Mali : cet imam qui fait trembler le palais Koulouba !
Ces derniers jours, s’il y a un homme qui fait parler de lui au Mali et dans la sous-région, c’est bien Mahmoud Dicko, un imam sunnite originaire de la région de Tombouctou qui a présidé le Haut Conseil islamique malien (HCIM) de janvier 2008 à avril 2019. Ancien professeur d’arabe, il devient au début des années 1980 l’imam de la mosquée de Badalabougou à Bamako.
En 2009, il s’oppose au projet de code des personnes et de la famille au Mali présenté par le gouvernement et obtient, grâce à une mobilisation importante, sa révision. En 2012, lors de la guerre au Mali, il prend position en faveur d’un dialogue avec les islamistes et rencontre Iyad Ag Ghali, le leader d’Ansar Dine. Lors de l’élection présidentielle de 2013, Mahmoud Dicko soutient la candidature d’Ibrahima Boubacar Keîta. Il passe dans l’opposition vers fin 2017. À son appel, 30 000 à 50 000 personnes manifestent contre le gouvernement à Bamako le 5 avril 2019. Le 7 septembre 2019, il lance la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS), un mouvement politique qui suit sa ligne islamiste..
En juin 2020, sa CMAS s’unit à une large plateforme d’opposition, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). Le 19 juin 2020, il réussit à organiser une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de fidèles et supporters pour demander au président Ibrahima Boubacar Keïta de rendre le tablier. L’actuel locataire du palais Koulouba a, dans une adresse à la nation, tendu la main à ses opposants pour une sortie de crise. Une mission de la CEDEAO qui a séjourné dans le pays a recommandé ente autres la reprise des élections législatives dans les circonscriptions où les résultats ont été fortement contestés. Mais l’imam Dicko et son mouvement n’entendent pas les choses de cette façon. Ils demandent la démission pure et simple de celui que ses partisans appellent affectueusement par ses initiales ‘’IBK’’.
Il faut reconnaître qu’Ibrahima Boubacar Keïta a perdu la confiance d’une bonne frange de ses compatriotes qui lui reprochent d’avoir échoué à faire face aux problèmes qui les assaillent : la crise sécuritaire dans le Nord et le centre du pays ; la crise scolaire, la corruption, la crise sociale avec son lot d’affrontements intercommunautaires. Sans oublier l’enlèvement, dans des circonstances assez troubles, du chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé (en pleine campagne électorale) par des inconnus. Dans le camp présidentiel, on continue de soutenir qu’IBK a été élu de façon démocratique et qu’il doit aller au bout de son mandat en 2023. L’influent imam Mahmoud Dicko et son mouvement vont-ils réussir à faire tomber IBK ? Attendons de voir.
Ibrahima Sory CISSE