Décidément, jamais une commande publique en Guinée, n’aura été aussi maudite comme celle relative à diverses fournitures en faveur du projet de formation de 4015 policiers, pour le compte du ministère de la sécurité.
Dire qu’on est au bout du rouleau, et que ce marché est ou va être définitivement attribué, c’est mal connaître tout le pataquès des intrigues, jeux d’influence, coups bas et tensions inter-personnes et inter-institutions, qu’il y a autour du dossier.
Pour aller droit au but, il faut dire que si l’attitude d’un des acteurs, surprend, étonne et inspire de la répulsion dans ce dossier, c’est bien Guillaume Curtis, Directeur Général de l’ARMP (Autorité de Régulation des Marchés publics).
Que s’est-il passé pour que l’homme ravale aussi vite ses récriminations et les vives protestations de son institution, laquelle, on se rappelle avait fait vent debout contre la procédure d’attribution provisoire dudit marché et exigé son annulation ?
Que s’est-il bien passé entre cette fameuse décision 009 du CRDS (comité de règlements et des sanctions), de son institution, prise le 05 Novembre 2015 et ce courrier-réponse signé des mains de M. Guillaume Curtis, datant seulement du 03 mars, dans lequel il valide finalement la procédure d’attribution qu’il avait décriée, alors que la seule chose qui ait changé, c’est qu’une nouvelle commission a été mise en place ?
Et le tour est joué ! Sans que cette nouvelle commission ne daigne évaluer toutes les offres ouvertes à la première séance d’ouverture, comme cela lui avait été exigé dans la décision de l’ARMP.
Cette commission, a ainsi écarté sans autre forme de procès toutes les offres dites à problèmes, parce que présentées comme celles venues en retard, au-delà de la date et de l’heure limites de dépôt des offres, telles que mentionnées dans le DAO (Dossier d’Appel d’Offres).
Pour comprendre à quel point M. Guillaume Curtis et son institution, étonnent dans ce dossier, rappelons d’un mot quelques points de la décision prise le 05 Novembre par l’ARMP et comparons au contenu du courrier-réponse de M. Curtis à une sollicitation de l’avocat des Ets Kalilou Baro.
Tenez, au point 2 de la décision de l’ARMP, on peut lire : annule le rapport d’évaluation, établi sans la prise en compte de tous les plis ouverts au moment de la séance d’ouverture ;
Au point 4 : Enjoint sans délai à la directrice nationale des marchés publics, ainsi qu’à toutes les parties prenantes, de procéder à l’examen de toutes les offres dont les plis, ont été reçus et ouverts lors de la séance d’ouverture ;
Au point 5 : Dit que la directrice nationale des marchés publics, est chargée de mettre en place une nouvelle commission chargée d’évaluer toutes les offres et l’ARMP confirme le principe selon lequel tous les plis ouverts pour ce marché, doivent être évalués.
Certes oui, des sanctions ont été infligées à des cadres comme cela avait été demandé à l’ancien ministre de l’économie et des finances, une nouvelle commission a été instituée, mais au bout, celle-ci a-t-elle réexaminé et évalué toutes les offres dont les plis avaient été ouverts lors de la première séance d’ouverture ? NON, NON !
Alors, question : comment M. Curtis en est-il arrivé à dire qu’il ressort du rapport d’évaluation de cette nouvelle commission, que l’entreprise Kalilou Baro, a déposé ses offres en dehors du temps réglementaire établi dans le DAO, soit le 28 Août 2015 à 10h. Et pati et patata…qu’il s’est avéré que c’est après cette date et heure que les offres de cette entreprise, ont été déposées et enfin qu’une offre déposée en retard ne peut être déposée.
Et M. Curtis de conclure plus loin, en ces termes : « En considération de ce qui précède et prenant en compte l’efficacité économique de la commande publique et la protection de l’intérêt public, il y a lieu de confirmer conformément à la loi, la continuation de la procédure de passation desdits marchés, ainsi que le rejet des offres de l’Ets Kalilou Baro, pour retard ».
A la lumière de cette sentence du roi Curtis, deux enseignements s’imposent à nos esprits :
-Soit M. Curtis et son équipe, savaient que les offres de l’Ets Kalilou Baro et celles d’autres entreprises, étaient bel et bien venues en retard, mais avaient simplement fait de l’obstruction, par incompétence ou par mauvaise foi ;
-Soit quelque chose s’est passé entre temps, pour qu’il en vienne à renier tout ce que lui et son institution, avaient pris comme décision, au point de se couvrir d’opprobre.
Si le ridicule tuait… ?
Aboubakri