Dans une interview qu’il a accordée à Guineematin.com en fin de semaine dernière, Sékou Koundouno, administrateur général de la Cellule Balai Citoyen de Guinée, est revenu sur le combat engagé par le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC).
Un mouvement mis en place par des activistes de la société civile, des leaders politiques et des syndicats, pour barrer la route au projet de nouvelle Constitution prôné par le pouvoir en vue de permettre au président Alpha Condé de briguer un nouveau mandat. Ce membre des Forces Sociales a affiché son optimiste quant à la réussite du combat du FNDC, avant de mettre en garde les promoteurs d’un troisième mandat en Guinée.
Guineematin.com : en tant qu’administrateur général de la Cellule Balai Citoyen de Guinée, vous êtes l’un des acteurs sociaux les plus dynamiques du pays. Vous êtes d’ailleurs l’un des membres fondateurs du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), dites-nous, où en sommes-nous aujourd’hui avec ce mouvement ?
Sékou Koundouno : le FNDC se porte bien. Des avancées considérables ont été faites, l’engouement est de taille au sein du front. Vous avez remarqué que dès après la création du FNDC, une panoplie d’autres dynamiques anti 3ème mandat ont été créées afin d’accompagner ce vaste mouvement pour l’atteinte des objectifs que le souverain peuple de Guinée leur a assigné. A ce niveau, nous avons assisté à la mise en place des commissions techniques qui nous a permis aussitôt d’avoir un collectif d’artistes dont le single est disponible au niveau du public, mais aussi le collectif des femmes du FNDC, la plénière des leaders du FNDC et le collectif des jeunes du FNDC.
En plus, ce lundi (29 avril 2019), nous assisterons à l’adhésion d’une dizaine de mouvements qui sont créés pour accompagner le FNDC dans cette lutte que nous menons. Je ne veux pas aussi oublier cette vaste opération territoriale qui a commencé dans les 342 circonscriptions et qui consiste à installer dans les districts, les sous-préfectures, les préfectures, les régions et dans les communes urbaines, l’ensemble des antennes du FNDC. Ce qui permettra de mener la lutte sur le terrain à travers la sensibilisation, l’information, la mobilisation, afin que l’envahisseur en face de nous puisse être anéanti dans l’œuf.
Comme vous le savez, la puissance publique appartient au souverain peuple. Et à ce niveau, nous sommes en train de prendre toutes les dispositions citoyennes pratiques et conformément aux lois, aux traités et aux conventions qui gouvernent la Guinée, afin que la souveraineté soit reconquise et qu’elle soit remise au souverain peuple de Guinée.
Guineematin.com : pensez-vous que ce combat va vraiment réussir ?
Sékou Koundouno : nous sommes très confiants et nous sommes réconfortés d’avoir au sein du FNDC l’ensemble des dynamiques sociales et politiques. Nous représentons à date la majorité des Guinéens. C’est pourquoi à Boké, à Boffa, à Coyah, à Dubréka, à Fria, l’ennemi a été anéanti dans l’œuf. Il a été empêché de présenter ce sale projet suicidaire et satanique au souverain peuple de Guinée. Et, j’ose croire que dans les jours qui suivent une opération commando sera téléguidée dans une région administrative du pays et je pense bien que toutes les dispositions seront prises.
Nous restons très confiants et nous sommes convaincus que si ce gouvernement s’entête à nous présenter un quelconque projet ou proposition de loi, soit au conseil des ministres où au parlement, ce gouvernement aurait déclaré la guerre au souverain peuple de Guinée. Et, conformément à l’article 21, alinéa 2 de la Constitution, le peuple de Guinée se fera entendre par tous les moyens légaux prévus par nos textes et par les traités auxquels la Guinée a souscrit.
Guineematin.com : de leur côté, des ministres et autres hauts cadres de l’Etat font une offensive pour promouvoir ce projet de nouvelle Constitution qui devrait déboucher sur un troisième mandat pour le président Alpha Condé. Vous ne craignez pas qu’ils aient déjà pris le dessus sur vous ?
Sékou Koundouno : tout cadre zélé, tout ministre, tout directeur national qui s’entêtera à aller dans cet ordre d’idée, à encourager ou à promouvoir ce projet suicidaire, j’ai puis vous le rassurer que nous travaillons avec la section persécution et crimes de masse de la Cour pénale internationale (CPI) et au niveau de la Cour pénale sous régionale, des dispositions seront prises. Ces personnes seront fichées, répertoriées, nous sommes en train d’identifier les biens de tous ceux qui font la promotion de ce putsch constitutionnel et au moment opportun, quand la souveraineté reviendra au peuple, ces personnes seront traquées, les biens seront saisis et je pense qu’ils seront des exemples pour d’autres personnes qui se mêleront à un tel projet et qui ne reflètent ni la dignité, ni l’honneur du peuple de Guinée.
