Crise sociopolitique en Guinée : vivement l’ouverture d’un dialogue!
C’est un euphémisme de dire que la Mouvance présidentielle et l’opposition politique en Guinée restent profondément divisées sur la façon dont le pays est dirigé ces dix dernières années.
Pour le RPG Arc-en-ciel (parti au pouvoir) et ses alliés, le professeur Alpha CONDE est une chance extraordinaire que les Guinéens devraient saisir pour engager durablement leur pays dans la voie du développement. Ils n’hésitent pas à évoquer invariablement les actes positifs, les réformes courageuses et les nombreuses réalisations à mettre à l’actif de l’actuel locataire de Sékhououréya : construction des barrages hydroélectriques, des écoles, des hôtels, des routes, des palais de justice, des postes de gendarmerie, des commissariats, des blocs administratifs. C’est pourquoi ils caressent légitimement le secret espoir de voir leur champion briguer un autre mandat pour terminer ou consolider les différents chantiers ouverts aux quatre coins du pays pendant ses deux premiers mandats. Le 6 août dernier, à l’issue de sa convention nationale qui s’est tenue à Conakry, le RPG Arc-en-ciel a demandé officiellement au chef de l’Etat d’être son candidat à la présidentielle de 2020, dont le premier tour est fixé au 18 octobre.
Pour l’aile dure de l’opposition politique (UFDG, UFR, PEDN, Bloc Libéral) et certaines organisations de la société civile (PCUD, Balai citoyen), regroupées aujourd’hui au sein du FNDC (Front national pour la défense de la Constitution), le bilan du Pr. Alpha Condé serait nettement négatif au triple plan politique, économique et social. Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Faya Millimouno, Lansana Kouyaté, Abdourahamane Sano ne ratent aucune occasion pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme les dérives dictatoriales, les graves atteintes aux droits de l’homme, les arrestations d’opposants au 3ème mandat, le recul démocratique sous la présidence du professeur Alpha Condé. Au regard de cette situation, ils croient dur comme fer qu’il faut faire tomber ce système par tous les moyens légaux. Ils ont organisé à ce jour de nombreuses manifestations dont la plupart ont été émaillées de violences, avec mort d’hommes ou destruction de biens publics et privés. Le 22 mars dernier, pour les raisons citées plus haut, ces leaders du FNDC ont préféré boycotter le double scrutin organisé par le pouvoir pour renouveler le mandat des députés et doter le pays d’une nouvelle constitution. La suite, on la connaît. Le parti au pouvoir (RPG Arc-en-ciel) n’a pas eu de mal à se tailler la part du lion lors des législatives (79 sièges sur 114). Au référendum constitutionnel, c’est le oui qui l’a emporté avec une très large majorité.
Les regards sont tournés désormais vers la présidentielle du 18 octobre 2020. Une échéance qui cristallise toutes les attentions mais aussi toutes les craintes. Face au RPG Arc-en-ciel, qui a porté son dévolu sur le président sortant, il y a les poids lourds de l’opposition qui sont vent debout contre un 3ème mandat pour le professeur Alpha Condé. Pour faire baisser les tensions et trouver un terrain d’entente en vue d’un scrutin présidentiel apaisé, des appels se multiplient pour l’ouverture d’un dialogue franc et sincère entre les différents protagonistes de cette crise sociopolitique dont la Guinée peut et doit se passer allègrement pour se concentrer sur son développement et le renforcement de son unité. Le Grand imam de Conakry, l’Archevêque de Conakry, Elhadj Diériba Diaby, l’Ambassade des Etats-Unis en Guinée, la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest), l’Union africaine et l’Organisation des Nations unies ont fait des sorties dans ce sens. Espérons que leur appel sera entendu par les deux bords politiques pour éviter à notre pays un saut périlleux dans l’inconnu. Mieux vaut prévenir que guérir, nous enseigne l’adage français.
Mohamed Diallo