Sommet de Paris: Pr. Alpha Condé absent pour de bonnes raisons !
Ce mardi 18 mai 2021, un sommet s’est tenu à Paris à l’initiative du président français, Emmanuel Macron. Certains chefs d’Etat africains, pour des raisons qui leur sont propres, ont bien voulu prendre part à ce sommet consacré, dit-on, à la relance les fragiles économies des Etats africains, à la question de leur dette et à la crise sanitaire.
Le président guinéen, le Pr Alpha Condé, n’a pas fait le déplacement. Pour ses opposants, c’est un camouflet que Paris vient ainsi d’infliger à l’actuel locataire de Sékhoutoureya.
Mais pour la plupart des observateurs objectifs et cohérents, ce sommet de Paris n’est ni plus ni moins qu’une façon d’infantiliser davantage le continent africain, dont certains dirigeants, après plus de 60 ans d’indépendance, ne se gênent pas encore d’aller courber littéralement l’échine devant le colon français. Un sommet consacré à l’Afrique aurait pu se tenir à Addis-Abeba, au siège de l’Union africaine. Mais il aura fallu une simple ‘’convocation’’ pour qu’une bonne quinzaine de chefs d’Etat et de gouvernement du continent s’empressent de prendre l’avion pour se rendre à Paris pour simplement serrer la main à Emmanuel Macron qui trouve là une occasion inespérée de se refaire une santé géostratégique et diplomatique et se poser en même temps aux yeux de l’opinion comme un grand ami et un infatigable défenseur de l’Afrique. Or, comme le répétait à l’envi son illustre et lointain prédécesseur à l’Elysée, le général Charles de Gaulle, les Etats n’ont pas d’amis, mais des intérêts.
Heureusement, le grand visionnaire doublé du panafricaniste convaincu qu’est le professeur Alpha Condé, n’a pas été associé, ni de près ni de loin à ce sommet que d’aucuns qualifient à juste raison de sommet des illusions, car les promesses qui y ont été formulées avec enthousiasme finiront comme toutes celles qui les ont précédées : dans les tiroirs. L’homme est aujourd’hui à la tête d’un pays dont l’histoire est connue de tous les Français. C’est la Guinée de Sékou Touré qui, en 1958, par son vote négatif au référendum gaulliste, a donné le coup de grâce à l’empire colonial français. L’on se rappelle encore le célèbre discours prononcé le 25 août 1958 par Sékou Touré devant le général de Gaulle à Conakry. « Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage », avait scandé courageusement le père de l’indépendance guinéenne. Et le 2 octobre 1958, en proclamant solennellement son indépendance totale, la Guinée s’est fièrement engagée dans la voie de la dignité et de l’honneur. Deux ans plus, les autres colonies de l’AOF et de l’AEF, ont fini par emboîter le pas à la Guinée pour s’ouvrir le chemin de l’indépendance.
Il y a lieu cependant de se demander si, 63 ans après, la France est prête à pardonner à la Guinée cet affront mémorable qui a lui a été fait. Alpha Condé, lors d’une rencontre à Abidjan, avec le franc-parler qu’on lui connaît, n’a pas hésité lui aussi à demander de couper définitivement le cordon ombilical qui lie les Africains à la France. Une sortie qui, à n’en pas douter, a été modérément appréciée du côté de Paris qui tient à son pré carré africain comme à la prunelle de ses yeux.
Ibrahima sory CISSE