Alors que les spéculations des noms du nouveau Premier ministre d’Alpha Condé vont bon train de partout. Ce jeune diplômé de l’école nationale des finances publiques de Paris décline déjà son point de vue sur ce qui doit être les priorités du nouveau gouvernement d’Alpha condé. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, Mamadou Gando Bah parle de tout en ce qui concerne les futures reformes du président réélu de Guinée. De la reforme de l’Etat, la reforme industrielle, l’investissement dans le secteur agricole, les mines et en fin le renforcement de la paix et l’unité nationale.
« Le prof Alpha condé a été réélu au terme d’un premier mandat de cinq ans laborieux. Il a eu à réaliser un certain nombre d’actions, notamment la construction des ouvrages publics, la reforme de l’administration et également l’amélioration de la vie de la population guinéenne.
C’est grâce à ces chantiers réalisés que le peuple de Guinée a renouvelé sa confiance en sa personne. Je pense que le nouveau mandat qui vient à point nommé, doit être axé sur des reformes beaucoup plus approfondies.
Mon souhait est que le nouveau gouvernement qui doit être mis en place, doit être capable de relever les défis majeurs qui sont liés notamment à des reformes qui tiennent à cœur le président de la république. Je prends notamment la reforme de l’Etat, la reforme industrielle, l’investissement dans les secteurs agricole et minier et le renforcement de la paix et l’unité entre les guinéens.
La reforme de l’Etat
La reforme de l’Etat sous-entend un changement, dés qu’on parle de changement, les gens ont souvent peur, parce que quand on procède à la reforme de l’Etat, il y aura notamment des cadres qui vont se poser la question qu’en cas de changement quelle sera leur future position ?
Sur ce point, quand le président de la république fut élu en 2010, il adit qu’il a hérité un pays et non un Etat. C’est pour cela il a mis en place le Haut commissariat de la Reforme de l’Etat et de l’Administration Publique, qui s’est fixé comme objectifs : de reformer l’Administration Publique dans son organisation et son fonctionnement.
Il ya eu des initiatives parmi les quelles le projet de création de l’Ecole Nationale d’Administration et le recensement biométrique.
Je pense que ces reformes sont pour l’heure insuffisantes par rapport aux enjeux qui sont là. Donc pour cette raison l’administration guinéenne a besoin d’une refondation complète.
Le vœu du président n’est pas encore atteint dans le cadre de cette reforme de l’administration. Comme ce secteur tient à cœur le président de la république, il doit à cet effet choisir des personnes intègres et possédant des qualités techniques pour porter cet ambitieux projet.
Il faut admettre que jusqu’à présent nos structures administratives sont lourdes et lentes, parce qu’il y a de nombreux cadres au sein de cette administration qui ne font pas la différence entre l’intérêt général et l’intérêt personnel, donc l’efficacité n’y est pas en termes de la bonne marche de services publics.
Donc pour cette raison, j’aurai souhaité que la nouvelle Ecole Nationale d’Administration s’inspire à celle de la France, parce que je ne sais pas pourquoi ceux qui sont à la tête de ce projet ont préféré le canada qu’à la France, alors que la Guinée et la France partagent les mêmes cultures administratives, donc ça devrait être l’ENA de paris qui en principe devrait nous apporter son expertise.
Donc les jeunes cadres qui vont être formés, doivent automatiquement remplacer les anciens qui ont atteint l’âge d’aller à la retraite.
Le fondamental, c’est de former les jeunes cadres. Former les cadres à concevoir les projets de développement, et que l’Etat crée les mesures incitatives pour amener les cadres à travailler à l’intérieur du pays. Parce qu’on ne pas donner l’impression que la Guinée s’arrête seulement à Conakry. Donc les cadres doivent être déployés à l’intérieur du pays où il y a la majorité de la population guinéenne qui attend beaucoup plus du gouvernement en termes d’amélioration de leur condition de vie.
Prenez par exemple le secteur de l’éducation, il y a des écoles dans certains villages qui n’ont pas de professeurs, c’est pour cela que je dis que les mesures incitatives doivent être créées pour amener les cadres à servir à l’intérieur du pays. Donc par conséquent, il faut pousser les reformes dans ce secteur.
Dans ce même contexte de reforme de l’Etat, au niveau de la justice il ya le recrutement de quelques magistrats, et greffiers. La justice doit continuer ces reformes. Et faire en sorte que le nombre de magistrats soit revu à la hausse, c’est-à-dire un magistrat pour trois cent citoyens en termes de ratio.
Pour un plaidoyer, l’Etat doit augmenter le budget de cette justice et accélérer la construction de la prison de Dubreka afin de mieux gérer la population carcérale.
Secteur des Mines
Ce secteur est orphelin, c’est-à-dire qu’il y a un manque de spécialistes sur des questions minières, des ingénieurs et autres qui connaissent bien ce secteur.
La Guinée est un pays potentiellement minier donc par conséquent, il doit y avoir des écoles des mines pour former les cadres à aider l’Etat guinéen pour que le peuple puisse bénéficier des retombées. Si non l’Etat sera obligé de faire venir la main d’œuvre extérieure dans ce secteur. Au de-là de cette initiative, l’Etat doit aussi créer des écoles des ingénieries agricoles.
La reforme industrielle
Si la Guinée veut être un pays émergent, elle doit s’atteler à rehausser son taux de croissance. A ma qualité de spécialiste de gestion publique, je dis que la Guinée est capable d’avoir un taux de croissance de deux chiffres pour les cinq à venir.
Vu l’annonce d’investissement de vingt milliard de dollars par Rio Tinto, et les différentes promesses d’investissement dans ce secteur. Ensuite avec une stabilité politique durable, le tout basé sur des reforme courageuse au sein de notre administration. Je redis la Guinée est capable d’avoir un taux de croissance de deux chiffre avec la deuxième mandature du prof Alpha condé.
En plus de ça, l’Etat guinéen doit prendre des décisions courageuses pour encourager la transformation des matières premières sur place.
Dans ce même processus d’industrialisation, l’Etat doit aussi créer des usines de transformation pour les fruits tels que, les manques et oranges voire les pommes de terre dans l’idée d’encourager les producteurs à accroitre le cap de leur production.
Il y a une chose qu’il faut mettre en avant, ce que la justice doit rassurer les investisseurs d’abord. C’est pour cette raison que les reformes en cours au niveau de la justice doivent continuer afin qu’elles puissent répondre efficacement aux besoins des investisseurs.
A ce niveau, la justice doit être souple et attrayante pour les investisseurs. Aucun investisseur ne va venir investir dans un pays là où il y a l’insécurité. Raison de plus pour les forces de sécurité de protéger les hommes d’affaires ainsi que l’ensemble de la population.
En outre, l’investissement permet la production, et la production amènera l’Etat à faire face à la demande sociale.
Paix et unité nationale
Vous savez les élections en Afrique ont d’une manière générale entrainé l’effet inverse, c’est-à-dire au lieu qu’elles servent la victoire du peuple, elles servent à opposer les uns et les autres, à cause de comportement de certains hommes politiques qui ne prônent pas la paix. C’est pour toutes ces situations que le président Alpha condé a mis en place un comité de réflexion de réconciliation nationale pour que les guinéens assument leur passé et s’acceptent d’avantage. Cette initiative est à saluer et à approfondir.
Vive la Guinée ! »
Propos recueillis par Moussa Diabaté