Guinée : pour ou contre la prorogation de l’Etat d’urgence et du couvre-feu
Dans les heures ou les jours à venir, le président de la République, Pr. Alpha Condé, devrait signer un décret pour proroger ou lever l’Etat d’urgence et le couvre-feu instaurés dans le cadre de la riposte à la pandémie de covid-19.
Pour une catégorie de Guinéens, ce serait une bonne chose de lever l’Etat d’urgence dans tout le pays et d’alléger ou de lever le couvre-feu à Conakry pour permettre enfin aux pauvres populations de souffler un peu. En effet, depuis l’instauration de l’Etat d’urgence et du couvre-feu, les activités politiques, économiques, sociales, sportives et culturelles sont quasiment à l’arrêt ou fortement impactées : suspension des assemblées hebdomadaires des partis politiques ; la production industrielle au ralenti ; arrêt des championnats de ligue 1 et de ligue 2 ; difficultés dans le déplacement des personnes et des marchandises ; fermeture des lieux de culte (mosquées, églises ; fermeture des établissements scolaires et universitaires ; fermeture des bars et des établissements hôteliers ; réduction au strict minimum du nombre de personnes participant aux cérémonies de baptême, de mariage ou d’enterrement.
D’autres Guinéens, par contre, soutiennent mordicus que l’Etat ne devrait, en aucun cas, fléchir et se doit de faire observer par tous les citoyens les mesures prises dans le cadre de la lutte contre cet ennemi invisible qu’est le coronavirus mais dont la dangerosité n’est plus à démontrer. Pour eux, même si la Guinée a franchi cette semaine la barre symbolique des 3000 guéris du covid-19, il serait irresponsable, voire suicidaire de baisser la garde dans la croisade anti-coronavirus alors que le pic n’est pas encore atteint. Les campagnes de sensibilisation doivent se poursuivre dans les villes et villages pour amener les populations, majoritairement analphabètes, à respecter les mesures barrières (porter le masque dans l’espace public ; se laver régulièrement les mains avec du savon ou du gel hydroélectrique ; tousser dans le coude ; éviter les contacts physiques ; respecter le principe de distanciation sociale, etc.).
Comme on le voit donc, le président de la république est face à un dilemme : proroger ou lever l’Etat d’urgence et le couvre-feu. Mais quelle que soit la décision que prendra le chef de l’Etat dans les heures ou les jours à venir, il y a à parier que celle-ci fera l’objet d’approbation ou de désapprobation de la part de ses compatriotes qui ne se sont jamais privés de commenter chacun des actes qu’il pose dans l’exercice de ses hautes fonctions de président de la République depuis 2010. En attendant, les Guinéens croisent les doigts et prient que cette maladie soit enfin boutée hors des frontières de leur pays.
IBRAHIMA SORY CISSE