Dialogue politique, visite de la mission NDI-KAF : le jeu trouble de l’opposition guinéenne
L’opposition guinéenne, avec le soutien appuyé du FNDC et de ses relais à l’étranger, pense, naïvement, qu’elle parviendra à faire pencher la balance en sa faveur dans son bras de fer politique avec le pouvoir autour de certains sujets d’intérêt national comme l’installation des chefs de quartier, le processus électoral ou encore le projet de nouvelle constitution.
De l’avis de tous les observateurs avertis de la scène politique guinéenne, Cellou Dalein Diallo et ses camarades de l’opposition se comporteraient plutôt comme des enfants gâtés de la République. Pour un oui ou pour un non, ils montent sur leurs grands chevaux ou menacent de faire descendre leurs militants dans les rues. Et toutes les marches qu’ils annoncent pacifiques sont généralement émaillées de violences et d’incidents regrettables. Si l’on n’enregistre pas des cas de morts, ce sont les biens publics ou privés qui font les frais de ces manifestations violentes.
Comme d’habitude, c’est après de nombreuses pertes en vies humaines (dont les causes restent à déterminer) et des dégâts matériels que l’opposition emmenée par Cellou Dalein Diallo accepte de s’asseoir à la table du dialogue, non sans la pression de la communauté internationale.
Le jeudi 5 décembre, les travaux du comité de suivi ont repris sous l’égide de M. Laho Bangoura, un conseiller du PM, en lieu et place du ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, le général Bouréma Condé. Pour beaucoup, avec la mauvaise foi que l’on connaît de l’opposition, il est difficile, voire impossible de sortir de sitôt de l’impasse politique dans laquelle le pays est plongé depuis un certain temps. Pendant que les opposants accusent la CENI de tous les péchés d’Israël dans la conduite des opérations d’enrôlement des électeurs, ils ne se gênent pas de faire publier sur les réseaux sociaux leurs photos prises lors de leur enrôlement au niveau des CAERLE ou d’appeler leurs militants à aller se faire recenser.
Il faut par ailleurs relever que la récente mission de NDI et de la Fondation Kofi-Annan, à sa tête les anciens chefs d’Etat du Bénin (Nicéphore Soglo) et du Nigeria (Goodluck Jonathan) n’est en réalité qu’une initiative de certains membres de l’opposition déguisés en activistes du FNDC qui, il y a plus d’un mois, avaient pris part à Niamey (au Niger) à un sommet sur le constitutionnalisme. Un sommet organisé à l’initiative de NDI (National Democratic Institute) et au cours duquel, il a été principalement question de la limitation à deux des mandats présidentiels sur le continent africain.
Difficile alors de ne pas voir dans cette mission un prolongement du sommet de Niamey. Nicéphore Soglo, le Béninois, sait mieux que quiconque la Guinée n’a rien à envier actuellement à son pays où les élections législatives se sont tenues cette année sans aucun parti d’opposition. Son propre fils, Lehady Soglo, n’est-il pas exilé à Paris à cause de ses ennuis politico-judiciaires ? Quid de Goodluck Jonathan, le Nigérian. C’est pendant son mandat à la tête de ce grand pays pétrolier, le plus peuple d’Afrique, que Boko Haram a enlevé des centaines de lycéennes dans le nord du pays, au nez et à la barbe des forces de défense et de sécurité. A méditer.
Ibrahima Sory CISSE