Radio France Internationale (RFI) a eu accès à certaines écoutes téléphoniques réalisées par les services de sécurité du Burkina Faso durant cette période. lesquelles ont été diffusées ce vendredi matin sur la radio du monde. Selon l’audio diffusé, le général Général Diendéré a reçu plusieurs témoignages de soutien, des encouragements et des conseils de la part de ses connaissances et amis en Afrique mais aussi en France. Parmi eux, deux ivoiriens sont cités: Le général Soumaïla Bakayoko, le chef d’état-major de l’armée ivoirienne et le lieutenant-Colonel Koné Zacharia.
Nous sommes dans les dernières heures de la tentative de putsch. Le général Diendéré est réfugié au camp Naaba Kom, siège de son régiment, le Régiment de la sécurité présidentielle (RSP). Des militaires loyalistes à la transition sont entrés en ville. Les chefs d’Etat de la Cédéao se sont mobilisés. Le coup est mis en échec et le général est en pleine négociation avec les autorités de la transition qui exigent le désarmement du RSP menaçant de dissoudre le régiment.
C’est dans cette période cruciale que le général reçoit et passe de nombreux appels téléphoniques enregistrés par les services de sécurité.
Tandis qu’il est aux abois, l’épouse du général, Fatou Diendéré, se cache. Elle reçoit elle aussi des appels de soutien. Notamment celui attribué au lieutenant-colonel ivoirien Zacharia Koné. Celui-ci, ancien commandant de zone du temps de la rébellion, connaît bien le couple Diendéré. Au cours de la conversation, Fatou Diendéré appelle son ami « mon fils » et celui-ci lui donne affectueusement du « la vieille ».
« Ne vous en faites pas, ici vous avez beaucoup de soutiens la vieille, beaucoup de soutiens ! Même si c’est un affrontement, vous avez beaucoup de soutiens. Que ce soit en hommes, que ce soit d’autres… On ne peut pas tout dire. Mais c’était ma première fois de voir le général Bakayoko couler une larme (pleurer NDLR) »
EN effet, le général Soumaïla Bakayoko, actuel chef d’état-major de l’armée ivoirienne, fait partie des proches du général Diendéré.
Nos confrères de RFI ont diffusé dans le journal Afrique de ce vendredi 22 janvier 2015, une écoute téléphonique entre le général et un homme présenté comme étant le général Bakayoko. Il conseille à Diendéré de provoquer un clash pour renverser le rapport de force afin d’être en mesure de sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve alors.
« Parce que si tu ne fais pas ça et que tu restes coincé comme ça… Tôt ou tard, l’issue va se resserrer, se resserrer, se resserrer et tu n’auras plus aucune marge de manœuvre. Et là, d’abord, ils vont tout mettre sur toi. Ça il faut le savoir. Politiquement ils vont te dire « tu es le plus gradé, tu es un général ». Ils vont estimer que c’est toi qui as mis les gens dans cette situation-là. Et si tu ne fais pas attention, tes propres petits vont se retourner contre toi. Et après c’est vous et vos familles qui vont payer. »
Il poursuit. « Donc s’il y a des garçons là-bas, vraiment c’est des choses qui… parce que dans ce cas, je dis, il n’y a pas deux solutions. Tu comprends ? Si tu laisses faire calmement pour te dire, « bon, Dieu le veut », une fois que tu arrives chez eux là-bas, c’est pour finir avec toi, ça c’est clair ! Je suis au regret de le dire… Si ce n’est pas eux, ce sont tes propres petits qui vont se dire, « bon ben vraiment pourquoi ils t’ont suivi jusqu’à présent ». Conclusion, tu es condamné à mener l’action. Donc monte un truc bien. Quoi que ce soit, je ne sais pas. Mais dès que les gens disent « non c’est très simple, c’est parce que ce garçon peut plus déposer (les armes NDLR). C’est que les garçons n’ont qu’à venir nous prendre ici et puis on n’en parle plus ». Nous on dit, « tout ça, on ne peut concevoir ça », et là, le grand chef là, Mogho Naba, va appeler les gens, ainsi de suite… »
Depuis le debut l’affaire, Abidjan n’a pas voulu commenter ces écoutes téléphoniques, appelant les autorités burkinabè à la diplomatie. Ainsi, le président Ouattara a déjà eu deux tête-à-tête avec le numéro un burkinabè, ainsi que le Mogho Naba.
Il rappeler que selon nos confrères de RFI, les Ivoiriens ne sont pas les seuls à avoir eu le général Diendéré au bout du fil durant ces journées de septembre. De source militaire française, nous savons que plusieurs gradés de l’état-major à Paris l’ont eu au téléphone. C’était pour le dissuader, dit-on, de poursuivre son action.
(K.O. Avec RFI)