Décès de Lansana Conté-Avènement du CNDD : 12 ans après…
Le 22 décembre 2008, le général Lansana Conté, l’Homme du 3 Avril qui s’est emparé du pouvoir à la mort du président Sékou Touré pour l’exercer 24 ans durant, est décédé à Conakry des suites de maladie. Le lendemain, un groupe d’officiers et de sous-officiers regroupés au sein du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement) et à sa tête le bouillant capitaine Moussa Dadis Camara, s’est emparé du pouvoir, au nez et à la barbe de toutes celles et de tous ceux qui caressaient l’espoir de voir la transition s’opérer par voie constitutionnelle.
Douze (12) ans après, les Guinéens se souviennent de ces deux événements qui ont marqué leur histoire.
A l’occasion de l’An 12 de la disparition du deuxième président de la Guinée indépendante, Général Lansana Conté, ses familles biologique et politique ont organisé les 21 et 22 décembre une cérémonie commémorative à Lansanayah (sous-préfecture de Tanènè, préfecture de Dubréka). Une cérémonie à laquelle ont pris part de nombreuses personnalités du pays (anciens ministres et collaborateurs du défunt président, ministres en poste, religieux, opposants politiques, activistes de la société civile, etc.). Certains retiennent de Lansana Conté l’image d’un soldat courageux, d’un président patriote doublé d’un paysan. Sous son règne, des avancées ont été enregistrées dans le pays : le libéralisme économique, l’ouverture démocratique avec l’organisation des premières élections pluralistes, l’essor de la presse privée. Mais il y en a qui pointent sa responsabilité supposée dans un certain nombre d’événements malheureux que la Guinée a connus de 1984 à 2008 (évènements du 4 Juillet 1985 ou Affaire Diarra Traoré ; embastillement du professeur Alpha Condé au lendemain de la présidentielle de 1998 ; répression sanglante de la manifestation du 22 janvier 2007 à Conakry).
Pour ce qui est du capitaine Moussa Dadis Camara, il faut dire que son avènement au pouvoir, dans les circonstances décrites plus haut, avait suscité de l’espoir chez les Guinéens dans leur immense majorité. La suite, on la connaît. Le 28 septembre 2009, une manifestation pacifique des forces vives de la nation a été réprimée dans le sang dans le plus grand stade de Conakry. Le bilan dressé par les Nations unies et les organisations de défense des droits de l’homme fait état de plus de 150 manifestants tués et des dizaines de femmes violées. Au lendemain de ce massacre inqualifiable, le capitaine Dadis et ses compagnons ont été voués aux gémonies et cloués au pilori par toutes les bonnes consciences aux quatre coins du monde. Blessé grièvement à la tête par son aide de camp, le 3 décembre 2009, il a été évacué au Maroc pour des soins. Il vit depuis à Ouagadougou (Burkina Faso), loin de sa Guinée natale. C’est le général Sékouba Konaté qui conduira la transition ayant abouti à l’élection du professeur Alpha Condé à la magistrature suprême du pays en 2010.
Fanta Camara