Fermeture des frontières avec le Sénégal : et si la Guinée avait raison ?
S’il y a un sujet qui continue de faire couler des flots d’encre et de salive en Guinée, c’est bien la fermeture des frontières terrestres avec le Sénégal. A la veille de la présidentielle du 18 octobre 2021, l’on s’en souvient, les autorités guinéennes, évoquant des raisons d’ordre sécuritaire, avaient décidé de fermer les frontières avec le Sénégal, la Guinée-Bissau et la Sierra-Leone. Le mois dernier, au terme des négociations âprement menées, les frontières guinéo-sierra-léonaises ont été rouvertes, à la grande joie des transporteurs et des opérateurs économiques évoluant entre les deux pays liés par l’histoire et la géographie. Pour ce qui est des frontières avec la Guinée-Bissau et le Sénégal, c’est toujours le statu quo. Le dimanche 28 mars, en visite à Tormelin (préfecture de Fria), le président guinéen, Pr. Alpha Condé, n’a pas mis de gant pour s’en prendre à Dakar qui, selon lui, abrite des gens qui ne souhaiteraient que la déstabilisation de la Guinée. De là à penser à certains ténors du front anti-3ème mandat qui se la coulent douce au Sénégal, il y a un pas que certains observateurs attentifs ont déjà franchi avec empressement. C’est le cas notamment d’Ibrahima Diallo (FNDC), de Sékou Koundouno (FNDC), de Chérif Abdallah (GOHA). Sans oublier ces milliers d’opposants politiques qui, de Dakar, caressent intimement l’espoir de voir le régime Condé s’effondrer comme un château de cartes.
Il est important de rappeler que sous la première République, le président Ahmed Sékou Touré avait lui aussi eu des relations particulièrement tendues avec ses voisins ivoirien (Félix Houphouët-Boigny) et sénégalais (Léopold Sédar Senghor) qu’il traitait de ‘’valets’’ de l’impérialisme français. L’histoire serait-elle en grain de se répéter ? La question mérite d’être posée vraiment au regard du climat de méfiance ou de défiance entre ces deux pays qui sont pourtant condamnés à se parler et à échanger dans l’intérêt de leurs peuples respectifs. Espérons vivement que dans les semaines et les mois à venir, des initiatives seront prises pour normaliser durablement les relations entre la Guinée et le Sénégal.
Même si beaucoup de Guinéens ne pardonnent toujours pas au Sénégal d’avoir unilatéralement fermé ses frontières quand l’épidémie d’Ebola s’est déclarée dans leur pays. La Guinée du professeur Alpha Condé tente-t-elle de rendre au Sénégal de Macky Sall la monnaie de sa pièce ? Nombreux sont ceux, au pays de la Téranga, qui n’hésiteraient pas à répondre par l’affirmative.
Mohamed Diallo