Guinée : à qui profite la division des communautés dans la région forestière ?
Ces derniers temps, l’on constate, avec beaucoup d’amertume, que le fossé entre les communautés se creuse davantage en Guinée forestière. Sous Conté, l’on s’en souvient, lors des premières élections communales dans le pays, des affrontements entre autochtones et allogènes ont fait de nombreuses victimes aussi bien à N’Zérékoré (la capitale régionale) que dans les villages environnants. En 2013, à la suite d’un fait divers, Koniankés et Guerzés se sont affrontés, faisant plusieurs dizaines de morts. Les 22, 23 et 24 mars 2020, des cas de morts ont été enregistrés en marge de la tenue du scrutin législatif et référendaire. La semaine dernière, à Koyamah (préfecture de Macenta), un conflit domanial, qui aurait pu et dû être réglé par la justice, s’est transformé en conflit intercommunautaire, avec le lourd bilan que l’on sait (entre 2 et 4 morts selon des sources). La question que beaucoup se posent aujourd’hui est de savoir à qui profite réellement la division des communautés dans la région forestière de la Guinée. A N’Zérékoré, les liens entre Guerzés et Koniankés sont séculaires. A Macenta, les Tomas et les Tomas Manias, par la géographie et l’histoire, sont condamnés à vivre ensemble. Les pyromanes qui, de l’étranger ou depuis Conakry, se plaisaient à verser facilement dans la manipulation à travers les réseaux sociaux pour opposer les communautés les unes aux autres, doivent être démasqués et poursuivis pour incitation à la violence et à la division des fils du pays. Il faut aussi dénoncer avec force ces politiciens en manque de stratégie qui soufflent souvent sur les braises de la division ethnique. On ne cessera jamais de le répéter, la Guinée est et demeure une famille indivisible. Comme l’a dit le professeur-président Alpha Condé, c’est un véhicule qui, pour bien rouler, a besoin de ses quatre roues que sont : la Basse Guinée, la Moyenne Guinée, la Haute Guinée et la Guinée forestière. Sans oublier le brassage par le mariage entre les membres des différentes communautés qui composent la Guinée : Peuls, Malinkés, Soussous, Guérzés, Tomas, Tomas Manias, Kissis, Koniankés, Kourankos, Nalous, Landoumas, Bassaris, Diakankés, Lélés, Manos, Konos, Bagas. Au lieu d’investir donc les réseaux sociaux pour faire passer des messages haineux et publier des vidéos de nature à semer des troubles ou à pousser à la violence gratuite, tout Guinéen patriote se doit d’appeler à la retenue et au calme pour ne pas que notre maison commune prenne feu. A bon entendeur salut !
Ibrahima Sory CISSE