Le président Alassane Ouattara et Luis Moreno Ocampo, ancien procureur de la CPI, se sont rencontrés au moins deux fois, y compris à quelques jours du transférement de Laurent Gbagbo, contrairement à ce que le premier a laissé entendre sur RFI, ce lundi 11 février 2019.
La question qui lui avait été posée par un Christophe Boibouvier qu’on a connu moins complaisant que cela était : « N’y a-t-il pas eu de liens très forts entre le premier procureur de la CPI Moreno-Ocampo et Nicolas Sarkozy et vous-même et que cela a abouti à l’inculpation de Laurent Gbagbo et qu’aujourd’hui il y’a des juges qui disent que le dossier est difficile à prouver ? »
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La réponse d’Alassane Ouattara : « Je ne le connaissais pratiquement pas. Je l’ai eu au téléphone une ou deux fois. Je me suis même fâché une fois avec lui. Laissons la justice faire son travail ; ce serait plus simple. Pensons à ces 3 000 morts, ces ivoiriens qui ont quand même été massacrés. Nous continuons nos enquêtes pour voir quels sont ceux qui sont responsables de ces crimes ».
Cette allégation n’est pas juste. Au moins à deux reprises, le président Alassane Ouattara et Luis Moreno Ocampo, prédécesseur de Fatou Bensouda, se sont rencontrés, en attestent les images et des articles et vidéos de l’époque. 27 novembre 2011 : Ouattara reçoit Ocampo à Paris (L’Express). 1er juin 2012 : Près d’une heure de tête-à-tête Ouattara-Ocampo (RTI).
En y ajoutant les « une ou deux fois au téléphone » sans doute avant l’inculpation (si on s’en tient au contexte de la citation) de Gbagbo, au point où le président Ouattara se rappelle qu’il était fâché avec Ocampo (sans dire l’objet de la colère) et aussi des révélations jusque-là non démenties sur les échanges de courriels de Mediapart, l’on peut soutenir qu’il est difficile de maintenir la thèse du « Je ne le connaissais pratiquement pas ».
Elvire Ahonon