L’opposition a non seulement suspendu ses activités au sein de l’assemblée nationale mais elle menace d’empêcher la tenue de la session parlementaire en Avril. Pourquoi ?
Fodé Oussou Fofana : nous avons annoncé certaines mesures, il faut le rappeler : premièrement, nous ne reconnaissons pas la Ceni. La raison est très simple : la configuration politique actuelle de Ceni a changé. Vous savez quand on n’a fait les élections législatives, la classe politique s’est recomposée. Certains partis politiques de l’opposition sont venus dans la mouvance. La Géci était dans l’opposition, aujourd’hui son représentant ne parle plus à notre nom. L’Ufr a écrit clairement pour dire que monsieur Telly Touré ne le représente plus. Logiquement, il n’ y a pas de parité à la Ceni. Deuxièmement, la Céni n’a pas pour rôle d’inverser les élections. L’élection communale, le mandat est connu. C’est un mandat de cinq ans renouvelables. Donc, la Céni en faisant un chronogramme doit tenir compte de la loi. Elle doit rester dans le délai prévu par la loi. La Ceni ne doit pas décider que les communales auront lieu en 2016, ce n’est pas son rôle. Elle n’a convaincu personne pour dire qu’on peut laisser des élus locaux périmés pour aller organiser des élections présidentielles. Ce n’est pas possible. Le mandat de monsieur Alpha Condé est en cours mais le mandat des délégations spéciales est expiré depuis cinq ans. Alors, une Ceni qui agit sur ordre du président de la République, pour nous, ce n’est pas une Céni et nous ne la reconnaissons pas. Quand je dis nous allons suspendre notre participation à l’assemblée, ça ne veut pas dire qu’on va croiser les bras et laisser le RPG-ARC-EN-CIEL faire ce qu’il veut. Nous allons empêcher la tenue de la session parlementaire. Venez le 07 avril, c’est l’ouverture de la Session, vous serez témoin de ce qu’on fera. Troisièmement, nous allons immédiatement installer nos maires et nos chefs de quartier. Nous avons sur le territoire national une vingtaine de députés uninominaux que nous allons installer comme maire et nous allons les accompagner. Dans les quartiers, nous allons installer nos chefs de quartier. On va demander à la population, ceux qui sont de l’opposition vont aller voir le maire de l’opposition et ceux qui sont de la mouvance iront voir le maire de la mouvance. La quatrième chose que nous allons faire, c’est que allons commencer les manifestions sur toutes l’étendue du territoire national et tous les jours. Nous allons rendre le pays ingouvernable. Parce que avec ce gouvernement, on ne peut rien obtenir. Parce qu’on s’est rendu compte qu’ils ne respectent même pas leurs engagements. Aujourd’hui, ils sont entrain de nier la signature de leurs facilitateurs. Ils désignent officiellement Aboubacar Somparé et Sylla, ils disent qu’ils ne les engagent pas, ils disent que les nations unies aussi ne les engagent pas. Ils mettent en cause leurs paroles. On ne peut pas avoir confiance à un gouvernement comme ça. Voila les mesures que l’opposition républicaine mettra en application dès le retour de certains leaders (ndlr : Sidya Touré, Cellou Dalein Diallo et Lansana kouyaté).
La mouvance estime qu’il faut organiser les présidentielles avant les communales et communautaires pour éviter une vacance de pouvoir institutionnelle. Que pensez vous de cet argument ?
Ils ne diront pas pourquoi ils ne veulent pas. Vous savez on n’a organisé les élections législatives. Monsieur Alpha Condé qui s’attendait à 90 députés n’a eu que 50. Le Rpg et ses alliés n’ont que 59 députés. C’est la peur bleue de monsieur Alpha Condé. Il a peur d’organiser les élections communales. Parce qu’il sait avec la misère, la précarité, il va être sanctionné. Il sait qu’avec ces élections, il n’aura plus d’arme. Au fait, il veut une arme. L’arme qui lui reste c’est la fraude. Il veut faire cette mascarade électorale avec les élus à la base : chefs de quartier, maires et certains Imams. Donc, s’il organise ces élections et qu’il perd toutes les communes de Conakry, toutes les communes de la Basse Côte et du Fouta. Et qu’il perd une partie des communes de la forêt, alors il ne comptera sur rien. Dans cette condition, il ne pourra même pas arriver au second tour de la présidentielle. La Ceni a dépensé trois millions de dollars américains, elle a recruté un allié malien qui est venu étudier le fichier, elle a fait des corrections et procéder au découpage électoral. Les commissaires de la Ceni ont dépensé plus de trois milliards de francs guinéens pour l’organisation des communales. Il ne reste que soixante dix neuf milliards de francs guinéens sur le budget pour boucler. La logique voudrait que la Ceni pusse organiser les communales dans les deux mois qui suivent.
L’opposition a participé aux élections législatives avec ces élus locaux dont vous parliez. Pour quoi vous êtes plus confiant ?
S’ils n’avaient pas joué en faveur de monsieur Alpha Condé, pensez-vous que le parti UFDG aurait eu 37 députés ? Non ! il n’aurait pu avoir seul plus de 50 députés, si ces gens là n’avaient pas délivrer des cartes d’électeur pour permettre aux enfants de moins de quatorze ans d’aller voter. Ces gens là jouent un rôle important dans le processus électoral. Pourquoi on veut se faire le souci pour un président légitime dont le mandat n’est pas arrivé à expiration ? le seul et unique argument qui empêche Monsieur Alpha Condé d’organiser les élections communales, c’est qu’il a peur des résultats qui y sortiront. Il sait pertinemment que son bilan est nul. Cependant, si on ne se met à la table pour organiser les élections communales, on mettra en application toutes les mesures annoncées.
Le dialogue, voulez-vous dire ?
Je pense que ce n’est même pas la peine que l’opposition se mette autour de la table pour discuter avec un gouvernement qui ne respecte pas ses engagements. Aujourd’hui, on n’a compris par leurs attitudes que quand on discute avec eux, ils sont capables de tout nier. Le problème de la guinée, c’est monsieur Alpha Condé. Le seul dialogue qui est valable c’est le dialogue direct avec monsieur Alpha Condé. Ça veut dire que même si tu signes avec Banki-Moon des nations unies, le gouvernement est capable de dire que quelqu’un a inventé cette signature. Si ce n’est pas avec monsieur Alpha Condé on ne discutera pas. Nous voulons dialoguer avec celui qui a le dernier mot. On ne veut dialoguer avec aucun de ses ministres.
La refonte de la Ceni en cette année électorale ?
Il n’ y a rien n’à faire, ça ne joue sur aucun calendrier. Quand les commissaires sont capables d’inverser le rôle de la Céni sans donner aucun argument. Ce sont des commissaires qui sont à la solde du pouvoir. Aujourd’hui, tous les commissaires qui ont été envoyés à la Céni par l’opposition ont été achetés. Ils parlent au nom de la mouvance. Cette Céni n’est plus paritaire.
Vous avez récemment annoncé une conférence de presse qui a été annulée par la suite. Pourquoi ?
Evidemment certains leaders n’étaient pas là. On n’avait non seulement voulu harmoniser nos positions mais il nous a été rapporté que monsieur Alpha Condé organisait une conférence de presse. Donc, il reste entendu que nous n’avons pas fait cette conférence mais l’opposition républicaine s’est retrouvée. Et à la sortie, nous avons annoncé des mesures.
La Rédaction