A l’occasion de sa première sortie pour le journal de campagne de la RTG, le Président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, a surpris les téléspectateurs par le caractère ethnocentrique et inapproprié de son discours. En voulant se départir de toute idée régionaliste que l’on lui colle, le leader de l’UFDG n’a fait que confirmer ce que l’on pense de lui : il est foncièrement communautariste.« Moi, Cellou Dalein Diallo, comme beaucoup d’entre vous le savent, je suis né dans un village appelé Dalein, dans la région de Labé. Si, de par ma naissance et par la force du destin, je suis peulh et fier de l’être comme chacun de vous l’est de ses racines, je suis avant tout Guinéen », voilà la monstruosité que Cellou Dalein Diallo a lâché lors de sa sortie au compte du journal de campagne. Mais diantre, pourquoi l’homme ne peut-il pas éviter dans ses discours de revenir chaque fois sur l’aspect ethnique, un sujet très délicat dans cette Guinée fragile ? Pour quelle raison a-t-il eu besoin de déclarer haut et fort ce que tout le monde sait, à savoir qu’il est Peulh. C’est la première fois dans l’histoire des élections au monde qu’un candidat a un tel discours. Ce faisant, il prouve qu’il est le candidat qui symbolise le plus la volonté d’une communauté d’accéder au pouvoir. Son programme semble d’ailleurs se résumer en ce slogan repris en chœur par ses partisans pour revendiquer l’exercice du pouvoir par un peulh après que les représentants des autres ethnies se soient succédé au pouvoir. M. Diallo est ainsi le chef de file des peulhs irrédentistes affichant mépris ou condescendance envers les autres Guinéens. Le ton et le discours de l’homme prouve à suffisance le mépris qu’il a des autres. Personne ne lui a jamais nié le fait qu’il soit Peulh, bien au contraire. Ce que l’on lui reproche c’est justement l’exacerbation du facteur ethnique dans la vie politique et sociale de la Guinée. L’on se rappelle que le 17 août 2014, à Chicago, aux Etats-Unis, le leader de l’UFDG a prédit une guerre civile en cas de défaite aux élections de 2015 et au cours de laquelle, la communauté de la Basse Guinée serait disposée à le soutenir. Il a clairement indiqué que les Soussous étaient prêts à soutenir les Peulhs pour chasser Alpha Condé du pouvoir. C’est infamant et irresponsable de la part d’un leader politique dont pourtant rôle est de contribuer à l’éducation politique et civique des citoyens, à la consolidation de la démocratie et à la construction de l’unité nationale. En tenant son habituel discours sur l’ethnie, Cellou Dalein Diallo oublie qu’il inspire la méfiance voire la peur des autres communautés en son endroit, ce qui ne joue guère en sa faveur. Contrairement à ce qu’il se dit de lui-même, il n’est pas Peulh car il n’y a pas de Soussous, de Guerzés ou de Malinkés, il n’y a que des Guinéens. Et ce jeu de mots ridicules (je suis Peulh mais avant tout Guinéen) n’a pas suffit à édulcorer l’horreur de la phrase. D’ailleurs qui lui a dit qu’il n’est pas Peulh et fier de l’être ? Y a-t-il une honte ou un quelconque sentiment d’infériorité à appartenir à une ethnie ? Pourquoi ce besoin de crier sa tigritude à la face du monde ? C’est une autre victimisation et le peuple de Guinée ne se laissera pas prendre au piège de l’ethnocentrisme. Il est quand même malheureux de constater qu’il se trouve dans ce pays, des gens qui se disent démocrates mais qui ne rêvent que de la chienlit pour pouvoir atteindre leurs objectifs aux antipodes des principes de la démocratie.
Les vrais démocrates et autres patriotes épris de paix et de justice sont donc prévenus et doivent se mobiliser pour barrer la route à ceux qui rêvent débout et espèrent vivement le chaos pour se réaliser.
En ces périodes incertaines pour la paix sociale et la démocratie, on ne peut que penser à Aristide BRIAND (1862-1932) qui disait : «Pour défendre l’existence de la nation, s’il avait fallu aller jusqu’à l’illégalité, je n’aurais pas hésité».
A méditer par chaque Guinéen et par tous.
Dr. Mohamed Camara
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