A l’assemblée générale ordinaire de l’UFDG, de ce samedi 05 mars 2016, le leader du parti, Cellou Dalein Diallo, a réservé une bonne partie de son discours à la description de la situation économique du pays. Parlant d’enrichissement illicite de proches du pouvoir et de « misère » du reste de la population, Cellou Dalein Diallo donne des chiffres qu’il jure être conformes à des ceux détenus par une mission conjointe du FMI et de la Banque Mondiale.
Nous vous proposons cette partie économique du discours de Cellou Dalein Diallo !
« Au cours de l’année 2015, ils ont fait un usage abusif de la planche à billet. Ils ont sorti 1860 milliards pour enrichir des gens et financer l’achat de conscience et la mascarade électorale qui a été organisée à l’occasion de ce qui a été appelé à tort, élection présidentielle d’octobre 2015. Et, je l’ai dit les réserves de change sont tombées à moins d’un mois d’importation alors que le seul bilan que monsieur Alpha Condé avait brandi c’est de dire qu’on a rétablis l’équilibre macroéconomique. Aujourd’hui, ces réserves sont tombées à moins d’un mois d’importation. Ces réserves avaient atteint sept mois d’importation lorsque Rio Tinto avait payé à la Guinée 700 millions de dollars. Cet argent est sorti pour financer les membres du clan, qui ont bénéficié de marchés de gré à gré, et dont les couts unitaires appliqués n’avaient absolument rien à voir avec la réalité économique. Je l’ai dit. Et aujourd’hui, la crise que le peuple de Guinée subis est la conséquence de cette mauvaise gestion des deniers publics.
Ils faut que les guinéens comprennent pourquoi on n’a pas baissé le prix du carburant, alors que le gouvernement s’est engagé, dans le cadre d’un accord passé avec les syndicats, d’appliquer le principe de flexibilité des prix, qui signifie quoi ? Si le prix monte, il va monter à la pompe, s’il descend sur les marchés internationaux, il va baisser. En 2015, le prix du pétrole a baissé fortement, si bien que l’Etat a prélevé indument prêts de 400 milliards de francs par rapport à la taxe initialement prévue. Par ce que, comme le prix à la pompe n’a pas baissé, le gouvernement a eu une plus-value par rapport à ce qui était prévu dans le budget. Une plus-value qui q atteint 400 milliards de francs. C’est indu, par ce que ce n’était pas dans la loi de finances.
Et, je vous ai expliqué içi, plus d’une fois, que on veut faire payer aux pauvres citoyens guinéens, en proie à une misère sans précédent, cette mauvaise gouvernance. On a non seulement augmenté la TVA, qui est passé de 18 à 20 pour cent, on avait décidé de l’appliquer à toutes les denrées de première nécessité. C’est-à-dire on demande à vous et mois, au pauvre consommateurs de payer ce qui a enrichi des personnes bien identifiées, et ce qui a financé la mascarade électorale qui nous a été imposée le 11 octobre. Il faut que les guinéens se mobilisent pour défendre leur droit. Le droit à une élection libre et transparente bien entendu, mais le droit aussi à la protection de notre pouvoir d’achat.
Le gouvernement invoque des engagements pris avec le fonds Monétaire, mais lorsque le Fonds est venu, a constaté que le déficit s’était creusé, au delà des engagements des plafonds qui avaient été fixés dans le cadre de l’accord qui lie le gouvernement guinéen aux institutions de Bretton Wood, le gouvernement s’est engagé à résorber le déficit qui a été créé dans circonstance que je viens de décrire. Et donc on augmenter les recettes, le gouvernement s’est engagé à rembourser chaque mois, 170 milliards à la Banque centrale. Parce que la dette, comme je vous l’avais dit, elle avait atteint, lorsque la mission du fond était là, 1870 milliards. Maintenant qui va payer, c’est vous, c’est les consommateurs. Il faut que la TVA augmente, faut pas qu’on baisse le prix du carburant, voilà ce qui est en train d’arriver à notre peuple, par la mauvaise gouvernance. Ils faut que les guinéens le sachent, c’est ça la réalité.
Personne ne peut contester les chiffres que je viens de vous dire. Aujourd’hui, sur les 8 mille francs que vous payez à la pompe pour acheter le litre de gazole ou de pétrole, il y a 4 mille de taxe, qui vont dans les caisses de l’Etat. L’Etat avait la possibilité de soulager la population, en réduisant le prix du carburant, mais nous sommes en train de payer la facture, comme je l’ai dit, de la mauvaise gouvernance.
Au niveau des libertés, je vais vous inviter à rester mobilisés. Si c’est nécessaire, nous allons faire usage de notre droit, d’organiser des manifestations sur les places publiques et dans les rues pour exiger le respect des lois de la République, le respect des engagements pris notamment dans les accords politiques pour exiger que les populations guinéennes ne continuent pas de payer l’enrichissement illicite des membres du clan présidentiel. »
Propos recueillis et décryptés par Thierno Amadou CAMARA