La candidature du capitaine Dadis, la rencontre annoncée du chef de l’Etat avec le chef de file de l’opposition, les accusations de financement de l’UFDG par Beny Steinmetz, sa récente visite à Libreville, au Gabon, voici les sujets d’actualités sur lesquels le Vice-président de l’UFDG, Bah Oury a bien voulu aborder dans une récente interview.
Lundi 11 mai depuis Ouagadougou, l’ancien chef de la junte, le capitaine Dadis Camara a officiellement annoncé sa candidature pour les élections présidentielles d’octobre prochain. Qu’est-ce que vous pensez de cette candidature ?
Bah Oury : Sur le plan juridique, cette candidature est recevable puisque le capitaine Dadis Camara a démissionné de l’armée nationale, et il jouit de ses droits civiques. Sur le plan politique, cette candidature a le mérite d’obliger monsieur Alpha Condé de clarifier sa position à l’égard du président du CNDD (conseil national pour la démocratie et le développement) et ancien chef de la junte qui a gouverné la Guinée après le décès du général Lansana Conté. En effet, M. Alpha Condé avait promu aux proches et sympathisants du capitaine Dadis Camara de le faire revenir en Guinée dès son élection aux présidentielles de 2010 et de le traiter comme un ancien chef de l’Etat de la Guinée. Cinq années plus tard, la promesse n’a pas été tenue. Un groupe de femmes de N’zérékoré a manifesté la semaine dernière pour exiger le « retour de leur fils, sinon les élections présidentielles n’auront pas lieu dans leur région ». Ce cocktail est un boulet attaché aux pieds d’Alpha Condé qui vient d’être rattrapé par ses multiples promesses fallacieuses qu’il n’a jamais eues l’intention d’honorer. La candidature de Dadis Camara est avant tout une épine dans ses pieds. Pour le reste, comme toutes les affaires de crimes de sang non encore élucidés comme Zogota, Gallapaye, Womey, les assassinats de Mme Boiro, d’Amadou Oury Diallo, de Thierno Aliou Diaouné et le massacre du 22 janvier 2007, la tragédie du 28 septembre 2009, devront être examinées par la justice pour situer les responsabilités afin d’apaiser les cœurs, rompre la longue chaîne d’impunité et faire entrevoir des perspectives réelles de réconciliation nationale durable en Guinée.
Comment réagissez-vous à l’invitation que le président Alpha Condé vient de lancer au chef de file de l’opposition pour une concertation en vue de dénouer la crise politique qui secoue le pays ?
Bah Oury : J’ai déjà indiqué que cette invitation était purement et simplement un « coup de communication » pour accréditer sur le plan international une fausse thèse selon laquelle « M. Alpha Condé est un homme de dialogue ». La preuve de ce que j’avance vient d’être confirmée par la déclaration du samedi 9 mai à Kankan par Alpha Condé, lui-même qui a déclaré :
« La Guinée appartient aux Soussous, aux Forestiers et aux Malinkés » ;
« Avant mon accession au pouvoir en 2010, les malinkés n’osaient pas parler leur langue à Conakry ». Voici le programme politique d’Alpha Condé, faire de la Guinée une nouvelle Somalie où la coexistence et le vivre ensemble deviendra impossible entre les communautés ethniques du pays. Un tel chef de l’État est dangereux pour tout le monde. Celui qui feint d’ignorer cela, court le risque d’être complice d’une vaste tragédie que la politique d’Alpha Condé mène toute la Guinée.
Lors de sa récente visite en Haute Guinée, le chef de l’Etat a affirmé que l’UFDG est financé par le patron de BSRG, le franco-israélien, Beny Steinmetz. Que répondez à cette accusation ?
Bah Oury : Alpha Condé a peur de Beny Steinmetz ! Donc, il le voit partout. En septembre 2013, les services de renseignement d’Alpha Condé avaient fabriqué de faux rapports attribués à la CIA et au DGSE français comme quoi, le patron de BSGR finance aussi bien Cellou Dalein Diallo que Bah Oury. Ce faux rapport avait été distribué dans toutes les chancelleries et à la presse internationale. Le Canard Enchaîné s’était fait l’écho de cette manipulation pour se rétracter quelques semaines plus tard. Le système Alpha use de mensonges et de falsifications de la vérité. D’ailleurs, il est très mal placé pour débiter de tels propos mensongers, quand on se remémore les financements opaques qu’il a reçus en échange de promesses de bradages des ressources minières de la Guinée. Nous avons à cet égard des dossiers et des plaintes formulées par ceux mêmes qui ont été grugés par Alpha Condé et son fils Mohamed Condé. Nous livrerons au moment opportun ces faits qui montrent qu’Alpha Condé est venu au pouvoir pour piller le pays ! Tous les guinéens doivent le savoir, y compris ceux qui le soutiennent aujourd’hui.
Vous avez séjourné du 08 au 13 mai à Libreville, pouvez vous nous donner les raisons de votre visite au Gabon ?
Bah Oury : Suite à l’invitation de la fédération UFDG du Gabon, la direction nationale m’a mandaté pour présider le congrès fédéral de notre représentation dans ce pays. A cette occasion, monsieur Amadou Tidiane Kourouma a été élu à la tête de la fédération. J’ai trouvé une forte mobilisation et une forte attente de la part de tous nos compatriotes du Gabon pour un réel changement politique en Guinée.
Entretien réalisé par Camara Moro Amara