Le Gouvernement guinéen, évoquant des contraintes d’ordre budgétaire, la hausse du prix du baril sur le marché mondial et le souci de ne pas compromettre les programmes conclus avec ses principaux partenaires financiers à l’international, a décidé le 1er août dernier de procéder à un léger réajustement du prix des produits pétroliers à la pompe. De 9500 FG, ce prix est passé à 10.000 FG. Une augmentation de 500 qui, à vrai dire, n’a pas suscité outre mesure une contestation chez les consommateurs qui, dans leur grande majorité, ont estimé qu’il s’agissait là du respect du principe de flexibilité qui s’observe dans tous les pays non-producteurs de l’or noir, dont la Guinée. Même le camarade Amadou Diallo, le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée(CNTG), la plus ancienne et la plus représentative des centrales syndicales du pays, n’a pas jugé nécessaire de réagir négativement à cette légère augmentation du prix du carburant. A noter que dans des pays limitrophes de la Guinée (Côte d’Ivoire, Sénégal, etc.), cette augmentation du prix du carburant à la pompe consécutive au renchérissement du baril à l’international n’a donné lieu à aucune protestation de la part des syndicats de ces pays.
Mais en Guinée, curieusement, c’est trois semaines après le réajustement du prix du carburant à la pompe que le Bureau exécutif national de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG version Abdoulaye Sow) a cru devoir réagir à cette mesure gouvernementale, à travers une déclaration rendue publique ce mardi 20 août, par la voix de son secrétaire général adjoint, Aboubacar Soumah, par ailleurs secrétaire général d’une branche du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG). « Considérant que cette augmentation qui a entraîné la flambée des prix accentue la pauvreté des travailleurs en particulier et de la population en général, le Bureau Exécutif National de l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée invite le Gouvernement à revoir cette situation à la baisse, faute de quoi il se réserve le droit de faire appel à l’ensemble des travailleuses et travailleurs de Guinée à une mobilisation pour la défense de leurs conditions de vie et de travail déjà précaires », peut-on lire dans ladite déclaration.
Pour tous les observateurs avertis, l’USTG-Version Abdoulaye Sow devrait plutôt se préoccuper du manque de légitimité et de la cacophonie qui lui collent à la peau depuis un certain temps. L’USTG que les Guinéens ont connue au temps de feu Ibrahima Fofana n’est plus la même aujourd’hui. Désormais, la branche de l’USTG dirigée par Abdoulaye Camara et l’USTG-Version Abdoualye Sow s’illustrent plutôt dans une guéguerre de leadership et de légitimité qui ne dit pas son nom. Même cas de figure au niveau du SLECG, écartelé entre deux branches pilotées respectivement par Aboubacar Soumah et Kadiatou Bah.
Le 1er Mai dernier, l’on s’en souvient, la célébration de la Fête internationale du Travail, au Palais du peuple, avait donné lieu à des affrontements particulièrement violents entre les deux camps rivaux.
Comme on le voit donc, l’USTG-Version Abdoualye Sow serait bien inspirée de balayer devant sa porte au lieu de tenter un énième bras de fer avec le Gouvernement autour du prix du carburant, pour un résultat connu d’avance.
IBRAHIMA SORY CISSE