Fête du Travail à Conakry : quand des syndicalistes se donnent honteusement en spectacle !
La Fête internationale du Travail a été célébrée ce mercredi 1er Mai 2019 aux quatre coins du monde. Une occasion qui, traditionnellement, est mise à profit par les syndicats pour présenter le cahier des doléances de la classe ouvrière.
Mais, aussi incroyable que cela puisse paraître, dans la capitale guinéenne, des syndicalistes se sont littéralement donnés en spectacle au palais du peuple, laissant patois plus d’un passant. Des travailleurs appartenant à des structures syndicales rivales se sont jeté des pierres, faisant des blessés. Conséquence : la fête annoncée grandiose s’est soldée une piteuse défaite pour toutes celles et tous ceux qui s’agitent aujourd’hui, au propre comme au figuré, pour essayer de donner l’impression qu’ils défendent les intérêts moraux et matériels de l’ensemble des travailleurs de Guinée. Nombreux sont ces leaders syndicaux qui sont accusés de verser dans la corruption pour s’enrichir indûment sur le dos de la classe ouvrière. Il y en a parmi eux qui se battent uniquement pour occuper des postes de ministres ou de directeurs de régies financières. Toute chose qui les décrédibilise aux yeux des syndiqués qui ne savent plus à quel syndicaliste incorruptible se vouer.
Il faut rappeler que le premier président de la Guinée indépendante, Sékou Touré, s’est révélé d’abord comme un grand syndicaliste avant de présider aux destinées du pays.
Il y a quelques années, précisément en 2006-2007, le mouvement syndical est parvenu à sortir la tête de l’eau. Face à l’inertie de la classe politique, l’Inter-centrale CNTG-USTG, a pris la tête des mouvements de contestation populaire pour réclamer un changement à la fois qualitatif et profond dans la gestion des affaires publiques. Hadja Rabiatou Serah Diallo (actuelle présidente du C.E.S) et feu Ibrahima Fofana (tué dans un accident de la circulation en partance pour Fria) ont été perçus par leurs compatriotes comme des justiciers, des redresseurs de tort. Le régime d’alors a dû lâcher du lest en acceptant de mettre en place un gouvernement de consensus. Un gouvernement qui a été dirigé par un certain Lansana Kouyaté devenu depuis le président du Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN).
Comme indiqué plus haut, depuis quelque temps, force est constater que les centrales syndicales ne font pas assez pour redorer leur blason et regagner la confiance des Guinéens. Ils font plutôt regretter leurs illustres prédécesseurs qui ont marqué d’une pierre blanche leur passage à la tête des centrales syndicales que le pays a connues de son indépendance à ce jour.
A la CNTG par exemple, les héritiers de Hadja Rabiatou Sérah Diallo n’ont pas pu se mettre d’accord. Amadou Diallo et Yamoussa Touré se sont livré une guerre sans merci pour le contrôle de la plus ancienne des centrales syndicales du pays. Le second, de guerre lasse, a dû quitter le navire CNTG pour créer la COSATREG avec d’autres camarades syndicalistes.
A l’USTG de feu Ibrahima Fofana également, c’est la guéguerre de leadership entre le camp d’Abdoulaye Sow et celui d’Abdoulaye Camara. Ils en ont fait la détestable démonstration ce mercredi 1er mai 2019 au palais du peuple, en s’affrontant physiquement. Vivement donc une nouvelle génération de dirigeants syndicaux responsables, proches des travailleurs et apolitiques !
IBRAHIMA SORY CISSE