Empocher ou snober les primes de séparation : les députés sortants de l’opposition face à un dilemme !
Au lendemain des législatives du 22 Mars 2020, boycottées par les poids lourds de l’opposition (UFDG de Cellou Dalein Diallo, UFR de Sidya Touré, PEDN de Lansana Kouyaté, PADES de Dr Ousmane Kaba, Bloc libéral de Dr Faya Millimono), une nouvelle assemblée a été mise en place pour la 9ème législature en République de Guinée. Comme le prévoient les textes réglementant le fonctionnement de l’Assemblée nationale, les honorables députés sortants ont droit à une prime de séparation à la fin de leur mandat. Mais le hic est que les deux groupes parlementaires de l’opposition durant la 8ème législature ne cessent de dire haut et fort qu’ils ne reconnaissent pas et qu’ils ne reconnaîtront jamais l’assemblée nationale issue des élections législatives du 22 Mars. Vont-ils empocher ou snober les primes de séparation ? C’est la question que beaucoup se posent. Pour certains observateurs, cette prime de séparation de 150 millions de francs guinéens est un droit explicitement et légalement reconnu à tout député sortant, qu’il soit de la mouvance ou de l’opposition. Tout comme la prime de 500 millions de francs guinéens accordés mensuellement au chef de file de l’opposition (le leader du parti politique de l’opposition ayant le plus grand nombre de députés à l’assemblée nationale).
D’autres, par contre, voient d’un très mauvais œil que des députés qui refusent obstinément de reconnaître la nouvelle assemblée nationale puissent accepter d’empocher cette prime de séparation. Selon des sources dignes de foi, nombreux sont les députés issus des rangs de l’opposition qui voulaient effectivement se présenter au scrutin du 22 mars dernier mais qu’ils auraient été probablement dissuadés ou intimidés par les bureaux politiques de leurs partis respectifs. A l’exception notable de Dr Deen Touré (président du groupe parlementaire des Républicains pendant la 8ème législature) qui a faussé compagnie à l’UFR de Sidya Touré pour se présenter à la députation sous la bannière de GDE de l’honorable Aboubacar Soumah. Ce qui lui a permis de rester au parlement comme président d’un nouveau groupe parlementaire. Parmi les députés sortants de l’opposition, il y en a qui, malgré l’installation de la nouvelle assemblée et la prise de fonction de son nouveau président, continuent curieusement de se considérer comme députés et appellent à l’organisation d’élections législatives inclusives, misant notamment sur le soutien et la pression de la communauté internationale. Reste à savoir maintenant s’ils sortiront gagnants de ce duel avec le pouvoir qui, dans les conditions normales, devrait organiser d’ici à la fin de cette année une élection présidentielle qui polarise toutes les attentions et toutes les craintes aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
IBRAHIMA SORY CISSE