Varvara Karaoulova est une étudiante de l’université d’Etat de Moscou. Elle a 19 ans et a été arrêtée à Kilis, en Turquie, alors qu’elle tentait de passer en Syrie avec un groupe de 13 autres ressortissants russes. Son profil suscite débat puisqu’elle n’est pas musulmane et qu’il s’agit d’une brillante élève. A-t-elle été enrôlée ? ou a-t-elle pris seule la décision de rejoindre le groupe Etat islamique ?
De notre correspondante à Moscou
Varvara Karaulova a été arrêtée en fin de semaine dernière par les gardes-frontières turcs, alors qu’elle essayait, avec treize autres personnes de nationalité russe, de se rendre en Syrie. Des Russes, essentiellement des Caucasiens, ont déjà rejoint en nombre le groupe Etat islamique. Mais peu ont le profil de Varvara, et c’est cela qui suscite un débat.
Varvara est une brillante étudiante de 19 ans, née dans une famille non musulmane. Elle étudie la philosophie en deuxième année à la prestigieuse université d’Etat de Moscou. Son père, qui est parti la chercher à Istanbul, ne comprend pas ; sa fille a longtemps vécu en Europe et aux Etats-Unis, elle parle l’anglais, l’allemand et le francais. Depuis septembre, elle apprenait la langue arabe et s’intéressait à l’islam.
Récemment, la jeune fille avait commencé à porter le hijab. Finalement partie pour le jihad en Syrie, via la Turquie, elle a été retrouvée assez vite car ses parents ont alerté les autorités dès le jour de sa disparition. Elle doit désormais être rapatriée de Turquie en Russie, et non pas extradée, car elle n’a commis aucun crime sur le territoire national turc.
Victime, ou actrice de sa propre décision ?
Dans sa Russie natale, certains voient en Varvara une victime et d’autres pensent qu’elle était tout à fait consciente de ses actes. A-t-elle été enrôlée ? Ou a-t-elle pris la décision de rejoindre l’Etat islamique seule ? Un expert explique que la frontière est souvent ténue entre les deux, car les recruteurs choisissent souvent leur proie parmi les jeunes qui étudient l’islam.
L’avocat de la famille estime en revanche que la jeune fille a été kidnappée. La médiatrice pour les droits de l’homme pense que Varvara n’avait pas des convictions assez fortes, ce qui l’aurait empêchée de succomber à la rhétorique facile du groupe Etat islamique. Un débat sur son cas a même été organisé sur la principale chaîne de télévision du pays.
Car les Russes n’imaginaient pas qu’une de leurs étudiantes pourrait, comme cela a été vu en Europe occidentale, succomber aux sirènes de l’Etat islamique. Un comité d’enquête doit interroger la jeune fille afin d’essayer de remonter la filière qui lui aurait permis de partir. D’après le ministère de l’Intérieur, elle risque d’être inculpée pour avoir tenté de rejoindre un groupe armé illégal.