On ne peut pas se permettre qu’une minorité de gangsters, de pyromanes, d’imposteurs qui n’ont même pas un oiseau en Guinée puissent s’entêter à nous imposer une monarchie ou instaurer un royaume en Guinée. Nous sommes des dignes fils de cette République et nous nous battrons au prix de notre vie, au prix des sacrifices que nos devanciers ont consentis pour faire de la Guinée une République afin que l’Etat de droit puisse être une primauté essentielle pour tous ceux qui travaillent dans le cadre de la démocratie et de l’instauration des vertus qui téléguident même le développement de notre nation.
Guineematin.com : avant ce combat, les acteurs de la société civile que vous êtes, aviez engagé un bras de fer avec le gouvernement autour du prix du carburant. Mais, cette lutte n’avait pas connu de succès. Jusqu’où êtes-vous prêts à aller dans cette autre bataille anti troisième mandat?
Sékou Koundouno : la lutte pour la baisse du prix du carburant n’est pas une bataille qui est perdue par les Forces sociales, mais plutôt par le souverain peuple qui, à un moment donné, a lâché les leaders des Forces sociales. Maintenant nous demandons de se mobiliser, d’être convaincu, que chacun soit leader de sa localité, de mobiliser les citoyens. Parce que nous pensons que c’est notre nombre qui va déterminer notre cadence de frappe. Et à l’heure où je vous parle, la primauté est à notre niveau.
Il suffit tout juste d’y croire, de s’y mettre, de se préparer à tout moment pour sortir réclamer la souveraineté. Je l’ai dit et je le réitère : une minorité de gangsters, de pyromanes, d’imposteurs qui n’atteignent même pas mille cadres ne peut pas prendre cette nation en otage. Nous disons tout simplement qu’on attend le bon moment, que le gouvernement se mette dans l’illégalité afin que le souverain peuple de Guinée puisse s’exprimer par la plus grande manière.
Guineematin.com : on a vu l’ensemble des leaders de l’opposition avec vous lors du lancement du FNDC. Est-ce que vous sentez leur engagement ? Est-ce qu’ils participent réellement à vos travaux ?
Sékou Koundouno : tous les leaders présents et signataires de la charte du FNDC participent à toutes les commissions techniques. Ils sont membres du comité de pilotage qui est coordonné par des leaders des partis politiques, de la société civile et du syndicat. Et, toutes les décisions prises, ils sont associés. Pour le moindre communiqué, ils ont leur coup de pouce à ajouter et on tient compte des préoccupations de toutes les entités membres du FNDC sous le leadership de la société civile.
J’ai l’intime conviction que nous atteindrons nos objectifs parce que nous avons la majorité des guinéens de notre côté. Et, en aucun cas, un petit ne réussira à prendre le pays en otage et de penser que nous, nous vivons dans une malédiction systématique. Nous leur disons qu’on attend le moment opportun et tout ce que l’on veut, c’est le service minimum jusqu’à ce le gouvernement s’entête à se mettre dans l’illégalité. En ce moment, le souverain peuple s’exprimera.
Guineematin.com : récemment, vous avez écrit à la CPI. Quelle est la suite de ce courrier ?
Sékou Koudouno : l’écrit qu’on a envoyé à la CPI via sa procureure, madame Fatou Bensouda, c’était de la saisir de la pièce à conviction, de ce qu’a dit monsieur Alpha Condé, en tant que président du RPG Arc-en-ciel. Elle a diligenté la requête au niveau de la division en charge de persécution et des crimes de masse qui est actuellement en contact avec le chargé des opérations du FNDC. A ce niveau, nous leur remontons, de façon hebdomadaire, toutes les informations sur la Guinée.
Et au moment venu, cette catégorie de guinéens qui est en train de promouvoir ce putsch constitutionnel, ce plan démoniaque seront mis devant les faits et ils répondront devant les juridictions compétentes. Il y a une chose qu’il faut préciser : ce qui se passe maintenant en Guinée, nous nous battrons au prix de notre vie pour que ceux qui sont en train de nous mettre dans l’illégalité soient sanctionnés et qu’ils servent d’exemple. Qu’ils sachent que ce qui était possible au temps de Lansana Conté ne peut pas l’être au temps d’Alpha Condé.
Guineematin.com : est-ce que vous avez peur monsieur Koundouno ?
Sékou Koundouno : je n’ai pas peur et je ne pense pas à la peur parce que chaque jour, je pense me retrouver au cimetière à tout instant. C’est pourquoi dans ma voiture, je marche avec mon linceul.
Entretien réalisé par Nouhou Baldé et Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com