« Quand vous faites du mal à quelqu’un, il peut pardonner, mais ne peut jamais oublier » nous enseigne un vieux sage
Durant sa longue lutte politique, le leader du RPG, le professeur Alpha Condé n’a cessé de s’inspirer de ce principe comme un leader déjà avisé sur le fait que ses partisans les plus irréductibles et ses adversaires les plus résolus seraient issus de la même communauté et ne se feraient aucun cadeau.
La vérité est cruelle, sans doute, mais nul n’a le droit de lui tordre le cou ou de falsifier l’histoire,
En voici une : Pourtant ceux qui ont le plus combattu le RPG, ce sont des cadres malinkés, mais Alpha Condé ne les a jamais combattu, au contraire…
Il est des vérités historiques crues, qui lorsqu’elles sont exhumées pour être portées à l’esprit des nouvelles générations, sont une sorte de couteau retourné dans la caque qui sent toujours le hareng saur.
Oui, c’est le cas d’une des plus vraies, qui a été assenée le 28 mai dernier, au siège du RPG-Arc-en-ciel, par le champion du RPG, devenu plus tard, RPG-Arc-en-ciel, mais a qui a été ressentie par ceux qu’ils touchent, comme une humiliation, un affront, oubliant les avanies qu’ils ont eux-mêmes infligées à les leurs.
Que cela soit dit avec une netteté de laser, à aucun moment, le président Alpha Condé, n’a adressé cette vérité historique à tous les cadres malinkés, encore moins à toute l’ethnie malinké.
Comme il l’a rappelé, dimanche dernier, quand il fut obligé de revenir au même siège du parti, il faut être fou ou imbécile pour traiter tous les malinkés de malhonnêtes, il en va aussi de cette vérité historique, qui ne vise nullement tous les cadres malinkés, mais plutôt des cadres.
En rappelant l’histoire douloureuse du RPG, puisque les festivités commémoratives de l’an 25 de son retour d’exil, lui en offraient l’occasion, le président Alpha Condé, a donc à juste raison, lever un coin de voile sur ce pan fait d’horreurs et de monstruosités perpétrées par des cadres malinkés, contre les leurs, sous Lansana Conté.
A partir de là, il est aisé de savoir, puisque le rappel de cette vérité, les incommode, que la controverse futile, qui s’est emparée de la Guinée, suite aux propos mal compris du président Alpha Condé, que cette controverse a été orchestrée et entretenue par certains de ceux-là.
Oui, l’histoire est parfois douloureuse, mais toute histoire s’assume. Ce qui ne veut point dire régler des comptes.
En assenant : « Ceux qui m’ont le plus combattu, ce sont des cadres malinkés, qui partaient voir Conté pour être nommés, pour combattre le RPG… », Alpha Condé, n’a-t-il pas fait que de rappeler une de ces vérités historiques, difficiles à entendre de nos jours, mais qui restent intemporelles ?
L’histoire est parfois douloureuse, mais toute histoire s’assume.
Et nul n’est fondé à empêcher que celle du RPG souvent dramatique et partant de ce 17 mai 1991 (le début du déclenchement sur le terrain de la longue lutte pour le changement) à décembre 2010 (le point d’aboutissement du combat avec l’élection du professeur Alpha Condé à la magistrature suprême) soit racontée, surtout par son fondateur.
Et les faits sont si récents que personne n’a encore oublié le rôle nocif que se sont confiés certains hauts cadres et opérateurs économiques ressortissants de la Haute Guinée contre le parti et ses militants qui étaient pourtant leurs propres parents.
Ils se sont mis au service du régime en s’alliant au système de l’époque, combattant farouchement les populations et militants favorables au RPG rien que pour leurs intérêts égoïstes personnels.
C’est le cas des premiers Maires des Communes urbaines de la Guinée Forestière et de la Haute Guinée élus en 1991 sous le slogan du changement avec l’appui déterminant du RPG clandestin non reconnu à l’époque.
A la notable exception de feu Souré Mara, Maire de Kissidougou, demeuré RPG, et de Bakary Goyo Zoumanigui, Maire de Maceta et qui fonda L’UFR, tous ces Maires ont trahi l’élan de Changement, incarné par le leader du RPG, Alpha Condé et exprimé par les électeurs qui avaient voté pour eux, en se rendant à Mamou pour le congrès constitutif du PUP en 1992.
Kader Sangaré, porté triomphalement à la Mairie de Kankan par un fort mouvement populaire, lui a préféré troqué sa légitimité contre un décret l’assouvissant à un système contre lequel Kankan s’était mobilisé pour sa cause.
