#Mory_Kanté_et_moi
C’est avec une grande émotion que j’ai appris le décès de Mory Kanté, l’artiste international, le griot électrique, monument de la musique mandingue. Son décès est une grande perte non seulement pour la Guinée et l’Afrique mais aussi pour le monde de la culture universelle.
En cette douloureuse circonstance, je présente mes condoléances les plus attristées à la famille éplorée, au peuple de Guinée et à l’ensemble des artistes africains.
Très jeune, j’ai connu Mory Kanté à Kankan, dans notre quartier de Heremakonon, dans la grande famille de son oncle Djelimoussa Diawara Kanté. À l’époque, on l’appelait tous Morisanda. Dans le même secteur se trouvait une autre grande famille de griots, la famille de Elhadj Fonissiré Condé. Nous partagions alors toutes les joies de notre enfance…
Après son départ de la Guinée, je n’ai revu Mory Kanté que 30 ans après, en France. Par le pur des hasards. Au cours d’une promenade dans les rues de Paris, j’ai apperçu l’artiste entouré d’amis. L’ayant reconnu dans sa tenue blanche immaculée, je n’hésite pas à l’interpeller par son nom de jeunesse, en ces termes : »
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Morisanda iwatomin » (où vas-tu Mory). Ce surnom a dû réveiller en lui tant de souvenirs, car bien qu’il ne m’ait pas reconnu, il s’est démarqué aussitôt du groupe pour se diriger vers moi avec une chaleureuse accolade. Quand je me suis présenté en lui précisant que je suis le fils de l’amie de sa mère N’na MBalou Keita, le visage de Mory Kanté s’est illuminé de nouveau. Il m’a aussitôt invité au restaurant pour discuter. Malheureusement, je n’ai pas pu partager ce vœu avec lui car je devais, dans l’heure qui suit, rejoindre Lille où j’étais attendu pour un stage à la faculté de biologie de l’Université de Villeneuve-d’Ascq.
Après cette brève rencontre, je n’ai revu Mory Kanté qu’en 2012. Récemment, quand il a été décoré par le Président de la République, le Professeur Alpha Condé, il est venu tout joyeux à mon bureau pour me présenter sa médaille d’honneur. L’occasion de nous replonger dans notre tendre enfance avec des petites histoires de l’époque et les souvenirs de Kankan. J’avais retrouvé ainsi mon ami. Mory Kanté et moi avons ainsi continué à garder des contacts étroits. Il réussissait par sa bonne humeur et son humour à nous faire rire aux éclats. Mory Kanté est très attachant. Au début du mois d’avril dernier, au décès de mon beau-frère, l’artiste était à nos côtés pour partager notre peine. Ce fût d’ailleurs notre dernière rencontre.
Il restera éternellement dans nos cœurs.
Repose en paix, griot électrique !