Grève générale illimitée en Guinée : le point du premier jour avec notre envoyé spécial !
Chers confrères, en dehors de vos différents partis pris et imbrications politiques qui enlèvent toute saveur d’indépendance à vos reportages, voici ce que je vous propose de manière plus concise :
Le mouvement syndical guinéen a lancé à partir de ce lundi 26 février 2024 une grève générale et illimitée sur l’ensemble du territoire national, touchant les secteurs public, privé et mixte du monde du travail. Cette action sociale fait suite à des revendications des centrales syndicales non satisfaites par le Gouvernement, jusqu’à sa dissolution par le chef de l’État guinéen, le Général Mamadi Doumbouya, le 19 février dernier pour des raisons qui restent encore floues, selon la classe politique et les acteurs sociaux. Cependant, pour le ministre secrétaire général de la Présidence, le Général Amara Camara, cet acte vise à répondre aux attentes des populations en termes de respect et de redynamisation des aspects social, économique et politique, tel qu’engagé par l’organe dirigeant du pays, le Comité national du rassemblement pour le développement (Cnrd) au lendemain de sa prise du pouvoir le 5 septembre 2021.
Le mot d’ordre de grève générale lancé par les syndicats a été plus ou moins largement suivi sur tout le territoire national, à l’exception de quelques activités sporadiques et d’incidents entre forces de l’ordre et des émeutiers à Bailobaya, dans la commune à risques de la capitale, Ratoma, également appelée « Axe de la Liberté » par certains ou « Axe du Mal » par d’autres, c’est selon.
Jusqu’en début d’après-midi, un calme précaire régnait sur Conakry, tandis que les dirigeants du mouvement syndical étaient en conclave à Donka avec les acteurs religieux du pays, dans l’objectif de trouver une solution à la crise qui paralyse les activités économiques, déjà perturbées par les récentes augmentations des prix des denrées alimentaires de première nécessité. À l’issue de plusieurs heures de délibération, un syndicaliste ayant pris part à la réunion a déclaré : « Les religieux disposent de 72 heures pour rencontrer le Général Mamadi Doumbouya et obtenir une réponse satisfaisante aux revendications, mais d’ici là, la grève reste maintenue ».
Dans leur plateforme revendicative, le mouvement syndical guinéen exige sans conditions la libération du secrétaire général du Syndicat de la presse privée guinéenne (Sppg), Sékou Jamal Pendessa, arrêté précédemment pour rassemblement non autorisé, infraction à la tranquillité sociale par le biais d’un système informatique et autres chefs d’accusation similaires, jugé et condamné à six mois de prison assortis d’un sursis de trois mois et d’une amende de 500 000 francs guinéens. Ils réclament également la fin du brouillage des médias, la baisse des prix des denrées de première nécessité ainsi que le respect de l’accord du 15 novembre 2023 concernant l’amélioration des conditions de vie et de travail des fonctionnaires. Ce sont, entre autres, les missions des acteurs religieux auprès du Président Mamadi Doumbouya, dont tous attendent une réponse favorable. En attendant, alors que les partis politiques se sont mêlés à la situation, Conakry retient son souffle.
Par Abdoulaye SANKARA