Un véritable élan de solidarité s’est mis en place en faveur de Souleymane Bah, plus connu sous le nom de Thiâ’nguel. Chroniqueur dans les médias, professeur d’université, communicant politique, metteur en scène, écrivain, Thiâ’nguel, qui a plusieurs cordes à son arc, est un touche-à-tout.
Faisant l’objet d’une condamnation à perpétuité dans l’affaire Mohamed Koula Diallo, journaliste tué le 5 février 2016 au siège de l’UFDG, cet ancien chargé de communication du principal parti d’opposition s’est vu contraint de quitter la Guinée.
Exilé en France, Thiâ’nguel a décidé d’affronter la justice pour laver son honneur. Des journalistes, artistes, anciens étudiants qui l’ont côtoyé parlent de lui comme quelqu’un d’exceptionnel, respectueux et toujours disponible.
Depuis des semaines, un élan de solidarité s’est mis en place en sa faveur. ‘’Thiâ’nguel nous manque’’, une idée, née sur les réseaux sociaux, fait son chemin. VisionGuinee s’est intéressé aux témoignages de ceux qui l’ont connu et pratiqué pendant des années.
Thiâ’nguel, l’artiste qui met tout le monde d’accord
Mamadou Adama Bilia Bah, directeur de la compagnie La Muse et des Studios Kirah, a rencontré Thiâ’nguel dans le monde du théâtre au Centre culturel franco-guinéen (CCFG). ‘’Souleymane Bah communément appelé Thiâ’nguel, son nom d’artiste, c’est quelqu’un qui m’est cher, avec qui j’ai travaillé depuis plusieurs années sur presque tous mes projets et les siens. Des projets qui font quelquefois rayonner la Guinée sur le plan international’’, déclare cet ancien membre du jury Prix RFI Théâtre 2016.
Le communicant au service de tous
Mohamed Mara, journaliste, échangeait souvent avec celui qui fut pendant longtemps le porte-parole de l’UFDG, le plus grand parti de l’opposition guinéenne. ‘’C’était notre interlocuteur quand il s’agissait de caler des invités ou de prendre des positions du parti UFDG’’, précise l’analyste politique.
L’absence de prolongée de Souleymane Bah impacte les activités de Bilia Bah. La preuve, indique-t-il, ‘’on a des artistes qui sont en résidence chez nous. Depuis 2012, c’est lui qui les suit. Mais aujourd’hui, il n’est pas là. On a fait une édition l’année dernière, il n’y était pas. C’est un vide pour nous’’.
Malgré son statut de communicant, Thiâ’nguel n’est pas du genre à se prendre la tête. Il répond présent aux sollicitations de tous. ‘’C’est quelqu’un de disponible qu’on peut appeler la nuit, tout comme très tôt le matin. Ça ne le dérange pas de vous proposer quelqu’un qui va répondre à vos questions, y compris son patron Cellou Dalein Diallo’’, assure Mara.
Au-delà du professionnel
Au fil du temps, Mohamed Mara a noué, comme la quasi-totalité de ses confrères, des relations de fraternité très fortes avec cet ancien professeur d’Analyse sémiotique du discours à l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC).
‘’C’était un collaborateur, mais au-delà de l’aspect professionnel, nous étions devenus des frères. Je l’appelle Thiâ’nguel juste pour le besoin. Sinon, je l’ai toujours affectueusement appelé Koto (grand frère, en pular). C’est quelqu’un d’extrêmement chaleureux, humain, brillant d’esprit. Il est extrêmement ouvert. Vous pouvez discuter de tout avec lui’’, témoigne cet homme de média.
‘’C’est l’un des meilleurs metteurs en scène du pays’’, admet pour sa part le directeur des Studios Kirah, ajoutant que l’exil de Thiâ’nguel crée un vide dans le milieu culturel : ‘’Le fait qu’il ne soit pas là, c’est un peu difficile pour nous. C’est quelqu’un qui a la force, la compétence d’allier plusieurs disciplines artistiques. Son absence crée un grand vide. Et il nous manque. Il manque aux artistes dans la création et au public’’.
Avec l’exilé forcé de Thiâ’nguel, son parti a pris un coup de froid dans les relations avec la presse. ‘’Son absence m’affecte. Deux ans, honnêtement, c’est trop. Au niveau professionnel, les relations entre une partie de la presse et l’UFDG ont beaucoup changé. Ils se sont par endroits dégradés’’, confirme-t-il.
A date, précise Mohamed Mara, ‘’il y a des medias sur lesquels vous avez du mal à entendre la voix de l’UFDG, parce que ceux qui l’ont remplacé n’ont pas le même contact avec les journalistes. Thiâ’nguel, lui, c’est quelqu’un à qui le journaliste ne peut rien refuser. Parce qu’avant tout, il cultive le relationnel’’.
Et Bilia Bah de conclure sur un ton ironique : ‘’Même s’il passe son temps à dire qu’il ferme sa gueule et dégage, Thiâ’nguel ne dégage jamais et il ne ferme pas sa gueule’’.