Ancienne gloire du football guinéen, ancien ministre de la République, Directeur de l’Office National de la Formation et du Perfectionnement et homme de réseaux, Lucien Guilao ne peut plus cacher ses ambitions pour un football guinéen mieux gouverné. C’est du moins ce qu’il laisse transparaître dans un entretien exclusif accordé à la rédaction de Guinee114.com au cours duquel, il laisse également savoir qu’il n’est pas prêt à profiter de la situation difficile que traverse Antonio Souaré pour se faire une place au soleil. Pilotage à vue, laxisme à la tête de la fédération, l’élimination du Syli cadet pour fraude, les audits commandités par le Premier ministre et qui éclaboussent le milieu du football guinéen, sont entre autres sujets évoqués à cœur ouvert par notre interlocuteur.
Interview
Guinee114.com: aujourd’hui, il y a beaucoup de bruits autour la fédération guinéenne de football, beaucoup partent jusqu’à remettre en cause les capacités managériales et l’intégrité d’Antonio Souaré. Seriez-vous prêt à répondre à un appel des présidents des Ligues et des clubs pour porter le flambeau du football guinéen ?
Lucien Guilao: vous savez, la fédération est une association apolitique, c’est une association régie par le statut, il sera étonnant que les présidents des ligue et des clubs se mettent en dissidence pour dire qu’il faut que Lucien Guilao soit là, non !
Mais ça été possible pour Antonio, c’est comme ça qu’il est venu à la tête de la FEGUIFOOT.
Oui ! Ça été possible pour le cas d’Antonio mais aujourd’hui, il faut maintenant que la fédération en place prenne la décision de démissionner ou de ne pas démissionner. Ce n’est pas d’actualité pour le moment. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de travailler avec cette fédération, apporter mon expérience, mes compétences afin de qualifier le travail et je l’ai dit à la fédération, ça fait un an que je leur ai dit, qu’il faut qu’on professionnalise la fédération, qu’on arrête le pilotage à vue et que pour ça, j’étais disponible. A l’heure actuelle, je suis plutôt disponible pour jouer un rôle au sein de cette fédération afin de mieux la qualifier. Si c’est possible, on m’appelle j’irai, si on ne m’appelle pas, j’attendrai peut-être-pour vous faire plaisir-aux prochaines élections on va verra comment ça va se passer, il y aura des candidats, normalement c’est comme ça, c’est la démocratie, mais à l’heure où nous sommes, je ne suis pas candidat à un poste de président de la fédération
C’est donc dans vos perspectives ?
Absolument ! Je suis un joueur, j’ai le niveau, je suis un directeur de société, j’ai joué au football, je connais le football, j’ai des relations. Normalement, j’ai le profil pour l’être, c’est peut-être la motivation qui me manque ou l’envie, mais si j’ai envie, je partirai. Mais en attendant le football est dans une situation actuelle assez déplorable, mon envie c’est de participer à rehausser, à une opération de reconquête.
Ne risquez-vous pas de décevoir tous ces fans et autres connaissances qui inondent déjà la toile de votre image, demandant que vous preniez le leadership de la fédération ?
Il faut mettre ça au compte de la liberté d’expression parce qu’ils ne savent pas exactement comment ça fonctionne, comment ça fonctionne. Mais je vous dis que si la place est vide, je pourrais être là. Mais tant qu’Antonio est là, en train de se battre, je serai à sa disposition lui et son équipe hein ! Moi ce que moi, je conseil à Antonio Souaré, président de la FEGUIFOOT, c’est de sanctionner et de s’entourer de gens compétents.
N’auriez-vous pas peur d’affronter Antonio ?