C’est le cas d’Alassane Condé (ministre de l’intérieur à l’époque) qui a brutalement réprimé le tout premier meeting du 19 mai 1991 d’Alpha Condé pour la démocratie faisant de nombreux blessés.
C’est le cas de Mamady Diawara, qui a fait prospérer ses affaires dans la répression contre les populations de Siguiri massivement militants du RPG. Il a adhéré au PUP et est devenu trésorier de ce parti en brimant ses propres parents de Siguiri, que par opportunisme.
Chargé des finances de la campagne présidentielle du Général Lansana Conté en 1993, il a été l’un des instigateurs et défenseurs virulents de l’annulation du vote de Siguiri exprimé à plus de 90 % en faveur du RPG.
En contrepartie, il a encaissé des centaines de millions de francs Guinéens, s’est fait construire des maisons, développer son entreprise (Yaourt de Guinée). Qui à Siguiri ou ailleurs en Haute Guinée a profité à l’époque d’un centime de cet argent recueilli dans le sang des populations martyrisées?
C’est aussi le cas de Dr Ousmane Kaba qui a négocié un portefeuille ministériel (économie, finances et plan) dans le gouvernement du président Lansana Conté en 1996 après s’être engagé à anéantir le RPG à Kankan et en Haute Guinée.
Il est même allé à Kankan pour tenter de débaucher des militants et cadres acquis à la cause du RPG. Mais, la trahison rattrapant toujours son auteur, Ousmane Kaba, incapable de tenir son engagement de déstabilisation du RPG, a été renvoyé comme un mal propre dès 1997.
Mais, entre temps, il s’est fait beaucoup d’argent en tant que ministre des finances et il a développé son établissement de Kofi Annan. Qui à Kankan ou en Haute Guinée a pu tirer un quelconque bénéfice dans ses avantages et enrichissements que s’était négociés Ousmane Kaba sur le dos des populations ?
C’est aussi le cas de Sékou Koureissy Condé, promu ministre de la sécurité en 1997 et chargé de pallier à l’échec de Dr Ousmane Kaba limogé.
Sékou Koureissy Condé aussi s’illustra dans la démagogie et la répression des populations de la Haute Guinée pour se faire valoir.
Beaucoup d’autres exemples existent: Boureima Conde, Filan Traore, Soriba Kaba, Moussa Condé « Tata vieux « , Mamady Condé, ambassadeur, François Fall, Talès Condé, etc. pour ne citer que quelques-uns de ceux qui ont bénéficié des décrets et des faveurs depuis 2011 et qui s’étaient faits remarquer dans l’opposition farouche au RPG à cause des strapontins ministériels et directionnels sous l’ancien régime.
Il faut également ajouter Lansana Kouyaté qui a accepté toutes les humiliations rien que pour rester premier ministre de Lansana Conté.
Aujourd’hui, force est de reconnaître qu’il faut expliquer aux populations que malgré tous ces « crimes » commis par ces cadres ressortissants de la Haute Guinée contre le RPG et ses militants, ils bénéficient tous du sens de pardon, de rassemblement et de promotion du président Alpha Condé.
J’estime qu’il serait utile de faire envoyer en Haute Guinée, une mission composée de certains sages et cadres restés fidèles au parti durant toutes les années de combat pour expliquer ce passé négatif de ces cadres agités aujourd’hui et dire aux populations quelles ne sont nullement concernées ou incriminées par vos propos qui ne font que mettre en exergue les comportements de nombreux cadres ressortissants de la Haute Guinée contre le combat qu’elles ont mené à l’époque.
Que vous n’avez rien fait d’autre que rappeler, sans rancœur ni haine ni esprit de vengeance, le passé douloureux dont le RPG et ses militants ont été victimes de la part de ces cadres qui se sentent morveux par vos propos.
En revanche, et au contraire, tous ces cadres sont promus aujourd’hui ou l’ont été à d’importantes fonctions administratives ou politiques et ont accès à vous. Mais, ils ne peuvent pas empêcher que l’historique du parti soit raconté telle qu’elle a été vécue.
Conformément à votre philosophie politique : « On pardonne, mais on n’oublie pas « .
Je pense que cette tournée s’impose.
D’autant que personne parmi eux, n’a posé le moindre acte d’utilité publique en Haute Guinée. Personnel, oui, mais nul n’a initié encore moins réalisé une œuvre pour une préfecture de la Haute Guinée.
A partir de là, il est facile de démontrer qu’ils sont mal placés pour parler ou prétendre défendre la Haute Guinée.
Dramane Kaba, Observateur de la scène politique guinéenne