La boulimie de l’élite politique La boulimie des « grands partis politiques » se révèle de jour en jour au fur et à mesure que les échéances des élections communales et locales approchent. Jean Rostand a dit : « En politique, on ne flétrit le mensonge d’hier que pour flatter le mensonge d’aujourd’hui. » La lecture de l’actualité politique en Guinée ne dément pas ses propos. En plus de s’être partagé la totalité des délégations spéciales, les principales formations politiques insatiables risquent encore de s’octroyer tous les pouvoirs des quartiers, districts et communes au grand dam des « petits partis » qui constituent en terme de nombre de partis politiques, l’essentiel des troupes qui constituent les alliances politiques formées autour des principaux partis. C’est vraiment désolant. Impossible de satisfaire leurs appétits. Ils ont beau parler de leur amour pour la patrie, de leur volonté de rupture, … dès qu’une compétition qui ouvre à des privilèges s’annonce à l’horizon, ils semblent perdre la raison. Les grands partis prennent les autres membres de leurs différentes alliances politiques pour des ignorants alors que ceux qu’ils traitent de petits partis sont en avance sur eux sur le plan de la maîtrise de la sociologie guinéenne. En réalité, la différence entre les leaders séniors et les juniors est que les premier ont le lucre, généralement amassé à l’occasion de leur gestion de la chose publique. Il suffira que CENI demande aux acteurs de désigner leurs représentants dans les démembrements, pour que les préoccupations liées à l’unité d’action des alliances politiques sont reléguées au second plan au profit d’un partage du gâteau à toutes les étapes intermédiaires conduisant au Conseil communal ou au Conseil de quartier ou de district. A chaque étape, ils tiennent de fausses promesses du genre « vous serez les prioritaires pour le choix de nos représentants à la prochaine étape » alors qu’ils ne courent que pour satisfaire leur quête de strapontin. Si la fonction de représentant à ces niveaux ne donnait lieu, en termes d’avantages, qu’à de sobres indemnités, avec obligation d’être présent au travail avec des résultats, c’est sûr et certain que les querelles de positionnement sur les listes n’auraient pas lieu. Ceux qui ont été incapables d’affecter des places à leurs compagnons de lutte dans les démembrements de la CENI offriront quel spectacle quand il s’agira de candidatures aux prochains scrutins ? En tous les cas, après avoir démasqué les calculs cyniques des « grands partis », les « petits partis » membres des alliances politiques (de la mouvance et de l’opposition) ont intérêt à l’image des petits actionnaires des grandes multinationales, de mettre en synergie leurs efforts s’ils veulent être une alternative politique crédible pour échapper aux appétits des séniors car, plus ils mangent, plus ils ont faim. Le changement ambitionné doit commencer par la rupture avec ces anciennes pratiques si nous ne voulons pas être d’éternels agitateurs politiques. Les « grands partis » ressemblent à une supercherie qui ne dit pas son nom, un grand complot sur le dos de la démocratie plurielle ; ils ne veulent que le pouvoir, même au prix d’une comptabilité macabre, fruit du mensonge permanent au peuple. Les « grands partis » essaient, au mieux, de tirer la couverture de leur côté en se positionnant à tous les niveaux et à chaque opportunité pour se fortifier politiquement, socialement, administrativement et financièrement. Leurs amis d’aujourd’hui sont toujours leurs ennemis politiques de demain. Les leaders des « grands partis » ont tendance à faire de la politique un métier dont le peuple subit sans cesse les conséquences. Il est temps que cela change car, si l’exemple de l’aîné est déterminant pour le succès de la famille, le chemin tracé par quelques aînés politiques ne fait pas la promotion de la compétence, la droiture et l’efficacité à la place de la médiocrité, du copinage et des récompenses politiques qui ne reposent sur rien de républicain. Si les jeunes voient que, se battre honnêtement ne mène à rien, s’ils voient que seuls les hommes politiques prospèrent, quelle que soit la bassesse de leur niveau d’intégrité, il peut arriver que beaucoup d’entre eux désertent l’école et les amphis en faveur de la politique politicienne menée dans les partis, sans exception. Et cela risque de les égarer et la société guinéenne avec. La Guinée a besoin d’expertises valables pour se développer au lieu de faire de la politique comme seul moyen d’ascension sociale, administrative et économique. Pour y parvenir, les jeunes leaders politiques doivent répondre énergiquement et efficacement par des actes visant à lutter contre les querelles de positionnement dans les listes électorales qui illustrent la carence d’une partie importante de notre élite politique qui n’espère pouvoir rebondir (opposition comme pouvoir) qu’une fois au sein de l’hémicycle. Vivement l’unité d’action des partis animés par les jeunes cadres pour que vive la Guinée. Que Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens. Amen ! Conakry, le 9 août 2016 Honorable Cheick Tidiane TRAORE Président du MPR
|