Le député uninominal de la ville Gaoual Ousmane Diallo est au centre d’une procédure judiciaire pour offense au Chef de l’Etat, menace de mort, etc. Dans un entretien exclusif, le ministre porte-parole du gouvernement Damantang Camara revient sur les critiques qui commencent à fuser sur la manière dont cette procédure est conduite.
L’UFDG dénonce une Justice partiale concernant l’interpellation du député Ousmane Gaoual Diallo.
Damantang Camara : Je ne sais ce qu’ils entendent par partialité. Si c’est le cas, que ce soit démontré, preuves à l’appui. Ils évoquent un chapelet de faits sensés démontrer que la Justice ne fait pas son travail. Nous laissons à la Justice le soin de répondre à ces accusations. Dans tous les cas je ne me souviens pas que les faits qu’ils évoquent dans leur déclaration aient fait l’objet de plainte formelle et que la Justice ait refusé de s’en saisir. Je ne pense pas non plus que ces mêmes faits justifient en eux-mêmes une auto-saisine par le Procureur.
Ne craignez-vous pas que cette interpellation crispe davantage la situation politique en Guinée ?
D’abord je ne peux pas vous dire quelle sera la suite judiciaire à cette affaire. Seule la Justice le dira. Ceci dit, qu’est-ce qui crispe réellement la situation politique en Guinée ? le fait que la Justice fasse son travail ou la surenchère de l’opposition ?
D’une part vous avez toutes ces conditionnalités que l’opposition exige pour l’ouverture du dialogue, ses revendications qui partent dans tous les sens – politique, social, économique-, ses déclarations incendiaires et ses menaces et d’autre part vous avez une Justice, qui se saisit de propos qui traitent le Président de la République de « criminel ambulant » et « d’ordonnateur d’assassinats ». Il n’y a pas débat. Si on y ajoute la mise en danger de la vie d’autres citoyens par des appels à la vengeance privée et au meurtre, cette question devient saugrenue. L’opposition fait tout pour rendre le dialogue impossible.
Pourtant le Gouvernement est accusé d’avoir reçu une correspondance depuis le 25 juillet dernier et de ne pas y avoir répondu. Est-ce que cela ne démontre pas votre manque de volonté de dialoguer ?
C’est encore un argument fallacieux. Après avoir reçu cette correspondance, le Ministre de l’Administration du territoire a invité l’opposition à son département pour avoir des échanges. Le même Ministre a ensuite reçu la mouvance et la société civile. Tout ceci pour recueillir les avis et préparer un dialogue serein. Pourquoi l’opposition ne le dit pas ?
Je le répète, l’opposition met tout en œuvre pour justifier une marche et ses conséquences violentes. Tout est fait pour envenimer le débat.
Je rappelle que ce député a tenu ces propos au cours d’une Assemblée générale de l’UFDG, parti du Chef de file de l’opposition. Il est lui-même membre du Bureau Politique National de ce parti. A date, l’opposition n’a pas condamné ces propos, alors que tout le monde sans exception les considère comme extrêmement graves. Est-ce qu’il est admissible, sous prétexte de ne pas « crisper » la situation que l’on accepte tous les dérapages possibles ? L’opposition elle-même ne devrait pas accepter cela. Et la surenchère continue de plus belle depuis avant-hier :
Voici au moins la troisième fois que l’opposition (avec à sa tête l’UFDG) annonce que des assassinats ciblés se préparent. Souvenez-vous qu’en 2014, l’UFDG, sur son site officiel accusait le RPG et le Président d’avoir lancé une « opération d’élimination physique des patriotes et résistants guinéens, notamment de l’UFDG ». Cette fois l’opposition parle « d’escadrons de la mort ».
Il faut qu’ils arrêtent cette surenchère macabre.
Par deux fois également, des leaders de cette même opposition ont déclaré être individuellement visés par des projets d’assassinats auxquels ils avaient échappé. Ils avaient même annoncé publiquement qu’ils détenaient des preuves irréfutables et accablantes de ces tentatives d’assassinats.
Jusqu’à présent nous n’avons rien vu. Rendez-vous compte de la gravité de cette situation ! On parle d’assassinat, de carnage, de génocide, d’escadron de la mort, de cibles comme si c’était un jeu !
Si ces projets d’assassinats existent réellement, ces leaders se rendent coupables de rétention d’informations et d’obstruction au travail de la Justice tout en menaçant la sécurité publique et en mettant en danger la vie de tous ceux qui sont visés par ces projets d’assassinats. Si c’est faux, alors il faut qu’ils nous expliquent quel est l’objectif recherché par ces déclarations : décourager les investisseurs ? se victimiser ? justifier à priori des violences ou des représailles ?
Normalement, au stade où nous sommes, l’opposition aurait dû saisir les instances judiciaires pour leur donner toutes les informations leur permettant de prévenir ces assassinats ciblés et neutraliser ces escadrons de la mort. Je n’ose pas imaginer qu’en tant que républicains, ils ne soient pas déjà sur cette démarche.
Avec cette attitude, dites-moi qui a la volonté de « crisper » la situation politique ?
Pourtant il faudra bien une porte de sortie et cela relève de la responsabilité du gouvernement
Cela relève de la responsabilité de tous les acteurs politique même s’il appartient au gouvernement de mettre en œuvre les aspects qui relèvent de sa compétence et, notamment de celle du Ministère de l’administration du territoire pour ce qui concerne sa partition à jouer dans le processus électoral.
Avec un peu de bonne foi et de bonne volonté, nous pouvons dépasser cette étape de tension et revenir à l’essentiel.
Je peux vous assurer que nous sommes preneurs de toute initiative respectueuse de nos lois pour instaurer un apaisement politique et aboutir à des élections communales sereines. Mais pour se mettre d’accord il faut être deux à le vouloir.
in guineenews.org