Au lendemain de la visite de la procureure de la Cour pénale internationale, le ministre guinéen de la Justice se félicite des avancées de la procédure judiciaire concernant le massacre du 28 septembre 2009 à Conakry. Il dit espérer une clôture de l’instruction en octobre prochain, et pronostic un jugement au plus tard au cours du premier trimestre 2016. Il évoque «
une vingtaine » d’inculpations, et pense que les juges entendront l’ex-chef de la junte, Dadis Camara, «
dans les semaines à venir ».
A l’issue de sa visite en Guinée, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) dit avoir noté «
des progrès importants et encourageants dans l’enquête conduite par le pool des juges d’instruction » sur le massacre du 28 septembre 2009. Dans un
communiqué publié hier, Fatou Bensouda a également salué le fait que «
les juges ont reçu des moyens supplémentaires pour exécuter leur mandat en toute indépendance » dans l’enquête qu’ils mènent sur cette journée terrible lors de laquelle au moins 157 personnes avaient été assassinées et plus d’une centaine de femmes violées.Au micro de RFI, le ministre guinéen de la Justice, Cheick Sako, se félicite lui aussi de
cette visite lors de laquelle la procureure de la CPI a rencontré le procureur général, les deux présidents de la chambre d’accusation et les trois juges d’instruction en charge du dossier. Il a également fait le point sur l’état d’avancement d’une procédure dans laquelle «
400 parties civiles ont été entendues ». «
Il y a eu beaucoup d’inculpés, militaires et civils. Une vingtaine en gros, des gens très importants ont été inculpés, même tout récemment. Et ça va continuer, explique le ministre.
Nous nous acheminons vers la fin de l’instruction. On espère que, d’ici octobre, on [la]
finira et que l’on s’acheminera vers un jugement qui aura lieu avant fin décembre ou pendant le premier trimestre 2016. »
Dadis Camara sera auditionné « si tout se passe bien »Reste le cas de l’ex-chef de la junte, au pouvoir au moment du massacre du 28 septembre 2009. Dadis Camara, toujours réfugié au Burkina Faso, a récemment annoncé sa volonté de rentrer en Guinée et, même, de retourner dans le jeu politique, scellant notamment une
surprenante alliance avec l’opposant Celou Dalein Diallo. Interrogé sur l’éventuelle arrestation de Dadis Camara à son retour à Conakry, le ministre de la Justice a assuré que «
Moussa Dadis Camara va être interrogé, va être auditionné. D’ailleurs, il le dit lui, il n’est pas fuyant par rapport à ça. Il a dit à plusieurs reprises qu’il souhaitait s’expliquer devant les juges. Donc, précisément, les juges vont l’auditionner dans les semaines à venir, si tout se passe bien. »
« Je reste à la disposition de la justice guinéenne à n’importe quel moment et devant le barreau guinéen », avait en effet affirmé, le 11 juin dernier au micro de RFI, l’ancien chef de la junte, insistant que le fait que « même étant président, même candidat à l’élection présidentielle, [son] choix serait de passer un jour devant les juges, devant la communauté nationale et internationale, pour dire [sa] part de vérité. »
L’élection présidentielle qui doit se tenir en octobre prochain était un autre des dossiers sur lesquels Fatou Bensouda s’est exprimé. La procureure de la CPI a souligné que sa quatrième visite en Guinée depuis sa prise de fonction avait un caractère « préventif » : « Il faut absolument éviter que de nouveaux crimes soient commis, quelles que soient la situation, les circonstances », a-t-elle martelé, soulignant son intention de « suivre la situation de près. »
RFI