Aussi incroyable que cela puisse paraître, dans sa déclaration N°022 du lundi 7 octobre 2019, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) s’est réjoui de n’avoir pas pris part aux consultations nationales pilotées par le Premier ministre en vue de recueillir les avis de toutes les forces vives de la nation (partis politiques, syndicats, patronat, société civile, etc.) sur des sujets d’intérêt national, dont entre autres l’organisation des élections législatives et l’adoption d’une nouvelle constitution par voie référendaire.
Dans la même déclaration, Abdourahamane Sano et ses camarades du FNDC ont appelé le Peuple de Guinée à se mobiliser massivement, partout, le lundi 14 octobre, en vue de grandes manifestations contre ce qu’ils appellent le projet de 3ème Mandat. Et curieusement, ils sont allés jusqu’à demander aux opérateurs économiques et aux sociétés établies sur le territoire guinéen, de s’abstenir de toute activité à partir du 14 Octobre 2019. L’invite a été faite à tous les citoyens détenteurs d’engins roulants privés ou publics à une extrême prudence en les immobilisant. Les compagnies minières, les banques, les usines, les stations de vente de carburant ont été priées de suspendre toute activité durant les manifestations.
Cette déclaration du FNDC, on le sait, ne peut laisser indifférent aucun Guinéen soucieux de la quiétude sociale et de la préservation de l’unité nationale dans son pays. Pour bon nombre d’observateurs, cette sortie s’apparenterait plutôt à une incitation à la révolte populaire contre un président démocratiquement élu et son régime, dont le seul crime est de s’être prononcés librement en faveur de l’adoption d’une nouvelle constitution.
Comme il fallait s’y attendre, suite à cette déclaration du FNDC invitant les Guinéens de l’intérieur et de l’étranger à descendre dans la rue le lundi prochain, le gouvernement, par la voix du ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a tenu un discours de fermeté à l’endroit d’éventuels fauteurs de troubles sur toute l’étendue du territoire national. Dans son intervention à la télévision nationale, le général Bouréma Condé a rappelé l’article 22 de la constitution qui stipule que chaque citoyen a le devoir de se conformer à la Constitution, aux lois et aux règlements. Tout comme l’article 23 qui confère à l’Etat la responsabilité d’assurer la sécurité de chacun et de veiller au maintien de l’ordre public. « Le FNDC, par cette déclaration, outre le fait d’affranchir ses membres de la loi, constitue une menace ouverte à la paix et à la sécurité de notre nation », a martelé le MATD. Avant de mettre en garde les apprentis fauteurs de troubles en ces termes dénués de toute ambiguïté : « Les services de sécurité, fidèles à leur mission régalienne, veillent dans la plus grande sérénité, sans céder cependant la moindre fraction de seconde ou le moindre centimètre carré au règne de l’anarchie. Nul ne peut dénier au peuple de Guinée son droit inaliénable de se prononcer sur la réorganisation des pouvoirs publics et des libertés fondamentales, s’il en exprimait le besoin ».
Donc, en lieu et place des appels à manifester, les animateurs du FNDC seraient bien inspirés de se rendre à l’évidence, en se préparant sereinement à la tenue d’un référendum constitutionnel.
Ibrahima Sory CISSE