas et les combines, les cadres et militants du parti présidentiel ont plutôt grand intérêt à resserrer les rangs, à regarder dans la même direction et à s’ouvrir davantage aux nouveaux venus. Ce qui leur permettrait, à coup sûr, d’affronter politiquement, avec beaucoup plus de chances, leurs adversaires d’en face.
Ibrahima Sory CISSÉ