Quand deux Mohamed se suivent, le second se met en veilleuse. C’est exactement comme cela qu’on pourrait expliquer ce qui se passe entre le Ministère des Finances piloté par Mohamed Diaré et la Direction de cabinet de la Présidence de la République, géré avec tact par un certain Mohamed Diané, ministre directeur de cabinet à la présidence.
En effet, selon un communiqué rendu public depuis des jours, le ministre Diaré n’est plus habilité à signer des sorties de fonds dépassant 200 millions GNF. Au-delà, il revient désormais à Dr Diané de la Présidence de la République de mettre son OK, avant la sortie de tous fonds excédant le cap déjà fixé. L’affaire fait grand bruit, mais l’homme du Palais n’en a cure. Aujourd’hui, on vit une sorte de période de flottement, moment propice pour les bandits à col blanc de sortir des ressources pour des poches occultes. C’est donc une autre façon pour Alpha Condé de serrer les robinets et sauver ce qui peut l’être. Car après tout, les rats tapis dans l’ombre savent toujours passer entre les mailles. Dr Diané pourra jouer son jeu. Mais rien n’exclue qu’il ne soit pas soudoyé par des petits malins. Etre donc aux manettes, c’est juste pour se voiler la face. Il est quand même l’homme de main d’Alpha Condé.
Voici ce que JA disait de lui, il y a peu : « Au Palais, on l’appelle le Docteur, en raison de son passé de biologiste. Mais il est surtout une sentinelle : depuis toujours, il veille sur le fondateur du RPG. Pendant les deux ans et demi de prison d’Alpha Condé (décembre 1998-mai 2001), il est courageusement resté à Conakry pour s’occuper du
détenu et mobiliser l’opinion en sa faveur, en liaison permanente avec le professeur de droit Albert Bourgi, à Paris. Aujourd’hui, il est incontournable. Confident d’Alpha Condé, il voit ce dernier tous les matins. Quand un ministre souhaite changer un membre de son cabinet ou proposer un décret à la signature du président, c’est lui qui examine d’abord la requête et donne son avis. Quand le « chef » n’a pas le temps, il arbitre à sa place. Taiseux, un brin taciturne, il est partout, sauf à la radio et à la télévision. Aux yeux des Guinéens, il incarne le pouvoir invisible. »
Autant donc aller savoir pourquoi Alpha Condé l’a pris comme rempart pour sauver les finances publiques, en attendant la prise de fonction, prévu pour le 21 décembre.
Jeanne Fofana, www.kababachir.com