Les sept membres de l’équipe d’intervention B-FAST sont revenus mardi après-midi de Guinée, l’un des pays les plus touchés par Ebola. Un médecin, un infirmier et des laborantins sont restés deux mois dans leur laboratoire à N’Zerekoré. Ils y ont analysé des centaines d’échantillons de sang pour détecter la présence éventuelle du virus.
« C’est un bilan très positif, dans la mesure où le laboratoire B-FAST/B-LIFE, en diagnostiquant les malades d’Ebola avec une rapidité que tout le monde a reconnu, a d’abord permis de ramener vers l’hôpital tous ceux qui étaient positifs, explique le docteur Leonid Irenge, chef de la mission. Ils évitaient donc de contaminer d’autres personnes à domicile. C’était donc un rôle central et tous les partenaires internationaux, que ce soit l’OMS ou les CDC, l’ont reconnu. »
Il y a bien sûr eu des moments difficiles pour l’équipe, « surtout la perte d’un enfant« , explique-t-il. « Il faut savoir que c’est une maladie d’une virulence jamais vue. Mais je dirais que le moment le plus fort a été notre départ, lorsque les collègues guinéens sont venus nous remercier. Ils ont eu des mots forts : ‘Vous avez laissé vos familles en Belgique. Ici, il y avait des ONG qui ont fui quand l’épidémie a commencé, mais, vous, vous avez pris tous les risques pour venir combattre le virus avec nous, et nous vous disons merci.’ C’est une fraternité à jamais. »
« Une belle leçon de vie«
« Il est très difficile de mettre des mots sur ce que nous avons vécu, car c’était une aventure honnêtement extraordinaire et inoubliable, confie pour sa part Nora Toufik, qui travaillait en Guinée comme laborantine. Nous avons rencontré des gens avec une histoire et, malgré cette histoire – car le fléau est bien là -, ils étaient toujours chaleureux, toujours souriants. Vraiment une belle leçon de vie. »
Le contact ne s’est toutefois pas trop noué avec les patients, car l’équipe devait suivre un règlement très strict pour sa propre sécurité. Pour parler avec les malades, il y avait en effet notamment une distance de sécurité de 3 mètres à respecter.
« Mais il est vrai qu’avec les patients guéris, par exemple, j’ai l’histoire de cette Lucette qui a en fait été chassée de sa famille, ce qui était donc symptomatique. Elle a fugué et, pendant trois jours, a porté le cadavre de sa fille. Elle a survécu, je l’appelais la survivante. C’était la première histoire que j’ai pu écouter, qui m’a bouleversée, mais qui me permettait justement de me dire que c’était pour ça que j’étais là. »
Travailler sans protection
Même si elle est guérie, cette femme ne peut pas retourner chez elle, car son village ne l’accepte plus. « Elle a été engagée en tant que nourrice, raconte toutefois Stéphane Van Cauwenberghe, expert laborantin. Vu qu’elle a survécu au virus, elle est maintenant immunisée et peut donc travailler sans protection, ce qui lui permet de rester plus longtemps au chevet d’enfants à la crèche par exemple. »
Pour l’équipe B-FAST, la mission est terminée, mais une autre équipe a repris le flambeau. Elle est composée de membres du Centre de Technologies Moléculaires Appliquées (CTMA), de la Protection civile et de la Défense.
T.M. avec Marie Berckvens et Patrice Hardy