Pas peur ! Il est légitime, il est élu. Et qu’est-ce que moi j’ai à faire une révolution si c’est pour perdre la révolution. Il est élu, il est légitime, c’est quelqu’un que je respecte puisqu’il y a un, je suis allé le voir pour lui dire : je me mets à ta disposition. Tu ne peux pas aller voir quelqu’un il y a un an pour lui dire je suis à ta disposition pour t’aider à travailler et un an après tu lui fais un putsch ou essayer de le renverser puisqu’il est en situation difficile. Aujourd’hui, il est conscient qu’il est en situation difficile et moi je lui dis, je suis là pour aider. Je lui dis aussi ; sanction s’il ne sanctionne pas, s’il ne pourra aller nulle part. S’il ne se dote pas d’un plan stratégique, il n’ira nulle part parce qu’aujourd’hui, l’impression que moi j’ai, c’est qu’on pilote au coup par coup et ça veut dire qu’on pilote à vue.
En tant qu’ancien footballeur de ce pays est ce que ça ne vous arrive pas d’être gêné que face au Sénégal, l’on perde comme ça la face et qu’on nous disqualifie parce qu’on a fraudé ?
Même si je ne suis pas ancien footballeur, en tant que Guinéen, c’est une honte, c’est une plus grosse honte que se faire battre par Madagascar ou faire match nul avec Madagascar parce qu’on a triché. C’est de faux et l’usage de faux, c’est de l’escroquerie, c’est de la corruption et c’est poursuivable. C’est pour cela que j’ai dit, Antonio non seulement prendra des sanctions. Ensuite, d’autres personnes peuvent porter plaintes contre ceux qui sont les coupables.
Moi aujourd’hui, Je suis footballeur Cadet à qui on a retiré la médaille, je peux porter plainte contre les coupables. Aujourd’hui je crois que la fédération a fait son enquête, elle sait particulièrement qui est impliqué et qui n’est pas impliqué…, parce que ce qui est arrivé ne peut pas se faire sans l’avis du sélectionneur, sans l’avis de certains dirigeants, sans l’avis et la participation du secrétaire général, c’est impossible. Donc il y a un réseau qu’il faut démanteler et Antonio a plutôt intérêt à démanteler ce réseau pour qu’il puisse mettre sa politique en place.
Concernant le Syli senior, vous demandez à Antonio de sanctionner et vous lui demandez la même chose pour les cadets. Est-ce que ça veut dire que vous l’innocentez personnellement ? Est-ce que ce ne serait pas lui le problème ?
Non ! Je ne peux pas lui dire de démissionner. La démission est personnelle, tant qu’il est là, il faudrait qu’il trouve ceux qui ont fait ça. Aujourd’hui, à l’interne, la fédération a fait sa propre enquête, elle a situé les responsabilités et il faut sanctionner. Maintenant, moi, je ne peux pas vous dire que le président de la fédération est lui-même acteur de ça, ça m’étonnerai parce qu’à la CAF, il est président du statut des joueurs, il est président d’une commission à la CAF, il a tout fait pour ça. Toute sa vie est basée sur le football, en dehors de ses business, il n’a fait que ça. Donc je serais surpris qu’il entre dans des plans comme ça pour mettre tout en l’air, ce n’est pas possible.
Maintenant, s’il ne sanctionne pas, je me poserai des questions et on attend sa réaction.
Je vous demandais tout à l’heure par rapport à l’audit que le Premier ministre a commandité à propos de la gestion financière de la participation du Syli à la CAN. Est-ce que vous vous sentez concernés en tant que membre du comité de soutien?
Justement, l’audit concerne les fonds engagés par le ministère des Sports, ça ne me concerne pas. Donc je ne suis pas au ministère des sports, je suis dans un comité de soutien, c’est différent. Pour l’instant, on n’est pas concerné. Nous ce qui est clair, on fera un rapport qu’on déposera au ministère des Sports parce que c’est le ministère des Sports qui a mis en place le comité.
Est-ce que vous avez un message ?
Encore une fois, comme je l’ai dit tout à l’heure, le seul message, c’est qu’il faut qu’on arrête de piloter à vue. Il y a des gens qui parlent d’états généraux du football. Les états généraux servent à quoi ? A faire un diagnostic, mais après les états généraux, il faut mettre en place un plan stratégique pour savoir où on va, parce que la Coupe d’Afrique que nous organisons c’est bientôt.
Interview réalisée par Thierno Amadou M’Bonet Camara et transcrite par Alpha Amadou Diallo