MEF INFO : Déclaration du ministre des Finances
La 3e revue du programme économique et financier appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) s’est déroulée du 23 avril au 4 mai 2019. L’équipe Pays du Fonds monétaire international est parvenue à la conclusion préliminaire que les fondamentaux économiques sont préservés et que le Gouvernement a réalisé tous les critères quantitatifs d’évaluation :
· notre pays a enregistré en 2018 une croissance économique réelle de 6,3%
· un solde budgétaire de base en excédent de + 0,8% du PIB
· emprunt net du Gouvernement auprès de la Banque centrale: sept mille milliards contre un objectif du programme de sept mille six cents milliards
· réserves internationales nettes de la BCRG (en millions USD): cinq cent quatre-vingt-seize contre cinq cent quarante-quatre
· avoirs intérieurs nets de la BCRG: nous avons réalisé six mille huit cent quatre-vingt-deux milliards contre un objectif de sept mille neuf cent neuf milliards
C’est sur ces chiffres et sans complaisance, ni compromission, que notre économie a été évaluée. Il n’y a donc pas matière à polémiquer ni avancer des allégations mensongères pour induire délibérément nos concitoyens en erreur.
Il est par conséquent important de lever les doutes dans les esprits :
1. Sur le critère continu de réalisation de la limite de l’endettement non concessionnel de 650 millions de dollars pendant toute la durée du programme (3 ans), l’enveloppe de l’endettement non concessionnel a été légèrement dépassée : nous sommes en effet à 658 millions USD contre 650 millions USD. Ces prêts non concessionnels, pour 598 millions contractés dans le cadre de l’accord sino-guinéen, ont été entièrement fléchés sur le financement d’infrastructures routières, à savoir : la voirie urbaine de Conakry et le projet de rectification et de réhabilitation de la RN1.
Le léger dépassement du plafond est effectivement dû à l’appui budgétaire de l’Etat du Qatar pour environ 60 millions USD. Avec des conditions financières bien que très proches de la concessionnalité (32% d’élément don), ce prêt est considéré par le FMI comme non concessionnel car le niveau minimum de l’élément de libéralité est de 35%.
Depuis le mois de septembre 2018, nous travaillons effectivement à rendre ce prêt concessionnel afin de récupérer l’espace d’endettement non concessionnel. Le Gouvernement et l’Etat du Qatar sont en négociations soutenues. Nous avons bon espoir d’aboutir à un résultat favorable.
Enfin, dès la contractualisation de ces prêts, les services du FMI ont été naturellement informés en toute transparence comme cela est d’usage quand on est en programme avec le Fonds monétaire international.
2. Le Gouvernement et les services du FMI ont convenu qu’il faut arriver à une meilleure maîtrise des subventions au secteur de l’énergie. Par conséquent, le Président de la République a instruit de procéder à un audit complet du secteur. En attendant, le Gouvernement poursuit les discussions avec les services du FMI pour déterminer un niveau de subvention à Electricité de Guinée (EDG) qui ne soit pas dommageable pour la stabilité macroéconomique. Il y a cependant une accélération apparente du niveau de la subvention à ce secteur. Cela s’explique par :
L’inscription dans la Loi de Finances initiale de 880 milliards de francs guinéens qui n’incluait pas le paiement de l’énergie produite par le barrage hydroélectrique de Kaléta pour environ mille milliards de francs. Bien avant la 3e revue, les ministères économiques ont prévu d’inscrire ce montant dans la Loi de Finances rectificative. A cela s’ajoute la longue période d’étiage due au changement climatique et le recours au thermique.
Il convient d’indiquer que le prix de revient du kwh est d’environ 1400 FG et le prix de vente 700 FG. Une situation intenable sur la durée qui explique la subvention pour assurer le service public!
Le Gouvernement est conscient qu’il faut remédier à cette situation structurelle de l’entreprise EDG en n’excluant aucune option : un modèle physico-financier (étude tarifaire) en cours de validation et la nécessaire maîtrise des coûts d’exploitation et commerciaux d’EDG pour rendre cette entreprise viable avec a minima un équilibre financier.
3. En ce qui concerne les 90 millions de la 4G, le Gouvernement Guinéen à travers le Ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Economie Numérique et ORANGE-Guinée a signé une convention de concession pour l’établissement et l’exploitation des réseaux de télécommunications mobiles de types 2G, 3G et 4G pour un montant de quatre-vingt-dix millions de dollars des Etats-Unis (USD 90.000.000).
A ce titre, ORANGE-GUINEE a effectué un virement de la moitié du prix du renouvellement des licences, soit quarante-cinq millions de dollars des Etats-Unis (USD 45.000.000) sur un compte-transit de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT). La seconde moitié sera versée au cours du deuxième semestre 2019.
En rapport avec le Ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Economie Numérique, le Ministère de l’Economie et des Finances a engagé les mesures administratives nécessaires pour le transfert du montant viré sur le compte de l’ARPT vers le Trésor public.
4. La SOGUIPAMI : Il s’agit d’une décision souveraine de son Excellence Monsieur le Président de la République. En effet, le Président de la République a constaté que toutes les sociétés minières n’appliquent pas correctement le Code minier en ce qui concerne la part des actions revenant à l’Etat et l’obligation de faire valider tous les contrats miniers par le Ministère des Mines et de la Géologie. Et l’Etat a la possibilité de commercialiser directement la part du minerai qui lui revient en fonction de ses actions. D’ailleurs, le Président de la République avait annoncé publiquement, au Sheraton, lors du Symposium sur les mines en Guinée (24-26 avril 2019), le changement de tutelle de la SOGUIPAMI.
Les partenaires continueront à accompagner la structure dans ses missions. Il est important de noter que le rattachement de la SOGUIPAMI à la Présidence ne change en rien la gouvernance de la société, ni ses missions, Elle n’est pas autorisée à contracter des prêts, ni à s’endetter sur les marchés des capitaux.
Au-delà de tous ces chiffres, il faut souligner le souci permanent du Gouvernement est d’améliorer les conditions de vie des populations. Ces bons chiffres, peut-être abstraits pour nombre de nos concitoyens, doivent pouvoir se traduire sur le terrain et dans le panier de la ménagère. C’est ainsi qu’un certain nombre de dispositifs redistributifs sont mis en œuvre pour assurer l’inclusion économique et financière, et assurer la péréquation entre les milieux urbains et ruraux à travers le Fonds de développement local qui prélèvera une quote-part des revenus miniers pour doter les communes rurales de moyens financiers destinés à la réalisation des équipements socio-économiques dont elles ont besoin.
Le Gouvernement guinéen s’engage à augmenter les dépenses sociales ainsi que stipulé dans la Loi de Finances initiale et assure que les dispositifs d’inclusion économique et sociale et le financement des collectivités joueront pleinement leur rôle en faveur du partage de la prospérité et le recul de la pauvreté.