Matoto : pourquoi avoir peur de la reprise de l’élection du maire?
Le 15 décembre dernier, on le sait, l’élection de l’exécutif communal de Matoto s’est déroulée dans un cafouillage et une confusion indescriptibles. Chacun des deux candidats, Mamadouba Tos Camara du RPG Arc-en-ciel et Kalémodou Yansané de l’UFDG, s’est autoproclamé vainqueur de l’élection. Ce qui, logiquement, a amené le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, le général Bouréma Condé, à prendre ses responsabilités en invalidant ladite élection et en annonçant sa reprise ultérieurement dans un climat apaisé et sécurisé. Comme il fallait s’y attendre, cette sortie du MATD a été diversement appréciée aussi bien par les deux bords politiques que par les observateurs de la scène politique guinéenne.
Si certains se sont prononcés en faveur de la reprise du vote pour départager les deux candidats, d’autres, par contre, n’entendent pas en parler. C’est le cas notamment des responsables et militants de l’UFDG, le principal parti d’opposition. Le lundi dernier, ces derniers ont tenté d’organiser un sit-in au ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation pour exiger du général Bouréma Condé l’installation de leur candidat, Kalémodou Yansané, dans les fonctions de maire de Matoto. Mais ils ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes et l’on a procédé à des interpellations parmi eux pour trouble à l’ordre public.
La question que beaucoup de Guinéens se posent aujourd’hui, est de savoir si cette peur que suscite la reprise du vote à Matoto (la plus grande commune de la capitale) est vraiment justifiée. L’élection se fait exclusivement entre les 45 conseillers élus à la faveur du scrutin communal du 4 février 2018.
Si le RPG Arc-en-ciel ou l’UFDG est sûr d’avoir la majorité des conseillers élus autour de son candidat, pourquoi s’opposer à la reprise de l’élection du maire de Matoto. Les quatre autres communes de Conakry (Kaloum, Matam, Dixinn, Ratoma) ont déjà élu leurs exécutifs communaux sans trop de problèmes.
De l’avis général, les autorités devraient prendre toutes les dispositions pour installer enfin l’exécutif communal de Matoto. L’attente n’a que trop duré. Les deux bords politiques devraient faire preuve de sagesse en acceptant d’aller à la reprise de cette élection qui continue de faire couler des flots d’encre et de salive dans le pays. La commune de Matoto, comme les autres communes de Conakry, a de nombreux défis à relever dans le cadre de l’assainissement et de la sécurité. A méditer !
IBRAHIMA SORY CISSE