*Crise à la Féguifoot : Bogola Haba au banc des accusés ? Quand l’intérêt d’un homme prend le pas sur celui d’une nation*
Depuis la révocation temporaire de Bouba Sampil, l’atmosphère semble pesante autour du ministère des Sports, dirigé par Bogola Haba. Une impression qui ne tient pas seulement à l’émotion ou à l’actualité immédiate, mais à des faits et des décisions qui interrogent en profondeur.
Car si la révocation de l’ancien président de la Féguifoot a suscité un débat, elle a surtout été perçue, pour beaucoup d’observateurs du football guinéen, comme un acte nécessaire. Un acte de rupture, mais aussi de responsabilité. Les sept membres du Comité exécutif ayant pris cette décision ont répondu à une urgence : redonner à la Fédération sa légitimité, son autonomie, et son ancrage dans des règles claires.
Jamais, en effet, une décision n’aura réuni autant de soutien. L’opinion publique, les acteurs du football, les membres statutaires : tous ont salué cette démarche comme un tournant vers plus de transparence. Elle s’inscrit dans les statuts. Elle respecte les procédures. Elle répond à une volonté collective.
Face à cela, la réaction du ministre Bogola Haba surprend. Plutôt que d’accompagner cette transition, il semble vouloir la remettre en cause en envisageant l’installation d’un Comité de normalisation. Une manœuvre interprétée par beaucoup comme un retour en arrière et, surtout, comme une tentative de sauver l’ancien président, même au prix d’un chaos institutionnel.
Des sources proches du dossier affirment que le ministre aurait clairement exprimé sa volonté de ne pas laisser Bouba Sampil tomber seul, et d’emporter avec lui l’ensemble du Comité exécutif. Une position qui fait bondir les défenseurs de la légitimité statutaire, et pose une question de fond : à quel moment l’intérêt national a-t-il cédé la place aux affinités personnelles ?
Cette inquiétude est d’autant plus renforcée par le timing de la lettre adressée à la FIFA. Pourquoi, alors que la crise secoue la Féguifoot depuis août 2024, le ministre n’a-t-il sollicité une mission d’observation qu’à la date du 8 avril 2025 — précisément le jour prévu pour la révocation de Bouba Sampil ? Ce geste, lourd de symboles, soulève des doutes sur la neutralité du ministère et sur la sincérité de sa volonté de trouver une solution juste.
Pendant ce temps, les membres du Comité exécutif continuent leur travail. Unis autour du président par intérim, Sory Doumbouya, ils avancent avec un objectif : reconstruire, rassembler, réconcilier. Ils appellent à l’unité, au respect des textes, à la fin des manipulations.
Le football guinéen traverse une phase critique. Il a besoin de clarté, de stabilité, d’engagement sincère. Pas de calculs, ni d’ambiguïtés. Il est temps que les autorités politiques placent enfin le sport au-dessus des intérêts individuels.
Car si le football est une passion populaire, il est aussi un outil de cohésion, un levier de développement, une fierté nationale. Le trahir, c’est trahir tout un peuple.
Par Bernard TOLNO
LYON ( France)