Il était surnommé « Tanka » et reliait la capitale Conakry à la savane guinéenne notamment Kankan. Le train Conakry-Niger a été tout au long du premier régime , un fleuron du transport en commun. En plus de son utilité sociale et économique, ce train offrait un spectacle agréable à ses passagers. À bord, on pouvait contempler les magnifiques plaines de la Basse Côte, les massifs foutaniens et la savane guinéenne. Mon feu père (paix à son âme ) en parlait toujours avec nostalgie.
Tanka a fait de la ville de Kankan, un grand centre commercial et surtout un haut lieu de brassage culturel.
Pour la petite histoire, il faut noter que le Conakry-Niger était destiné, au début, à donner, après le Dakar-Niger, une seconde voie de pénétration vers le Soudan et la boucle du Niger que l’on connaissait assez mal. Limité par la guerre de 1914 à Kankan, au km 662, il ne fut jamais prolongé et donc n’a jamais rejoint l’Abidjan-Niger comme on l’espérait. Le capitaine du Génie Salesses est l’homme du Conakry-Niger : il dirige la construction de bout en bout. En 1895, le chemin de fer est jugé utopique dans cette région très accidentée, et on pense à une route. Mais un an après le début de sa construction, la route est emportée par les intempéries et le projet de chemin de fer revient en force. La construction commencée le let juillet 1900 s’achève le 26 juillet 1914. Employant jusqu’à 6 000 ouvriers, le chantier est très difficile avec des ouvriers locaux qui disent ne pas être payés (le contrat prévoit un paiement à la fin du travail !), ne pas recevoir régulièrement la « ration », être souvent brutalisés par les chefs d’équipe et enfin d’être « épouvantés par le travail à faire dans une région maudite ». Ils fuient le chantier et se cachent, et, en 1905, il faut embaucher 2000 nouveaux travailleurs pour compenser les défections. La ligne est toujours en service et a été complétée par des embranchements industriels, dont un de 152 km construit par des Russes pour le transport de la bauxite de Kindia, et un autre de 132 km, en écartement normal, pour la bauxite de Sangarédi.
Les vestiges de Conakry-Niger auraient dû ou pu être conservés comme patrimoine historique de la République de Guinée. Mais hélas !
Ibrahima sory CISSE
Fils de Kankan